Culture

Voici l’homme qui a créé le «pire jeu vidéo de tous les temps»

Le créateur du jeu «E.T.» qui a déclenché la chute d’Atari s’appelle Howard Scott Warshaw. Il a mis longtemps à se remettre de cet échec.

Image extraite de «E.T.»
Image extraite de «E.T.»

Temps de lecture: 2 minutes - Repéré sur Le Figaro, BBC.com

En avril 2014, l’équipe d’un documentaire intitulé Atari: Game Over a déterré plusieurs milliers d’exemplaires de jeux créés par l’entreprise Atari dans le désert du Nouveau-Mexique. Parmi ces jeux, de nombreux exemplaires d’E.T., un jeu créé dans les années 1980 et considéré comme le «pire jeu du monde» par les amateurs en raison de son rôle (supposé) dans la chute d’Atari dans les années qui ont suivi. Ce qui fait que personne n’a oublié l’homme responsable de sa création: un programmeur très talentueux du nom de Howard Scott Warshaw, que la BBC a interviewé pour retracer son parcours et celui du jeu.

Tout commence il y a presque trente-quatre ans, en juillet 1982, Atari est alors l’une des entreprises les plus importantes et les plus puissantes dans le monde du jeu vidéo. C’est à ce moment-là qu’elle décide de débourser 21 millions de dollars pour commander un jeu adapté du film E.T., l’un des plus gros succès du réalisateur Steven Spielberg. Howard Scott Warshaw, alors âgé d’à peine 24 ans, vient de finir un autre jeu adapté d’un autre film de Spielberg, Les Aventuriers de l’Arche perdue. C’est le réalisateur lui-même qui va demander à ce que le jeune homme s’en occupe:

«J’étais sous le choc, explique-t-il aujourd’hui à la BBC. Voilà Steven Spielberg, l’une de mes idoles, qui suggère que je m’occupe du jeu!»

Si la délai est serré (il fallait que le jeu sorte à Noël et les cartouches de jeux prennent des semaines à être fabriquées), Warshaw accepte avec enthousiasme. Quelques jours plus tard, il rencontre Spielberg pour lui expliquer son idée: un jeu d’aventures où le joueur doit aider E.T. à collectionner des éléments pour fabriquer un téléphone interplanétaire.

Traumatisme

Le codage va être un enfer. Warshaw va faire installer un système de développement chez lui pour finir le jeu à temps. «Il y avait un manager qui m’était assigné pour s’assurer que je mangeais et que je puisse continuer, raconte-t-il. Quand le processus est arrivé à son terme, je me suis dit: “Waoh, je l’ai fait!”»

Quatre millions d’exemplaires vont sortir des usines et E.T. va bénéficier d’une campagne publicitaire d’une rare ampleur. Après quelques temps passé en tête des ventes néanmoins, de gros problèmes vont néanmoins être repérés dans le jeu. Par exemple, de nombreux joueurs n’arriveront pas à éviter une fosse dans laquelle E.T. restera irrémédiablement coincé.


Très vite, les ventes chutent et stagnent à 1,5 million de copies. Au second trimestre 1983, Atari annonce des pertes de 310 millions de dollars et, en 1984, Warner revend la marque pour 240 millions de dollars.

De son côté, Warshaw a mis longtemps à se remettre de cet échec et de son image de «créateur du pire jeu du monde». Après un passage dans l’immobilier, un retour dans le jeu vidéo via le management, puis un crochet dans l’écriture télévisuelle, l’homme tombe en dépression et devient finalement psychothérapeute en 2008. «Peut-être qu’une partie de moi voulait compenser tout le traumatisme et la dépression que j’ai créés avec le jeu E.T.. Mais, en réalité, c’est quelque chose que j’ai toujours voulu faire.»

Depuis, il raconte parfois sa propre histoire à ses patients, pour les aider, mais aussi pour rappeler qu’il a réalisé Yars Revenge, l’un des meilleurs jeux jamais créés à l’époque

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