Temps de lecture: 2 minutes - Repéré sur The Independent, Politico, Parlement européen
La corruption coûte entre 179 et 990 milliards d’euros à l’Union européenne (UE) chaque année. Ces chiffres émanent d’une étude du think tank RAND Europe publiée le 10 mars 2016 sur le site du Parlement européen, rapporte The Independent.
La publication prend en compte trois différents types de scénarios et se base sur les coûts directs et indirects de la corruption. Dans le meilleur des scénarios, la corruption coûterait annuellement à l’UE entre 179 et 256 milliards d’euros. Dans le pire, elle coûterait jusqu’à 990 milliards d’euros par an. Cette somme représente 6,3% du produit intérieur brut (PIB) des vingt-huit États membres, précise le rapport.
Augmentation du crime organisé
Ces chiffres remettent totalement en question ceux publiés par la Commission européenne en 2014. Ce rapport estimait que la corruption nous pénalisait à hauteur de 120 milliards d’euros par an. Comme le soulignent les auteurs de RAND, la Commission ne prenait en compte que les effets directs de la corruption, principalement son impact sur les recettes fiscales.
Dans son rapport, la Commission précisait que «le coût économique total de la corruption n'est pas facile à calculer». Pour mieux quantifier l’étendue des dégâts, il faut prendre en compte non seulement les retentissements financiers mais aussi ceux touchant les domaines politique et social. Le think tank RAND Europe insiste sur le fait que la corruption entraîne une faible application des lois et une augmentation du banditisme et des crimes organisés.
Selon l’étude, les pays les plus touchés par la corruption sont la Croatie, Chypre, la Lituanie et la Roumanie, comme l’indique ce diagramme extrait de l’étude:
.@econ_hafner - “Corruption imposes significant social, political and economic costs” https://t.co/VoHH9CbYuc pic.twitter.com/aIcEKCIMzL
— RAND Europe (@RANDEurope) 22 mars 2016
La France fait partie des cinq pays les moins exposés au risque de la corruption, devancée par le Danemark, la Belgique, la Suède et le Luxembourg.
Responsabilité de l’UE
Pour essayer d’atténuer les effets de la corruption, RAND Europe consacre une partie de l’étude à proposer des solutions.
Parmi les propositions, le think tank propose d’étendre le Mécanisme de coopération et de vérification – qui est déjà mis en place en Bulgarie et en Roumanie pour lutter contre la corruption– et de créer un ministère public européen qui serait lié à l’Office de lutte antifraude de la Commission européenne (Olaf).
À elles seules, ces deux mesures permettraient d’économiser 70,2 milliards d’euros chaque année, soit environ 8% des coûts annuels actuels, assure RAND Europe dans l’étude.
We recommended 3 policy measures to address #EU #Corruption & retrieve €71.12 billion from money lost each year https://t.co/VoHH9CbYuc
— RAND Europe (@RANDEurope) 22 mars 2016
Carl Dolan a affirmé que, «vu l’étendue du problème, ces propositions sont très modestes», rapporte Politico. Le directeur de la branche européenne de l’ONG Transparency International a ajouté que «le fait que l’UE n’a pas été capable de [les] proposer elle-même» montre à quel point la corruption n’est pas «une priorité pour l’UE ces dernières années».