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Avant de tourner la page Sepp Blatter, souvenons-nous des pires sorties de l'ex-président de la Fifa

La Fifa élit son nouveau président ce vendredi 26 février. Et pour la première fois depuis 1998, ce ne sera pas le dirigeant Suisse.

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C'est un jour historique du côté de la Fifa. Alors que la fédération internationale traîne toujours son image d'organisation corrompue, elle doit élire, ce vendredi 26 février son nouveau président. Et pour la première fois depuis 1998, ce n'est pas Sepp Blatter qui gagnera à la fin. L'ancien président démissionnaire de la Fifa, remplacé par Issa Hayatou, en octobre dernier, après sa suspension pour «gestion déloyale et abus de confiance», a depuis été suspendu pour huit ans de toute activité liée au football, par la Fifa. La sanction a depuis été réduite à six ans. À l'occasion de cette fin de règne, nous avons décidé de republier ses pires sorties. Attention, il y a du lourd.

1.«J'aurai pu comprendre si [le scandale des matchs truqués] s'était passé en Afrique, mais pas en Italie.» (mai 2006)

Sepp Blatter a toujours aimé l’Afrique. Mais il sait aussi que si le continent lui a longtemps offert ses votes, c’est que la Fifa a été généreuse en subventions. Alors, quand en 2006 des allégations de tentatives de corruption sur des arbitres du championnat italien ont éclaté, il n’a pas pu s’empêcher de s’offrir un petit dérapage.
 

2.«Je pense que, dans le football, il y a trop d'esclavage moderne au niveau des achats et des transferts de joueurs.» (juillet 2008)

Joseph Blatter aurait peut-être du mal à être d’accord avec une frange des partisans de Donald Trump. Sur l'antenne de la chaîne britannique Sky Sports, Blatter estimait en 2008, sans trop se soucier du poids des mots, que trop de clubs essayaient de lier les joueurs par des contrats à long terme pour les empêcher d'aller jouer dans d'autres équipes. Enfin un peu de déontologie.
 

3.«Je suis président de tout le monde, maintenant.» (mai 2015)

En Suisse on connaît l’art du compromis. Alors après une élection difficile en 2015 – poussé au second tour quand même par le prince Ali–, Blatter se la joue grand rassembleur. À côté, François Hollande et Nicolas Sarkozy semblent dénués de tout talent politique.

 

4.«Il devrait y avoir un vainqueur à la fin de chaque match. Quand on joue aux cartes, il y a toujours un gagnant.» (avril 2004)

En 2004, tout roulait pour Blatter. Les scandales de corruption étaient encore loin. Alors dans ce monde trop morne, le Suisse propose, comme ça, d’abolir les matchs nuls dans le foot. «Nous devrions avoir le courage d’introduire une décision finale à chaque match», dit-il. Bah quoi?

 

5.«À la fin de mon mandat, je serai capable de laisser une Fifa solide, une Fifa qui aura émergé de la tempête.» (mai 2015)

«Four more years.» Le 29 mai 2015, Sepp Blatter rempilait pour un nouveau mandat à la tête de la Fifa, malgré les accusations de corruption qui volaient de toutes parts. Mais le Suisse n’aura pas le temps de réaliser son rêve prophétique. Le 8 octobre 2015, il est suspendu de ses fonctions par le comité d’éthique de la Fifa. Game over.
 

6. «À l'UEFA, on ne m'a jamais considéré comme un Européen. Pour eux, j'étais un intrus, un Africain, un montagnard.» (Février 2016)

Suspendu de son poste de président de la Fifa, Sepp est désormais un homme libre. Et il fait vibrer la corde émotionnelle pour nous faire pleurer dans cette interview accordée à L’Équipe. La phrase complète: «À l’UEFA, on ne m’a jamais considéré comme un Européen. Pour eux, j’étais un intrus, un Africain, un montagnard du Haut-Valais, non éduqué».
 

7.«Je dirais qu'ils doivent s'abstenir de toute activité sexuelle.» (décembre 2010)

Même s’il a toujours affirmé ne pas avoir voté pour l’organisation de la Coupe du monde 2022 au Qatar, l’ex-patron de la Fifa a quand même tout fait pour plaire aux dirigeants qataris. Comme lors de cette conférence de presse, où il avait conseillé aux supporters homosexuels qui voudraient se rendre au premier Mondial de l'histoire organisé en plein désert de «s’abstenir de toute activité sexuelle». Charmant.

 

8.«J'ai fait construire une chapelle à la Fifa. C'est un lieu acoustique formidable car les murs sont en marbre du Brésil.» (février 2016)

Blatter a toujours revendiqué sa foi, et comme à la Fifa on ne compte pas, le patron a décidé de faire comme à la maison pour prier au travail. Une chapelle sur mesure avec du marbre du Brésil et sûrement beaucoup de liasses de billets pour payer tout ça. 

 

9.«Il n'y a pas de racisme, mais peut-être un mot ou un geste déplacé. La victime devrait se dire que ce n'est qu'un jeu.» (novembre 2011)

Sepp est un maître dans l’art du trolling. Le 16 novembre 2011, la Fédération anglaise accusait Luis Suarez d’avoir lancé des insultes racistes au joueur français Patrick Evra. Le même jour, le boss suisse affirmait tranquillement sur CNN que tout ça n’était que des chamailleries sans importance. Avant de tenter de s’excuser maladroitement dans un communiqué: «Ce que je voulais souligner c'est que les joueurs de football se livrent bataille et parfois, les choses se font de manière incorrecte». Le ministre des Sports britannique avait ensuite réclamé la démission de Blatter. Sans beaucoup d'espoir.

 

10.«Une crise? Quelle crise? Le football n'est pas en crise.» (mai 2011)

Ce que l’on ne pourra pas enlever à Sepp Blatter, c’est d’avoir toujours eu un talent pour la litote. Fin mai 2011, la Fifa se réunit en congrès pour réélire le Suisse, seul candidat. Mais la Fédération anglaise fait du bruit en annonçant qu’elle ne votera pas pour lui en raison d’allégations de corruption de plusieurs haut-responsables de l'organisation. «Le football n’est pas en crise, il y a seulement quelques difficultés», se contentera t-il de glisser. Serein.

 

11.«Dites quelque chose mesdames! Vous parlez toujours à la maison, dites quelque chose maintenant!» (mai 2013)

La Fifa a toujours été un monde d’hommes et quand de rares femmes s’introduisent dans ce cénacle, comme ce jour de mai 2013, Sepp Blatter sait les mettre à l’aise devant tout le monde. Comme lorsqu'il souhaite la bienvenue à trois femmes qui intègrent la direction de la Fifa. 

 

12.«Faisons en sorte que les femmes jouent avec des vêtements plus féminins comme au volley.» (janvier 2004)

Vu son passif de blagues graveleuses sur la gente féminine, on pensait Blatter plus bikini que short. Mais non, pour développer le football féminin il ne veut prendre en modèle que le volley et ses «shorts plus moulants». 

 

BONUS

«Cela montre une approche particulière des pays anglo-saxons. Si cela était arrivé, par exemple, dans des pays latins, je pense qu'il aurait été applaudi.» (février 2010)

Le retour du poète. C’est ainsi que Blatter a philosophé sur la perte du brassard en sélection anglaise de John Terry qui avait couché avec la femme de Wayne Bridge, son coéquipier. En disant cela, le Suisse avait peut-être une petite pensée pour Cristiano Ronaldo, son meilleur ennemi. Plusieurs médias avaient en effet affirmé que le président de la Fifa avait eu une relation avec Irina Shayk, l’ex de CR7. Il n’y a plus de respect.

 
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