Temps de lecture: 3 minutes - Repéré sur Twitter
Edward Snowden a été l'un des tout premiers à révéler l'existence des Panama Papers. Douze minutes avant la fin de l'embargo, ce 3 avril, le lanceur d'alerte a tweeté l'article du quotidien allemand Süddeutsche Zeitung, à l'origine de ces révélations.
Biggest leak in the history of data journalism just went live, and it's about corruption. https://t.co/dYNjD6eIeZ pic.twitter.com/638aIu8oSU
— Edward Snowden (@Snowden) 3 avril 2016
La plus grosse fuite de l'histoire du journalisme de donnée a été publiée, et ça parle de corruption.
Comme l'explique Mashable, «à l’heure où l’ancien employé de la NSA a posté son court message, aucun des médias de l'ICIJ –et surtout pas le Süddeutsche Zeitung [...]–, n’avait commencé à promouvoir directement ses articles. La page du Süddeutsche Zeitung était en réalité déjà en ligne, mais pas encore visible en page principale ou mise en avant sur les réseaux sociaux du journal.»
Mais même s'il a évoqué les révélations moquant notamment Cameron ou Hollande, Snowden s'est retrouvé critiqué par plusieurs personnes estimant qu'il ne disait –une fois de plus– rien sur Poutine ou la Russie, le pays où il a demandé l'asile en août 2013, et où il vit encore aujourd'hui.
Still no comments from Snowden on Putin's billions stashed in shell corps managed by his friends? Imagine if it had been Obama or Bloomberg?
— Jeff Gauvin (@JeffersonObama) 5 avril 2016
Toujours pas de commentaire de Snowden sur les milliards de Poutine planqués dans des sociétés écrans gérés par ses amis? Imaginez si c'était Obama ou Bloomberg?
I wonder why you didn't tweet this illustration from @SZ instead, Edward @Snowden . #panamapapers pic.twitter.com/zAFA6EYk9i
— Julian Reichelt (@jreichelt) 3 avril 2016
Je me demande pourquoi tu n'as pas tweeté cette illustration du SZ à la place, Edward Snowden?
nice to see @Snowden 's tweets about the #PanamaPapers avoid calling out his buddy Putin. Wouldn't want to piss off his FSB handlers now...
— Kevin G (@kevin_girling) 4 avril 2016
Dans ses tweets sur les Panama Papers, Snowden évite de critiquer son pote Poutine. On voudrait pas énerver les agents du FSB maintenant...
Sur le site Bustle, Joseph Lyons donne son explication de ce silence:
«Les tweets de Snowden se sont principalement concentrés sur l'Islande et son premier ministre, Sigmundur Davíð Gunnlaugsson, ce qui a amené un journaliste allemand à le critiquer. La réponse est simple: la seule personne qui se tient entre Snowden et une cellule de prison américaine, c'est Poutine.»
Des précédents
Sur Twitter, c'est Glenn Greenwald, le journaliste à l'origine des révélations Snowden qui a pris la défense du lanceur d'alerte.
No matter how many times @Snowden criticizes Russia, reckless people spew this vapid clichè https://t.co/VDXrtHDtWK https://t.co/8amoM6oUQq
— Glenn Greenwald (@ggreenwald) 5 avril 2016
Peu importe combien de fois Snowden critiquera la Russie, il y aura toujours des gens pour propager ce cliché insipide.
US jingoists: we'll 1) jail whistleblowers for decades; 2) demand they attack those giving them asylum; 3) pretend they haven't when they do
— Glenn Greenwald (@ggreenwald) 5 avril 2016
Les ultra-patriotes Américains: on va 1) emprisonner les lanceurs d'alerte pour des décennies; 2) attendre d'eux qu'ils s'en prennent à ceux qui leur accordent l'asile; 3) faire semblant de comprendre qu'ils ne le font pas quand il le font.
Ce n'est pas la première fois qu'Edward Snowden est accusé de complaisance avec le régime russe. En avril 2014, le lanceur d'alerte avait interrogé le président Poutine à la télévision russe pour savoir si la Russie «interceptait, analysait et stockait des millions de communications». Poutine avait bien évidemment répondu que non.
Snowden avait alors été accusé de faire le jeu de Poutine et de la Russie, par ses détracteurss habituels, mais aussi par des personnes plus proches de lui, comme nous l'expliquions alors. Jillian York de l'Electronic Frontier Foundation, très active sur le front des libertés numériques écrivait ainsi:
«La question de Snowden ÉTAIT facile. S'il en sait autant qu'il le prétend, il aurait su que sa formulation laissait une porte de sortie à Poutine.»
Questions et vérité
Reste que comme le rappelle Greenwald, même si Snowden prend rarement la parole pour attaquer Poutine, ou la Russie –ce qui est, on le comprend, légèrement compliqué dans sa situation– il avait bien critiqué le président russe, et laissait entendre qu'il mentait, dans le Guardian, en avril 2014, après cette question.
Except for the article @Snowden wrote in tiny outlet called "The Guardian" saying Putin lied https://t.co/gkklyGFeX3 https://t.co/my8giFyoc7
— Glenn Greenwald (@ggreenwald) 5 avril 2016
Sauf cet article que Snowden a écrit dans ce petit journal qu'on appelle «The Guardian» dans lequel il dit que Poutine a menti
Comme l'expliquait Snowden dans cet article, «si nous devons mettre à l'épreuve la véracité des affirmations des officiels, nous devons d'abord leur donner l'opportunité de faire ces affirmations».
Reste que s'il ne s'en est pas directement pris à Poutine ou au régime russe, dans l'affaire des Panama Papers, Snowden a bien mentionné la Russie dans un de ses tweets:
With scandals in Russia, China, UK, Iceland, Ukraine, and more, perhaps a new rule: if you're in charge of a country, keep your money in it.
— Edward Snowden (@Snowden) 5 avril 2016
Avec des scandales en Russie, en Chine, au Royaume-Uni, en Islande, en Ukraine, et ailleurs, il serait peut-être bon d'instaurer une nouvelle règle: si vous êtes responsable d'un pays, gardez votre argent dans ce pays.