On ne connaît pas encore les causes du crash du vol MS804 de la compagnie EgyptAir, qui reliait Paris au Caire dans la nuit du 18 au 19 mai.
«Il y a trois raisons pour qu'un avion s'écrase. Météréologique, technique et humaine. La première option a été écartée car les conditions climatiques étaient bonnes. Si un facteur technique ou un facteur humain, soit à l'intérieur ou l'extérieur de l'avion, est la cause de l'accident nous le saurons. Toutes les possibilités sont ouvertes», a déclaré Athanasios Binis, qui mène les investigations grecques en mer Méditerranée.
La piste terroriste est donc, parmi d'autres, envisagée.
Complicité interne
Si une bombe placée à l'intérieur de l'avion avant son décollage est à l'origine de la chute de l'appareil, qui a perdu très vite de l'altitude avant de disparaître des radars, selon les premiers rapports, un scénario noir s'ouvrirait pour le monde occidental, écrit le site d'analyse Foreign Policy.
«Pour les responsables aéroportuaires, le scénario du pire est d'avoir leurs propres employés qui complotent avec des terroristes pour court-circuiter les procédures de sécurité et provoquer le crash d'un avion», explique le média américain.
L'aéroport de Roissy Charles-de-Gaulle à Paris est, en effet, l'un des plus surveillés au monde, et les procédures de sécurité très strictes depuis le 11 septembre 2001, ont encore été renforcées après les récents attentats en France et en Belgique.
L'AFP a d'ailleurs indiqué dans une dépêche qu'à la suite des attentats de novembre à Paris, les autorités ont décidé de passer au crible les 86.000 autorisations d’accès à la zone dite «réservée» de l’aéroport Roissy-Charles de Gaulle.
«Au total, entre janvier 2015 et avril 2016, plus de 600 personnes se sont vu retirer ce sésame, ou refuser son attribution ou son renouvellement. Parmi elles, 85 étaient soupçonnées de radicalisation, selon la préfecture déléguée aux aéroports», rapporte l'AFP. Malgré cela, on dénombre encore sur la plateforme «400 cas inquiétants de radicalisation», selon une source proche du dossier.
Roissy, aéroport sous surveillance contre l'infiltration de salariés radicalisés https://t.co/BCvHfxOJ76 #AFP pic.twitter.com/hbGtdNrP3R
— Christophe Schmidt (@cschmidtafp) May 20, 2016
«La menace de l'initié»
Le crash d'un appareil de la compagnie russe Metrojet au-dessus du Sinaï en Égypte, le 31 octobre 2015, avait été provoqué par une explosion qui s'était déclenchée en plein vol à bord de l'avion. L'enquête avait démontré que l'engine explosif avait été introduit dans l'Airbus A321 avant le décollage grâce à des complicités au sein de l'aéroport égyptien de Charm el-Cheik. De nombreuses failles sécuritaires y avaient été pointées du doigt par des experts européens et américains. Il s'agissait du premier attentat réussi à bord d'un avion de ligne, quatorze ans après le crash volontaire de deux avions sur le World Trade Center, et encore plus inquiétant: d'un nouveau mode opératoire de la part des terroristes.
«La chose qui m'inquiète est ce que l'on appelle “la menace de l'initié”, quand vous avez des gens qui travaillent dans des zones de sécurité. Ils peuvent avoir été passé au crible et leur profil vérifié, mais vous ne pouvez jamais dire où se situe leur loyauté», confie Norman Shanks, l'ancien responsable de la sécurité de l'aéroport d'Heathrow à Londres, à Foreign Policy.