Santé / Culture

La drogue qui a tué Prince risque de sévir encore longtemps

Les dérivés du fentanyl, l’opiacé responsable de la mort de l’icône de la pop, courent les rues américaines. Et la police semble incapable de les contenir.

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Le fentanyl, un antidouleur cinquante fois plus fort que l'héroïne | Dimitris Kalogeropoylos via Flickr CC License by

Temps de lecture: 2 minutes - Repéré sur The Daily Beast

Ce 7 juin 2016, les membres du comité judiciaire du sénat des États-Unis tiennent une audience intitulée «Drogues synthétiques mortelles. La nécessité de rester en avance sur les revendeurs de poisons». L’un d’eux intéresse tout particulièrement les enquêteurs: le fentanyl, ce dérivé de l’opium à l’origine de l’overdose mortelle de Prince, le 21 avril 2016.

Alors, où et comment le chanteur s’en est-il procuré? Peut-être que cette dose d’opiacé lui a été prescrite par un médecin dans le but de soulager d’intenses douleurs. Dans ce cas, il ferait partie des rares à s’être procuré ce médicament par la voie légale. Car les consommateurs de fentanyl ont plutôt tendance à se tourner du côté de la rue: une multitude de dérivés non pharmaceutiques et illégaux abondent clandestinement en provenance du Mexique et de la Chine et sont à l’origine de la quasi-totalité des overdoses.

Utilisé comme analgésique chirurgical à la fin des années 1960, puis prescrit contre les douleurs chroniques en cas de grave cancer, cet antidouleur cent fois plus puissant que la morphine et cinquante fois plus que l’héroïne circule depuis une quinzaine d’années sous le manteau, et cela sous des formes analogues, rapporte The Daily Beast.

Les trafiquants profitent d’une brèche législative pour inonder les trottoirs américains et échapper à une justice impuissante, qui ne s’attaque qu’à la règlementation du médicament délivré en pharmacie. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, un certain nombre de dérivés synthétiques sont tolérés tant qu’ils ne sont pas destinés à la consommation. Ils font partie du programme «Research Chemicals».

Il s’agit d’«un joli nouveau recyclage du médicament qui est conçu comme un médicament de recherche et non pour une utilisation chez l’homme», explique la toxicologue Kristina Domanski. Grâce à cette faille, s’organise une production illégale venant satisfaire la demande. Le fentanyl est ainsi consommé en substitut à l’héroïne ou alors mélangé avec de la cocaïne. Ces opiacés synthétiques ultra dangereux peuvent être commandés en gros via internet.

De la faille législative à l’épidémie

Les autorités font aujourd’hui face à une véritable «épidémie»affirme dans le New York Times Maura Healey, procureure générale du Massachusetts. En mai 2016, le sénateur Pat Toomey de Pennsylvanie –troisième État en matière de saisies de fentanyl– a exhorté le secrétaire d’État, John Kerry, à faire pression sur la Chine pour qu’elle «cesse immédiatement l’exportation», alors que des efforts commencent également à être consentis au Mexique.

Par exemple, en 2013, 92 morts non intentionnelles par overdose en lien avec la prise de fentanyl ont été recensées dans l’Ohio; en 2014, des rapports faisaient état de 514 décès du même type, soit une augmentation de 500%. Aujourd’hui, les autorités sanitaires, qui s’alarment des récentes séries d’overdoses, recensent plus de trente substances analogues du fentanyl seul et un certain nombre d’opioïdes synthétiques similaires moins connus.

«Certaines de ces substances sont si puissantes que les États-Unis ont songé à les militariser, raconte The Daily Beast. En 2002, les forces de sécurité russes s’en sont carrément servies dans un gaz censé lutter contre des terroristes tchétchènes qui avaient pris un théâtre bondé à Moscou. Au moins 115 otages sont morts dans cette tentative de “sauvetage”.» Un autre de ses dérivés, le W-18, serait, quant à lui, mille fois plus fort que la morphine, selon des tests effectués sur des souris, et sévirait actuellement à Philadelphie.

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