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Violés au sein de l’armée, puis virés et sanctionnés pour en avoir parlé

Des milliers de personnes, femmes et hommes, ont été licenciées par l’armée américaine après avoir dénoncé le viol ou l’agression sexuelle qu’elles ont subi. Beaucoup ont en plus été privées d’aides sociales à cause de la qualification de ce renvoi.

<a href="https://www.flickr.com/photos/sagesolar/6894116650/">Certaines personnes ont été renvoyées après avoir dénoncé le viol qu’elles avaient subi au sein de l’armée</a> | Derek Σωκράτης Finch via Flickr CC <a href="https://creativecommons.org/licenses/by/2.0/">License by</a>
Certaines personnes ont été renvoyées après avoir dénoncé le viol qu’elles avaient subi au sein de l’armée | Derek Σωκράτης Finch via Flickr CC License by

Temps de lecture: 2 minutes - Repéré sur HRW

«Je porte mon renvoi comme un symbole officiel et permanent de honte, en plus du traumatisme de l’agression physique, des représailles et des séquelles», raconte Brian Lewis. Comme des milliers d’autres membres de l’Armée des États-Unis, il s’est vu signifier la fin de sa carrière militaire après avoir dénoncé le viol qu’il a subi au sein de cette armée. C’est ce que démontre avec force un rapport de l’organisation Human Rights Watch, dévoilé ce 19 mai, après vingt-huit mois d’enquête sur les victimes de viol ou d’agression sexuelle renvoyées de l’armée aux États-Unis.

«Au cours des dernières années, sous la pression du public et du Congrès, l’armée américaine a mis en place certaines mesures de protection pour les militaires qui signalent des agressions sexuelles, mais rien n’a été fait pour réparer les torts causés à ceux qui ont été renvoyés injustement», rapporte l’organisation.

Cerrtaines personnes ont été renvoyées avec la mention «autre qu’honorable», une mention qui reste ensuite gravée dans le dossier des victimes et expose à «de lourdes conséquences pour les anciens soldats et leurs familles dans le domaine de l’emploi, de la garde des enfants, des soins de santé, des indemnités d’invalidité, des droits d’inhumation», explique le rapport.

«Mis au rebut»

Malgré les nombreuses expertises ne voyant rien d’anormal, l’armée a affublé le renvoi de Brian Lewis de la mention «troubles de la personnalité», entravant par la suite ses études à l’université et privant sa compagne d’un certain nombre d’aides sociales.

«Je mets chacun d’entre vous au défi de ne pas avoir de séquelles mentales si vous êtes violée et harcelée à plusieurs reprises, et même brûlée vive, pendant que vos chefs détournent le regard et se contentent de rigoler», raconte Amy Quinn. C’est l’un des nombreux témoignages glaçants de ce rapport, comme celui de Ken Nelson (un pseudonyme), apprenti matelot qui se dit «brisé» et «mis au rebut comme un bout de ferraille ou moins encore».

Crimes étouffés

Les viols commis dans l’armée américaine ont été documentés par la photoreporter américaine Mary Calvert, dans son projet The War Within. Voici ce qu’elle expliquait dans un article du Parisien, datant de 2013: 

«Dans le code unifié de justice militaire [la base légale du droit militaire aux États-Unis, précise Le Parisien], le personnel souhaitant porter plainte doit passer par tous les maillons de la chaîne hiérarchique et toutes les procédures restent confinées au sein de l’armée, qui a sa propre police et sa propre justice, contrôlée d’une main de fer. Rien n’est transposable dans une cour civile. C’est pourquoi les crimes restent souvent étouffés par l’armée.»

«Une réforme immédiate est absolument nécessaire pour veiller à ce que les victimes d’agression sexuelle au sein de l’armée puissent obtenir une réparation digne de ce nom pour ces renvois injustifiés venus assombrir leur vie, fait valoir Sara Darehshori, experte senior auprès du programme États-Unis de Human Rights Watch et auteure du rapport. Elles ont besoin de soutien, pas de censure.»

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