France

Quand des profs donnent des conseils pour mettre «le boxon»

Sur les réseaux sociaux, plusieurs enseignants opposés à la réforme du collège appellent leurs collègues à faire du chahut. Quitte à sortir cornes de brume ou boules puantes.

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Chahut | Matthew Simantov via Flickr CC License by

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«Il faut organiser des chahuts, gigoter, se lever, grommeler, marteler, sortir, manifester son mécontentement bruyamment et manifester son hostilité, clabauder. Et le faire en groupe.»

C’est ce qu’on appelle «bordéliser», c'est-à-dire mettre un bazar tel que l’enseignant ne peut plus faire cours. Mais, en l’occurrence, ces conseils du parfait fouteur de merde sont visiblement délivrés par… un prof! Ce message circule actuellement sur Facebook. Le ton et le vocabulaire peuvent surprendre dans un espace de prise de parole public (mais le statut est anonyme, ceci expliquant peut-être cela). Mais tout de même, un enseignant qui s'adresse à des enseignants!

Le statut a été publié ce mardi 8 mars sur la page Comprendre la réforme du collège. Celle-ci s’adresse à tous ceux qui, sur Facebook, veulent comprendre les conséquences du projet de réforme du collège en donnant une vision très critique du projet. L’objectif est d'argumenter mais d'autres méthodes semblent actuellement plébiscitées, et notamment donc, pourrir les réunions de formation sur la réforme destinées à préparer la rentrée 2016.

Voici le statut complet:

D'autres messages de ce type circulent sur les réseaux sociaux et les boîtes mail entre profs mobilisés. Lors de conversations que nous avons pu avoir ou sur des réflexions lues en ligne, des enseignants qui ont suivi ces formations confirment avoir assisté à ce type de contestations bruyantes. 


Ce n'est pas à prendre à la légère. Car c’est aussi sur ce terrain, avec les professeurs, que va se jouer la réussite ou l’échec d'une réforme qui change l’organisation du collège et des enseignements. Une réforme ambitieuse aux yeux de Najat Vallaud Belkacem et, surtout, définitive. La ministre de l’Éducation a averti les Français en juillet dernier: «il sera très difficile de revenir en arrière.»

Un discours qui ne passe décidément pas auprès des anti-réformes du collège. Ces enseignants qui n’ont pas l’impression d’être entendus en ont gros sur la patate. Et ils s’interrogent. Pourquoi les agriculteurs qui manifestaient à la même période, fin janvier, et commettent des dégâts matériels, ont-ils été reçus par le Premier ministre et non eux? Cela étonnait, par exemple, Blanche Lochmann, la présidente de la Société des agrégés. On pourrait ajouter que les organisations étudiantes qui manifestaient ce mercredi 9 mars sont, elles, reçues au surlendemain du mouvement social.

La colère continue donc de gronder sur Twitter et Facebook qui sont des lieux de débats, de clashs et de mobilisation. Voilà pour le cadre. Mais revenons à ce statut: comment comprendre, comment justifier, que des enseignants, même excédés, se livrent à des actes qui, tous les jours, pourrissent la vie de milliers d’entre eux? Que diraient-ils si des élèves publiaient des vade mecum de la bordélisation?

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