Égalités

Il y a plus d'homos chez les profs d'université, les psys et dans le social. Et voici pourquoi…

Fini le cliché des lesbiennes camionneuses et des gays stewards. La communauté LGBT travaille surtout dans le social et l'éducation, selon une étude. Parmi les raisons avancées, les homosexuels rechercheraient spontanément des métiers où ils peuvent être indépendants, pour éviter les discriminations.

<a href="https://www.flickr.com/photos/hobbesie/5874333970/">Gay Teachers Rock</a> | ca-e via Flickr CC <a href="https://creativecommons.org/licenses/by/2.0/">License by</a>
Gay Teachers Rock | ca-e via Flickr CC License by

Temps de lecture: 2 minutes - Repéré sur Inside Higher Ed, Times Higehr education blog, Blog de la LSE

Avez-vous eu l'impression que dans votre métier, il y a proportionnellement plus de gays et de lesbiennes qu'ailleurs? Si vos collègues travaillent dans les ressources humaines, sont conseillers d'insertions chargés du suivi des détenus, profs à l'université, psys ou assistants sociaux, ce n'est pas qu'une impression. Et cela s'explique, d'une part, par la capacité de ces métiers à mieux se protéger des discriminations et d'autre part par le sens aigu de «perception sociale» qu'ils requièrent, et que les personnes discriminées ont dû acquérir tout au long de leur vie, rapporte Inside Higher Ed, un site spécialisé dans l'éducation.

Trois chercheurs ont étudié la part des gays et des lesbiennes dans les différents jobs disponibles aux États-Unis, à partir d'un échantillon de 4,9 millions de personnes dont près de 30.000 homosexuels et homosexuelles, répartis dans 452 métiers. Ils ont finalement pu dresser une liste des quinze métiers les plus occupés par la communauté LGBT+ et pour lesquels elle est surreprésentée. Et surprise, surprise: non, il n'y a pas beaucoup plus de lesbiennes chez les conducteurs de camions ni de gays chez les stewards. C'est un cliché. En revanche, ils sont très présents dans ces métiers:

  1. Psychologue

  2. Responsable des ressources humaines (Training and development specialists and managers

  3. Travailleur social du public, éducateur (Social and community service managers)

  4. Rédacteurs techniques

  5. Ergothérapeute

  6. Massothérapeute

  7. Urbaniste

  8. Producteur et réalisateur de films

  9. Enseignant dans le supérieur

  10. Conseiller d'insertion et de probation

  11. Employé des pompes funèbres

  12. Physiothérapeute

  13. Management de l'information (Computer and information systems management)

  14. Avocat, juge, magistrat

  15. Web developpeur

(NB: nous avons laissé l'appellation en anglais quand le strict équivalent n'était pas disponible en français)

Les lesbiennes étaient quant à elle particulièrement nombreuses chez les sociologues.

Moins soumis à la hiérarchie

Pourquoi? Selon cette étude publiée dans la revue Administrative Science Quarterly et récemment mise en avant par le blog de la London school of economics (LSE), la prestigieuse école de sciences politiques, il y a deux raisons principales. La première réside dans les possibilités d'indépendance qu'offrent ces métiers. Psychologues, rédacteurs, enseignants ou massothérapeutes travaillent le plus souvent seuls, même s'ils peuvent avoir parfois à s'inscrire dans des équipes. 

Ces métiers sont donc moins soumis à la hiérarchie que d'autres. On connaît par exemple le sacro-saint principe de la liberté d'enseignement pour les profs. Les psychologues exercent beaucoup en libéral. Et les travailleurs sociaux sont moins souvent dans des bureaux, à côté de leur chef, qu'auprès des personnes dont ils s'occupent. «Les gays et lesbiennes ont tendance à voir leurs collègues et chefs comme la principale source de mauvais traitement et de discrimination au travail», écrivent les chercheurs. En adoptant ces métiers où ils peuvent être indépendants, ils s'évitent d'être confrontés à des remarques désagréables sur leur orientation sexuelle.

Une plus grande empathie

La deuxième raison est que ces métiers demandent un «sens social» plus aigu, ou pour le dire autrement, qu'ils sont plus sociables et plus réceptifs aux émotions des autres. Sens dont, d'après l'étude, les homosexuels seraient mieux pourvus que les autres, ayant dû faire plus d'efforts pour s'intégrer à leurs camarades lorsqu'ils étaient plus jeunes, sous peine d'être rejetés. Ressentir soi-même une injustice permet aussi d'y être plus sensible, et de développer une plus grande empathie.

Bien sûr ce mécanisme n'est pas figé, et on peut penser qu'avec le temps et les inégalités de traitement s'estompant, cette surreprésentation de personnes homosexuelles dans certains métiers disparaîtra. Et la communauté LGBT+ pourra alors se réjouir, paradoxalement, d'avoir perdu, au moins relativement parlant, un peu d'empathie.

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