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Pour que les coléoptères soient de bons pères, les femelles opèrent une castration chimique

La castration chimique à laquelle ont recours les femelles coléoptères est une technique qui avantage tout le monde: maman, papa et les enfants.

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Pour calmer les ardeurs des mâles Nicrophorus vespilloides, les femelles ont recours à un arsenal chimique | S. Rae via Flickr CC License by

Temps de lecture: 2 minutes - Repéré sur Nature Communications, Science News

La vie n’est pas rose chez les coléoptères nécrophores. À commencer par un problème de place: ça mange là où ça copule et ça copule là où ça s’occupe de sa progéniture –sur des cadavres en décomposition. Une collusion entre alimentation, reproduction et soins parentaux que les scientifiques savaient déjà pourvoyeuse de rapports de genre «atypiques» dans le règne animal: chez ces petites bestioles, ce sont les femelles qui sont bien plus violentes que les mâles.

Par exemple, les femelles n’hésitent pas à agresser les mâles pour les obliger à rester monogames et défendre ainsi leurs ressources alimentaires, directement liées à leur succès reproductif. De fait, chez ces insectes, lorsque un mâle trouve une charogne, il émet des phéromones qui signalent deux choses aux femelles des environs: un, qu’il y a de la viande morte à se mettre sous la mandibule; deux, qu’elles peuvent venir se faire féconder en toute sécurité, car un bon parti leur a déniché de quoi nourrir leur descendance (la coutume, chez les coléoptères nécrophores, consistant à enfouir les restes des restes pour qu’ils servent de garde-manger aux larves).

Et là, l’ordre d’arrivée détermine la force de frappe: la première sera non seulement la première servie mais aussi la plus agressive. Tout de suite après la copulation, elle se mettra à pincer, pousser et grignoter le mâle, histoire qu’il cesse sa production de phéromones, véritable appeau à concurrentes, et ne menace pas la survie de sa progéniture en la forçant partager son bifteck faisandé.

Une étude publiée le 22 mars dans Nature Communications vient de préciser plus avant ce comportement: pour calmer les ardeurs des mâles, qui pourraient menacer leur survie et celle de leur descendance, les femelles ont non seulement recours à des armes conventionnelles mais aussi à un arsenal chimique.

Anaphrodisiaque

En l’espèce, trois jours après leur éclosion, les larves de Nicrophorus vespilloides commencent à salement réclamer à manger à leurs parents. Au même moment, les femelles se mettent à secréter un gaz –du géranate de méthyle– qui influe directement sur les hormones des mâles et leur enlève globalement l’envie de copuler.

Dans Sciences News, l’écologue Stephen Trumbo de l’Université du Connecticut (qui n’est pas au générique de l’étude) explique que cet anaphrodisiaque est sans doute autant bénéfique aux enfants qu’aux adultes. En effet, comme le montrent les chercheurs dans Nature Communications, une mère nécrophore subit elle aussi des fluctuations hormonales qui la rendent moins fertiles lorsqu’elle nourrit ses larves. La femelle «peut envoyer au mâle le signal “maintenant on s’occupe des petits et on oublie le sexe”», résume Trumbo.

Pour le chercheur, lui aussi spécialiste des nécrophores, l’étude décrypte de manière inédite la coordination de l’investissement parental chez ces invertébrés. Une coordination susceptible d’être «autant bénéficier au mâle qu’à la femelle, car ils vont tous les deux améliorer leur succès reproductif si leurs comportements copulatoires et leurs comportements parentaux sont bien calculés et bien phasés»

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