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Les théories du complot sont peu plausibles: une équation le prouve

Un chercheur a écrit une équation qui permet de prévoir la probabilité qu'un complot soit maintenu secret en fonction du nombre de personnes impliquées.

<a href="https://www.flickr.com/photos/armydre2008/3942521520/">somebody's watching me</a> /frankieleon via Flickr CC <a href="https://creativecommons.org/licenses/by/2.0/">License By</a>
somebody's watching me /frankieleon via Flickr CC License By

Temps de lecture: 2 minutes - Repéré sur PLOS ONE, Vocativ

On se demande parfois comment les projets maléfiques des méchants de films d’action peuvent rester secrets si longtemps avec autant d’employés qui s’affairent dans des bases hyper secrètes. N’y a-t-il pas un risque qu’au moins l’un d’eux parle de son travail après un verre de trop et ne ruine la conspiration? David Robert Grimes, physicien à Oxford, vient justement de publier un article scientifique qui démontre qu’il est improbable qu’un grand complot impliquant des milliers de personnes reste secret pendant des décennies. Car la probabilité d’une fuite majeure augmente avec le temps et le nombre de personnes impliquées dans le secret.

Comme le décrit le site Vocativ, la méthode est originale puisque le chercheur s’est basé sur des complots avérés qui ont tous fini par être connus du public. Celui qui a impliqué le plus de personnes, le scandale du programme Prism d’espionnage massif des télécommunications par la NSA, a concerné jusqu’à 30.000 personnes. Il a été rendu public au bout de six ans par Edward Snowden.

Le scandale de Tuskegee dans l’Alabama a connu une longévité bien supérieure; jusque dans les années 1960, des chercheurs ont intentionnellement laissé des patients noirs infectés de la syphilis pour observer la progression de la maladie. L’opération impliquait 6.700 personnes et le scandale n’a éclaté que vingt-cinq ans plus tard.

Le site Vocativ présente cette courbe du complot. Plus le nombre de personnes impliquées augmente, moins le complot a de chance de rester secret plusieurs années.

Ces exemples pédagogiques vont servir à l’auteur pour mettre les adeptes de théories du complot de grande ampleur devant l’un des principaux maillons faibles de leur argumentaire: aussi grave soit-il, un «complot», s’il existe bel et bien, finit toujours par être connu.

Probabilités

Le chercheur examine en particulier quelques théories populaires, du type «Personne n’a marché sur la Lune». Le «moon hoax» est un grand classique du conspirationnisme. Cette théorie affirme que la fameuse vidéo de Neil Armstrong posant le pied sur la Lune a en réalité été tournée sur les hauteurs d’Hollywood et que le programme Apollo dans son ensemble est une imposture. Il est régulièrement entretenu (encore en juin 2015 par la Russie) et se base sur la perte par la Nasa de la bande originale de la vidéo de l’alunissage du 20 juillet 1969.

Or le secret aurait du être gardé par 411.000 personnes, ce qui correspond au nombre d’employés de la Nasa en 1965. Selon l’équation de Grimes, une telle conspiration s’effondrerait au bout de moins de quatre ans (c’est la probabilité qu’au moins un des 400 et quelques milliers de conspirateurs ne finisse par avouer).

Autre exemple: «Le réchauffement climatique est un mensonge». Sans même parler de l’origine du changement climatique, falsifier les données météorologiques elles-mêmes impliquerait la collaboration et le silence de 405.000 personnes (c’est la somme des membres des associations scientifiques concernées).

Quant aux complots pluriséculaires, du type de celui exposé dans la fiction Da Vinci Code, ils ne pourraient se maintenir qu’avec un nombre relativement peu élevé de participants, moins de 125. Il faut garder à l’esprit que l’auteur imagine le scénario le plus favorable aux conspirateurs, c’est-à-dire qu’il prend en compte la probabilité qu’un seul des centaines de milliers d’individus impliqués ne finisse par révéler l’effroyable secret.

La démonstration a pour but de faire réfléchir les adeptes de théories du complot qui peuvent s’avérer dangereuses, comme la croyance selon laquelle les risques des vaccins seraient minimisés ou celle qui affirme que le réchauffement climatique ne serait pas avéré et donc ne devrait pas faire réagir la communauté internationale.

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