France

TEST. Quel nouveau réactionnaire êtes-vous?

A l'occasion de la reparution de l'essai «Le rappel à l'ordre, Enquête sur les nouveaux réactionnaires», sujet lors de sa première publication en 2002 d'une controverse qui dure depuis quinze ans, un petit test pour vous situer sur l'axe de la pensée «réac» ou supposée telle

Alain Finkielkraut, juin 2015. JOEL SAGET / AFP
Alain Finkielkraut, juin 2015. JOEL SAGET / AFP

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Dans le débat intellectuel français, les essais sortent par grappes sur un même sujet, se suivent et souvent se ressemblent. Parfois l’un d’eux connaît un destin singulier, pour de bonnes comme de mauvaises raisons, devient phénomène éditorial et médiatique, au point que chacun se sent obligé de se positionner par rapport à son propos. C’est le cas du Rappel à l’ordre, sous-titré Enquête sur les nouveaux réactionnaires, que Daniel Lindenberg publie au Seuil en novembre 2002, dans la collection La République des idées de Pierre Rosanvallon, quelques mois après l’accession du candidat du Front national Jean-Marie Le Pen au second tour de l’élection présidentielle.

La thèse de ce professeur en sciences politiques, spécialiste de l’histoire des idées, est qu’un certain nombre d’intellectuels ou d’artistes qui ont démarré leur carrière à gauche et par la critique du totalitarisme ont progressivement dérivé vers l’«illibéralisme», c’est à dire la critique de la société démocratique et du pack qui vient avec: culture populaire de masse, liberté de mœurs, multiculturalisme, libéralisme économique et, bien entendu, système démocratique lui-même censé traiter les citoyens en égaux.

L’auteur affirme avoir vu les premiers signaux de ce regain d’intérêt pour les thèmes conservateurs à partir du cas de deux romanciers issus de «la contreculture post-68», Michel Houellebecq et Maurice Dantec, dont les positions évoluent alors vers l’«autre extrémité du champ littéraire». Ils seront bientôt rejoints par des intellectuels bien moins «branchés», essayistes ou philosophes: Alain Finkielkraut, Pierre-André Taguieff, Marcel Gauchet, Régis Debray, etc. La nouvelle édition en janvier 2016 de «L’essai prémonitoire» selon le bandeau de la couverture donne lieu à une mise à jour de la liste. Pierre Manent perd son statut de réac, et de nouveaux entrants, moins médiatiques quinze ans plus tôt (Elisabeth Lévy, Eric Zemmour) s’agrègent au club.

Si les «passions» et les «aversions» de ces auteurs tournaient au début des années 2000 autour du procès de Mai 68 et d’une société marchande apathique soumise à la mondialisation, désormais c’est la question de l’immigration et de l’islam qui a le vent en poupe, note Lindenberg dans sa postface.

Même si le livre a été mal reçu par les intéressés –Philippe Muray y a apporté une réponse cinglante dans son inimitable style–, Le rappel à l’ordre aura joué un rôle d’accélérateur de la recomposition du champ intello-médiatique, dans la mesure ou certains «néo-réacs» ont fini par reprendre le label à leur compte, comme le note Libération. Il a aussi lancé une mécanique devenue un réflexe dans les rédactions, qui consiste à se faire peur à peu de frais à propos de l'invasion du débat intellectuel par les dits réactionnaires, manière d'éviter de se demander s'ils ne se sont pas multipliés parce que l'espace de la critique s'était vidé d'alternatives attrayantes.

Le test «Quel nouveau réactionnaire êtes-vous?» présente trois sous-familles de sensibilité néo-réacs, vous pouvez le refaire plusieurs fois pour lire leurs profils et la manière dont ils sont identifiés par l'auteur du Rappel à l'ordre. Si certains propos ou citations du test peuvent heurter les âmes les plus sensibles, rappelons qu'ils sont tous empruntés aux intéressés.

 

 

 

 

 

 

Réponses (à lire après avoir passé le test)

«La France est morte» est une citation d’Eric Zemmour.

«La France est une auberge espagnole» est une phrase inspirée d’une interview d’Alain Finkielkraut

«La France c'est l'intolérance, la haine et la peur», est une citation de Michel Houellebecq (répondant à des propos de Manuel Valls).

Daniel Balavoine était «un parolier génial» selon Michel Houellebecq. Zemmour le charge dans Le Suicide français, voyant dans son androgynie et ses convictions antiracistes un concentré de ce qu’il rejette dans les années 80.

Zemmour fustige Hélène et les Garçons pour son féminisme supposé et la série Dallas qui symbolise l’américanisation de la France. Finkielkraut s’en prend de son côté au «parler banlieue». Le tourisme est un motif récurrent des romans de Houellebecq.

Eric Zemmour entreprend une réhabilitation partielle du régime de Vichy dans Le Suicide français. Dans le même livre, il brocarde le groupe NTM. Finkielkraut s’en prend lui à Booba ou encore à Médine.

Les territoires perdus de la République, essai écrit par des enseignants de banlieue paru en 2002, est cité très fréquemment par Alain Finkielkraut (mais il pourrait tout aussi bien l’être par d’autres «nouveaux réactionnaires»). Renaud Camus est l’auteur du Grand remplacement, thèse conspirationniste d’un remplacement de population par afflux migratoires qu’il a popularisé. Enfin, Michel Houellebecq a écrit une biographie de l’auteur de nouvelles fantastiques H.P. Lovecraft.

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