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Après les attentats de Bruxelles, la course aux appels téléphoniques

Si les autorités belges ont demandé aux habitants de ne pas surcharger les réseaux, c'est parce que l'interception des appels est essentielle dans la traque des terroristes.

À l'aéroport de Zaventem, le 22 mars 2016. JOHN THYS / AFP .
À l'aéroport de Zaventem, le 22 mars 2016. JOHN THYS / AFP .

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Après les attentats terroristes commis à Bruxelles, mardi 22 mars, tellement de gens ont voulu appeler leurs amis et leurs proches que les réseaux mobiles ont été saturés dans la capitale belge, selon le vice-Premier ministre Alexander De Croo. D'après plusieurs internautes bruxellois, les réseaux sociaux ont eux aussi été très lents. De Croo a exhorté les habitants de Bruxelles à préférer les services data comme Twitter, WhatsApp et Facebook pour prendre des nouvelles de leurs amis et de leur famille. Il a aussi ajouté que Telenet, un fournisseur d'accès, avait ouvert tous ses hotspots wifi dans la capitale.

Une demande qui pourrait être liée aux enquêtes policières actuellement en cours, des investigations qui se fondent notamment sur l'analyse des contacts téléphoniques des terroristes présumés et qui nécessitent la bonne marche des réseaux mobiles.

Vendredi, la police belge arrêtait Salah Abdeslam, sans doute le dernier organisateur des attentats du 13 novembre à être encore en vie. Les enquêteurs auraient réussi à retrouver sa trace grâce à un numéro de téléphone découvert lors d'une opération menée la semaine dernière, qui s'est soldée par la mort d'un djihadiste algérien. Pendant cette opération, la police a découvert une empreinte appartenant à Abdeslam, preuve qu'il était encore en vie. Un numéro de téléphone portable trouvé dans l'appartement a ensuite permis de le localiser.

Dans les enquêtes policières actuelles, les téléphones portables sont susceptibles d'être des outils extrêmement utiles. Par exemple, les opérateurs de téléphonie sont capables d'isoler le relais sur lequel un téléphone s'est connecté, ce qui permet d'en déterminer la localisation approximative. Les smartphones dotés de puces GPS réduisent cette zone à quelques trentaines de centimètres. Grâce aux techniques de co-localisation –qui croisent les emplacements de divers téléphones–, la police peut savoir qui a rencontré qui et quand. Les relevés téléphoniques peuvent aider les autorités à dénicher et démanteler des réseaux terroristes. Et avec les écoutes, la police peut garder un œil sur la planification des attentats.

Reste que les membres de l’État islamique opérant en Europe se sont donnés beaucoup de mal pour sécuriser leurs communications et les protéger des services de police et de renseignement. On les dit utiliser massivement des téléphones jetables –des numéros qui ne servent que pour quelques communications avant d'être mis hors service. L'organisation terroriste encourage aussi ses soldats –et les forme– au maniement d'outils et de techniques de cryptage afin de masquer leur localisation.

La police belge aura manifestement eu toutes les peines du monde à s'adapter aux techniques opérationnelles de l’État islamique mais si l'arrestation d'Abdeslam indique la moindre chose, c'est bien ses progrès en matière de pistage des réseaux terroristes. Par contre, elle n'a pas été capable de mettre à profit ces informations pour déjouer les attentats de mardi.

C'est sans doute l'une des raisons qui expliquent les annonces de De Croo et sa volonté de ne pas voir les réseaux mobiles s'effondrer. Il est bien possible que la police les passe au peigne fin dans l’espoir de détecter d'éventuels contacts entre groupes terroristes et d'éviter ainsi de nouvelles attaques.

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