France

La ministre Najat et l’islamiste Idriss, ou la mécanique du scandale

L'émission «Le Supplément» du dimanche 24 janvier autour d'un jeune humanitaire emprisonné au Bangladesh a provoqué un large malaise chez les intervenants sur le plateau comme chez de nombreux spectateurs. Pourtant, au-delà des discours indignés, ce moment de télévision est symptomatique des nombreux questionnements qui fracturent la société française.

Sur le plateau du "Supplément" de Canal+ dimanche 24 janvier 2016.
Sur le plateau du "Supplément" de Canal+ dimanche 24 janvier 2016.

Temps de lecture: 12 minutes

Choisir son camp.

Il y a eu ce dimanche, à l’heure de l’apéro, un moment de vérité horrible sur la France, quand «Le Supplément» de Canal+ a exposé l’intégrisme, la misogynie, l’obsession anti-juive et la complaisance face au terrorisme d’un responsable humanitaire musulman, incapable de condamner Daech devant un plateau atterré.

Choisir son récit.

Il y a eu ce dimanche, à l’heure de l’apéro, un moment de vérité horrible sur la France, quand «Le Supplément» de Canal + a piégé un responsable humanitaire musulman, l’interrogeant sans raison sur le terrorisme comme s’il en était responsable, bafouant son indignation d’être a priori soupçonné, organisant une réprobation facile sur un plateau formaté.

Choisir son bruit, dans ce pays à qui on raconte des histoires, et chacun dans sa bulle se protège de l’idée des autres.

Avec Najat Vallaud-Belkacem - Le Supplément du 24/01


Pour ceux qui ont raté le psychodrame, les faits. Dimanche au «Supplément», on devait parler de Moussa, un jeune humanitaire français emprisonné au Bangladesh depuis décembre, arrêté alors qu’il venait aider des réfugiés Rohingyas –une de ces minorités atrocement persécutées, dont le sort n’atteint pas les consciences occidentales. La cause de Moussa passionne une part de l’opinion, palpable sur le web, et indiffère globalement les élites: il n’est pas du club, encore moins ceux qui l’emploient. Moussa est un géant noir converti à l’islam, qui distribuait la soupe aux SDF avant de devenir pilier de Baraka City, ONG humanitaire musulmane de stricte obédience religieuse et de belle efficacité. On allait forcément parler de Baraka city, aussi. Qui n’est pas seulement puissante, mais sulfureuse aux yeux de l’État, qui la guette, la perquisitionne, l’isole et la redoute: elle est, Baraka city, en Syrie et ailleurs, au contact de l’ennemi. On allait donc parler de l’islam. Et de nous. On y a eu droit.

«Vous condamnez Daech?»

Sur le plateau, Idriss Sihamedi, patron de l’ONG, n’était pas loin de Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l’Éducation. On le voyait, Sihamedi, dans le sujet de présentation, plaisanter au milieu de ses troupes, ironiser sur l’obligation qui lui serait faite de «se désavouer» de Daech, et puis expliquer, plus sérieusement, qu’il était, lui, l’alternative au terrorisme: l’homme qui proposait aux jeunes au bord de la rupture de pratiquer un «djihad humanitaire», au lieu de basculer dans la violence. C’était spécieux, ou séduisant, intriguant. Retour plateau. Parler de Moussa. De Baraka. Impressionnante Baraka avec ses million de dons, ses footballeurs stars parmi les généreux. On devinait une vérité, sur notre monde, sur la réalité idéologique de nos vedettes. Parler de Moussa encore. Que les autorités hésitaient à défendre, parce qu’il était de Baraka. Et justement Baraka?

Il y a le camp des indignés, au fond ravis de tenir une preuve de plus de la dangerosité islamique, et le camp des réprouvés, partisans de Sihamedi

Et Ali Baddou, présentateur de l’émission, se tourna vers Idriss Sihamedi. Était-il fiché S, son invité? Il l’était, répondait-il, ou du moins le croyait. Et serrait-il la main des femmes, ce trentenaire ostensiblement barbu? Sa réponse allait combler notre faim d’indignation. «Je ne serre pas la main des femmes, comme beaucoup de rabbins.» La question juive! Sihamedi nous la donnait, sur le mode du deux poids deux mesures, du paravent, un classique. L’intégriste dévoilé s’agitait un peu. Il était au feu du plateau. Vous condamnez Daech, lui demandait-on? Il ergotait. Il n’aimait pas la simplicité des choses. Vous condamnez? «Est ce que vous poseriez la question au Grand Rabbin de Paris à propos des bombardements israéliens?» Rebelote! Tout était joué.

Le malaise

Interrogé sur Daech, Sihamedi répondait sur les juifs, l’excuse habituelle, l’obsession classique des antisémites.... Il pouvait bien, ensuite, se débattre, bougonner qu’on n’avait aucune raison de le mettre sur le gril, et le dire, si mal, que Daech n’était pas sa culture… Le temps du matador était venu. «Je suis gêné de la question», disait Idriss. «On est un peu gêné de la réponse», le coupait Ali Baddou et Sihamedi se taisait pour toujours, chassé du possible et de la gentillesse. Najat Vallaud-Belkacem était invitée à clouer le cercueil. Elle déclinait la facilité de la sainte colère. Elle séparait le cas de Moussa, français à protéger, de Baraka city, une association dont «la manière de voir les choses», qui n’était «pas la mienne», la mettait «mal à l’aise». C’était pire qu’une harangue, cette modestie. Idriss Sihamedi ne valait même plus qu’on le condamne.

Dans notre monde de vertus virtuelles, on se relève bien des morts médiatiques. Deux jours plus tard, les fleuves de l’opinion ont repris leur cours. Chacun se rassure de certitudes. Il y a le camp des indignés, au fond ravis de tenir une preuve de plus de la dangerosité islamique; certains, au passage, chargent les media, qui font open bar aux extrémistes (pauvre Baddou, qui avait dompté le fauve, à peine exhibé!). D’autres accusent Najat Valaud-Belkacem de mollesse, on les connaît les socialistes, et la ministre a durci le ton, pour être conforme. En face, le camp des réprouvés, partisans de Sihamedi, organisant la défense et le réconfortant. Idriss a été piégé, Idriss ne se laissera pas faire, Idriss a raison de penser que l’on passe tout aux juifs et que l’on soupçonne les musulmans, et les morts de Gaza sont tout aussi sacrés que les victimes du terrorisme…

S'indigner ou essayer de comprendre

Les camps sont bordés. Indignés, la gauche humaniste et la droite des identités. Réprouvés, révoltés, les web-partisans de la muslimsphère, les dénonciateurs du racisme d’État, et combien d’autres, simples mortels, qui n’ont vu dans la séquence qu’une nouvelle humiliation publique d’un basané... Sihamedi lui-même fait grand cas de son calvaire. Il se compare, sur Facebook, au Prophète lui-même, qui fut persécuté en son temps. «Allah le Seigneur de l'univers a révélé un verset qui a traversé les époques, les esprits et mis à mal les empereurs et leurs empires: “Ils complotèrent mais Allah a fait échouer leur complot et Allah est le meilleur en stratagèmes. Pour me faire taire, il faut bien plus.» À le lire, perce derrière le terrible islamiste par Baddou dénoncé un homme simplement orgueilleux, leader charismatique de son ONG, peu habitué à l’échec, en pleine blessure narcissique, qui se prend pour une grande cause, faute d’avoir su simplement être malin à la télé, et qui refuse d’admettre, lui, le musulman orthopraxe, que ses impairs ont réalimenté le préjugé islamophobe –qui n’avait pas besoin de ça. Déni et prétention. Ses amis applaudissent. Pourquoi se gêner?

Bruit contre bruit.

Réprouvés contre choqués. Il reste ceux que tout ceci catastrophe, sommes-nous nombreux?

Ce qui est fascinant dans son propos, c’est qu’il l’exprime sans tenir compte un instant du pays dans lequel il vit

Tout ceci est affreux, mais passionnant à la fois. Ce n’est pas seulement Idriss Sihamedi qui est en jeu. Lui mais tout ce qu’il charrie, et tous ceux qui l’approuvent, et aussi ses raisons. On entend désormais que Sihamedi ne pouvait pas charger Daech, au risque de mettre en danger ses équipes en Syrie. Est-ce réel? Comment fait-on la part du feu, quand on vient au secours des syriens abandonnés? Ce concept de «djihad humanitaire», ces gosses détournés du terrorisme, desquels Baraka City s’interdit de condamner, mais «fait de la pédagogie», c’est réel? Ils existent? Combien? Racontez, Idriss… Pourquoi parlez-vous des rabbins, Idriss? Pourquoi? Pourquoi, sur votre site, voit-on votre photo et celles de vos compagnons, mais jamais de photo de femme? Sont-elles invisibles, vos sœurs? Pourquoi?

Exercice rhétorique

Il y avait plein de pistes à ouvrir sur Sihamedi, quand le plateau le tenait. Pas seulement le «je suis choqué» qui vous pose son homme de télé (Baddou a fait comme le jeune Julian Bugier, qui taclait son partenaire Robert Ménard sur la peine de mort, ou comme Drucker qui domptait un Gainsbourg ivre mort –mais Drucker était gentil)... Non, une interrogation réfléchie, longue, pour l’acculer à dire tout ce qu’il était. Pour voir les contradictions et les replis d’un intégriste moderne, que des dizaines de milliers de personnes suivent et approuvent, qui effectivement organise une entreprise humanitaire respectée, mais à partir de principes qui nous sont étranges, parfois hostiles. Comprendre ce que cela nous dit de la France. Cela n’a pas eu lieu. Il en reste un malaise et un décalage.

Affinons-le. S’en aller chercher l’excuse du grand rabbin de Paris que l’on n’embête pas sur Israël témoigne de deux convictions, chez le patron de Baraka. Celle des juifs privilégiés dans le monde médiatique et politique, par opposition aux musulmans. Et une aversion profonde pour Israël, qui ne vaudrait pas mieux qu’un groupe terroriste. Il est courant, sur le web, dans la muslimsphere, de voir comparer les jeunes juifs qui rejoignent Tsahal aux jeunes musulmans qui s’en vont chez Daech. C’est une rhétorique de détestation courante, dès qu’on sort de la parole normée. Elle est très contestable, mais Sihamedi n’a pas inventé cette rhétorique. Il n’a pas inventé non plus le contraste entre l’attention constante portée aux juifs par les autorités du pays, y compris sur le plan des symboles religieux, qui contraste avec la méfiance publique envers le foulard islamique et le communautarisme musulman. Ce qui est fascinant dans son propos, c’est qu’il l’exprime brutalement, et l’exprime sans tenir compte un instant du pays dans lequel il vit.

Un deuil national

L’émission serait diffusée au Brésil, par exemple, loin de nous, on pourrait imaginer une dispute théorique sur la différence entre les attentats d’un groupe djihadiste et les bombardements d’une armée régulière.... Mais nous sommes en France, que Daech a frappée. Daech n’est pas «le terrorisme», c’est l’assassin du Bataclan. Quoi que l’on pense du conflit israélo-palestinien, la comparaison est impossible, ni les restrictions. Tsahal bombarda Gaza? Daech a tué à Paris. Nous a tués. Que tous les morts se valent dans nos vallées de larmes et devant Dieu, sans doute. Mais la philosophie est vaine devant l’évidence du deuil national. Ne répondant pas «bien sûr, je condamne l’assassin du Bataclan, vous devriez avoir honte de me le demander», Idriss Sihamedi est sorti du réel. Il est Français. Il sait. Une de ses donatrices est morte le 13 novembre, et il en avait parlé à l’époque… Il sait, et n’en fait rien.

Le système médiatique fabrique de la norme et exclut les non-normés

Cette extraction de sa propre réalité est ahurissante. Et en même temps, entendons-là, puisqu’elle est notre monde. Sihamedi est un musulman intégriste et leader charismatique et gourou orgueilleux, qui parle en dehors de la réalité française… Et il est Français pourtant. L’humanitaire qu’il pratique n’est pas sourcé que dans le Coran, mais aussi dans notre imaginaire français. Des French doctors, du catholique CCFD, de Baraka City, on peut déduire une constante, avant même de voir la rupture. Dans la part de la société qui se veut foncièrement musulmane –engagée, constante, orthopraxe, intégriste, d’inspiration frériste ou salafi– l’envie d’être de France reste, d’être de ses débats et de ses pratiques.

Dans sa bulle

J’ai rencontré une femme voilée, un jour, dont les restaurants du cœur avaient refusé les services. Que pouvait-elle faire alors, pour aider les autres? Les «sœurs», comme ils disent, font de la charité publique dans des associations islamiques, où elles sont à la fois masquées, séparées des hommes, mais de leur point de vue, plus reconnues que chez les laïques. Elles font comme les autres femmes que leur générosité anime, mais entre elles. Dans la vie, et dans une bulle. Comme nous, mais autrement.

Ce que dit Sihamedi est odieux. Sa réaction est aberrante. Mais c’est d’abord l’irréalité qui domine, cette bulle idéologique, cet enfermement en soi-même. S’il était seul, ça n’aurait pas d’importance. S’il était médiocre, ce serait anecdotique. Mais il n’est pas médiocre, ayant construit son empire, et il n’est pas seul. Et ceux qui le suivent ne sont pas tous barbus, salafis, et rétifs aux mains des femmes, et ils chérissent aussi leur raison et leur révolte. Ils sont nombreux dans cette irréalité, à trouver qu’elle fait sens, à refuser l’évidence de la Nation éplorée pour cultiver leur propre logique.

La petite frabique de l'exclusion

Voilà le vertige. On peut l’éviter en campant sur les principes, et se laver la conscience comme Pilate se lave les mains, en disant juste non. C’est licite et politique, et un peu habile. Il faut se méfier de nos conforts. Il y a une dizaine d’années, au Pays-Bas, une ministre maligne s’était forgé un beau morceau de gloire en tendant la main devant les caméras à un vieil imam, pour que celui-ci la refuse, se tordant d’embarras, persuadé, le pauvre, que le ciel serait offensé silcontrevenait.. Rita Verdonk capitalisait sur l’émotion batave, qui découvrait la fracture culturelle, la violence islamiste, et l’échec de son multiculturalisme bénévolent. C’était aux noms des femmes et des homosexuels, au nom de la modernité néerlandaise, que l’Islam était accusé.

Belkacem est au confluent de deux de nos fractures, quand la gauche gouverne en libéralisme et en laïcité, disciplinant les musulmans et acceptant la fin de la classe ouvrière

Entre Ali Baddou, une des incarnations du progrèssisme médiatique, et l’habile Verdonk, il y a une gémellité. Le système médiatique fabrique de la norme et exclut les non-normés. Mais attention aux logiques. L’argument de Sihamedi sur les rabbins qui ne serrent pas la main des femmes est délétère. Il est des rabbins, et d’autres qui ne touchent pas les femmes, au nom de la pudeur archaïque ou des interdits machistes de leur foi. On appelle ça l’intégrisme ou la bigoterie. Il est dans toutes les religions, plus ou moins combattu. Il nous traverse. Il était au cœur d’une réaction chrétienne au mariage gay. Différemment. Il n’amène pas forcément à la violence. Et il n’empêche pas la modernité.

Un plateau inédit à l'antenne

Sihamedi n’est pas seulement ce salafi vengeur qu’il convient désormais de détester, dans la planète des Charlie. Il est un de ceux vers lequel regardent des gens en mal de fierté et d’idéal, dont la page Facebook compte des milliers d’adeptes. Ceux-là pensent que le système élimine impitoyablement les musulmans qui osent relever la tête. Quand il faudrait aider Moussa ou saluer l’engagement de Baraka City, quand il faudrait parler des Rohingyas, on réinvente encore une polémique sur l’islamisme. Ils le pensent. Ils n’en tiennent pas Sihamedi responsable. Et cela les enrage plus que les morts de Novembre.

Il reste, pour appréhender tout l’absurde de la pantomime, à revenir sur Najat Vallaud-Belkacem, provoquée au malaise à la télévision, puis poussée à l’outrance par le harcèlement médiatique. Ce qui se joue autour d’elle n’est pas moins crucial que la réprobation de Sihamedi. L’a-t-on vu? Le débat, dimanche, au «Supplément», était inédit. Il n’y avait, sur le plateau, que des maghrébins de France. Pense-t-on qu’elle, Najat, ne l’a pas réalisé? Donc Sihamedi, mais aussi Baddou, enfant d’une grande famille du Maroc, et elle donc: marocaine du Rif, musulmane de naissance, longtemps de pratique, et de souche prolétaire en plus, grandie dans cette ville d’Amiens où le capitalisme a vaincu les ouvriers du pneu.

Pièce à deux faces

Belkacem est au confluent de deux de nos fractures, quand la gauche gouverne en libéralisme et en laïcité, disciplinant les musulmans et acceptant la fin de la classe ouvrière. Elle ne fait jamais état de son point de départ, n’en excipe rien d’autre qu’un joli storytelling, sur la fillette sauvée par l’école. Sa vie est à elle, ses réussites sociales, ses succès ou ses ratages. Elle est désormais de la bourgeoisie d’État, et a lissé les aspérités de sa biographie. C’est sa liberté, mais aussi la condition du passage de la ligne. Mais par moment, quelque chose affleure, et «Le Supplément» l’a confrontée à ce qu’elle doit enfouir.

On se souviendra que face à un humanitaire intégriste, la norme républicaine et la décence médiatique étaient incarnés par deux arabes

Elle était, devant Sihamedi, face à une part d’elle-même, qui aurait dérivé aussi loin que possible. Une part et un contraire d’elle, pas seulement parce que femme et républicaine, mais parce que musulmane. Un contraire qui l’agressait, elle, directement, dans ce qu’elle était. Sihamedi masque ses «sœurs», elles existent dans l’ombre quand elle a conquis la lumière. Il prétend être l’islam «normal», quand il n’en est qu’une orthopraxie. Il la nie, dans tout ce qu’elle fut et ce qu’elle accomplit. Mais il accomplit lui aussi et Mme Vallaud Belkacem connaît la rage des Français qui doivent en faire plus que d’autres…

Déplacer l'étonnement

Elle sentait tout, la ministre. Najat savait qu’en chargeant Idriss, elle jouerait un rôle perverti par avance. C’était son origine et pas seulement son statut qui serait opposée à l’islamiste. Elle n’a pas voulu jouer ce jeu. Le mot qu’elle a choisi –«malaise»– était juste, y compris dans ce qu’elle ne pouvait pas dire. Ensuite, la peur a dû la reprendre, et elle a fait ce que l’on demande aux ministres de l’État en guerre, tenir le verbe de la laïcité engagée. «Mais quelle horreur!, dit-elle aux journaux. Comment a-t-on pu laisser un tel individu s'exprimer?» Parce qu’il existe, et qui le sait mieux qu’elle? Et, dans son indignation, elle ne dit pas tout ce que son élégance écœurée montrait, dimanche, sur le plateau. Voilà la France. On ne se dit pas tout, et même les ministres doivent plier leur intime… En même temps, on se souviendra que face à un humanitaire intégriste, la norme républicaine et la décence médiatique étaient incarnés par deux arabes, et nous commençons à avancer, si nous échappons à l’ethnique, et si nul ne prend, chez les enragés, Belkacem ou Baddou pour des Oncles Tom...

On racontera ça à Moussa, quand il reviendra, si on le croise, on lui dira ce qu’il a provoqué. On lui dira aussi qu’une ministre humaniste ne savait pas, le 24 janvier, qu’un humanitaire français était arbitrairement détenu par une justice obscure depuis plus d’un mois –car elle l’avait reconnu, la ministre, juste avant le scandale et le buzz, elle ne le connaissait pas. Et ç’aurait du être ça, aussi, l’étonnement du dimanche.

La France est notre promesse, il y a du boulot.

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