Santé / Égalités

«J’aimerais savoir pourquoi je ne suis pas entouré de belles gonzesses»

Cette semaine, Lucile conseille Yassine, qui veut trouver une fille qui peut l’aimer mais qui aborde la gent féminine dans la rue.

<a href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Waterhouse_Hylas_and_the_Nymphs_Manchester_Art_Gallery_1896.15.jpg#/media/File:Waterhouse_Hylas_and_the_Nymphs_Manchester_Art_Gallery_1896.15.jpg">Détail de l’huile sur toile «Hylas et les Nymphes» (1896), de John William Waterhouse, exposée à la Manchester Art Gallery</a> | via Wikimedia Commons (domaine public)
Détail de l’huile sur toile «Hylas et les Nymphes» (1896), de John William Waterhouse, exposée à la Manchester Art Gallery | via Wikimedia Commons (domaine public)

Temps de lecture: 3 minutes

«C’est compliqué» est une sorte de courrier du cœur moderne dans lequel vous racontez vos histoires –dans toute leur complexité– et où une chroniqueuse vous répond. Cette chroniqueuse, c’est Lucile Bellan. Elle est journaliste: ni psy, ni médecin, ni gourou. Elle avait simplement envie de parler de vos problèmes.

Si vous voulez lui envoyer vos histoires, vous pouvez écrire à cette adresse: [email protected].

Pour retrouver les chroniques précédentes, c’est ici.

Je m’appelle Yassine et je vous écris parce que je suis saturé moralement. Je suis un jeune homme marocain âgé de 24 ans. Je travaille dans une entreprise, je gagne ma vie et j’essaye de m’amuser. Le problème, c’est que je suis frustré sexuellement, frustré parce que je n’ai jamais eu de rapport sexuel avec une femme. Alors que la plupart de mes amis ont eu des relations superbes avec des femmes, chose qui me rend encore fou de rage et de frustration infinie. 

Je tente d’aborder les filles dans la rue, mais ça ne marche pas. Et ça me déçoit à chaque fois que ma tentation s’enfuit. Je ne suis plus sûr de moi et je n’ai plus de confiance en mon physique. À côté de ça, je suis pourtant très ouvert, un homme passionné de musique, de lecture et qui cherche à être toujours sociable.

J’ai déjà été dans une relation avec une fille il y a très longtemps, à peu près cinq ans, et on s’était limité juste aux baisers, et aux préliminaires.

Je voudrais juste trouver une fille qui peut m’aimer et lui rendre son amour aussi. Ce problème me bloque beaucoup dans ma vie professionnelle, je ne cesse pas d’y penser. Je vous prie de m’aider, et je vous en serais très reconnaissant. J’aimerais bien savoir comment ça marche pour les filles et pourquoi je ne suis pas entouré de belles gonzesses comme tout le monde.

Yassine

Cher Yassine,

Il y a plusieurs choses qui m’ont interpelée à la lecture de votre courrier. Et j’avoue que la plus «grave» est que, pour trouver une partenaire sexuelle, vous abordiez des femmes dans la rue selon votre attirance pour elles. Je ne minimise pas votre frustration et la pression sociale qui pèsent de plus en plus sur vos épaules. Mais, en tant que femme, j’ai forcément une pensée pour celles qui chaque jour (et j’en fais partie) se font harceler dans la rue.

Je veux bien croire qu’il soit possible de rencontrer un partenaire dans la rue, dans un contexte très spécifique et dans un cas d’attirance mutuelle. Mais admettez aussi que la probabilité que vous rencontriez une femme à une heure où elle est disponible et prompte à vous écouter (si elle est dans la rue, il est fort probable qu’elle se rende d’un point A à un point B et ait donc d’autres choses en tête), que vous lui plaisiez, qu’elle soit célibataire et disposée à prendre le risque de partager un moment avec un parfait inconnu est relativement faible. La vérité, Yassine, c’est que je croise tous les jours des dragueurs dans la rue et que je ne connais personne qui a pu témoigner d’une concrétisation.

Et puisque vous semblez ignorer que, malgré ce que vous pensez être de bonnes intentions, les femmes sont généralement agacées voire apeurées, souvent humiliées d’être réduites à leur physique, dans ce genre de cas, je me permets de vous le rappeler. Vous devriez jeter un œil aux témoignages de ces femmes (une New-Yorkaise et une Belge) et comprendre que vos approches ont peu de chance d’atteindre leur but, noyées dans la masse des demandes non sollicitées que les femmes entendent chaque jour.

Vous êtes un homme, pas un enfant, et la rue n’est pas un magasin de confiserie

Vous posez la question «Pourquoi je ne suis pas entouré de belles gonzesses comme tout le monde?». La réponse est simple. Vous agissez à l’exact opposé de votre objectif. Si vous désirez draguer et peut-être trouver une femme qui acceptera d’avoir une relation sexuelle avec vous, rendez-vous dans des espaces où elles sont disponibles à ça: téléchargez l’application Tinder, allez sur des sites de rencontres, soyez honnête dans votre présentation et ne cachez pas vos intentions. Ces sites sont faits pour ça (et pour trouver l’amour aussi mais, ça, c’est à vous et à elles de faire le tri).

Dans votre quête un peu désespérée pour du sexe, vous en oubliez l’essentiel. Le respect de la partenaire. Obsédé par l’acte, vous minimisez les désirs des femmes. Et celles que vous abordez n’aspirent qu’à être laissées tranquilles. Cherchez une partenaire consentante plutôt que d’imposer vos désirs au hasard de vos rencontres en espérant qu’une inconnue soit assez bête pour y répondre. Les femmes ne sont pas si bêtes et, même avec de vraies dispositions à l’altruisme, n’ont pas pour objectif de dépuceler des inconnus pour leur rendre service. Prenez le temps d’écouter ce que veulent vraiment les femmes, d’être là pour elles là où elles sont là pour vous et vous n’en deviendrez que plus désirable. Vous êtes un homme, pas un enfant, et la rue n’est pas un magasin de confiserie. J’espère sincèrement que ma réponse vous incitera à stopper ce comportement dévastateur et à adopter une attitude plus mature. Tout le monde, les femmes que vous croisez dans la rue et vous-même, en sortira gagnant.

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