France

Au Burkina Faso, les soldats français victime du «syndrome de la ligne Maginot»

Jean-Dominique Merchet, journaliste à L'Opinion, se désole que les forces françaises aient été «contournées» par les terroristes d’Aqmi, qui ont frappé à Ouagadougou alors que les soldats de l’opération Barkhane stationnent au nord du pays.

Des soldats français au Mali en mars 2013. REUTERS/Francois Rihouay
Des soldats français au Mali en mars 2013. REUTERS/Francois Rihouay

Temps de lecture: 2 minutes - Repéré sur L'Opinion, Le Monde

La ville de Ouagadougou, capitale du Burkina Faso, a été le théâtre dans la nuit du vendredi 15 au samedi 16 janvier d’un attentat terroriste qui a fait au moins 26 morts et 33 blessés. A la manœuvre: le groupe Mourabitoune de Mokhtar Belmokhatar, proche d’AQMI (Al Qaïda au Maghreb Islamique). Une attaque qui illustre, selon Jean-Dominique Merchet, journaliste à L'Opinion, l’incapacité de l’armée française sur place à lutter contre des groupes armés qui contournent les défenses françaises, frappant toujours là où l’on ne s’y attend pas. Un peu comme en 1940 les troupes allemandes ont contourné la Ligne Maginot en passant par les Ardennes, les forces françaises sont victimes du «syndrome de la ligne Maginot», avance le blogueur.

Que s’est-il passé? Les terroristes ont d’abord frappé vendredi soir les clients du bar restaurant Cappuccino, café fréquenté par la communauté internationale et situé le long de l’une des artères principales de la capitale, l’avenue Kwame N’Krumah. Un blessé interrogé par Le Monde qui a vu les assaillants affirme qu’ils étaient très jeunes: «C’était des enfants. J’ai eu l’impression que leurs tirs les faisaient reculer, tant leurs armes paraissaient lourdes pour eux.» Puis les hommes armés se sont rendus dans l’hôtel en face, le Splendid. Ils ont pris en otages des touristes et clients. L’assaut a été finalement donné vers 2 heures du matin et s’est terminé à 6 h 30, selon une source sécuritaire citée par Le Monde.

Bilan faible

Une preuve pour Jean-Dominique Merchet que Barkhane, l’opération militaire française au Sahel qui coûte 700 millions par an, «a une nouvelle fois été contournée par son principal ennemi»:

«L’ennemi évolue, s’adapte et conserve l’initiative. Il parvient à contourner les 4 000 hommes de l’opération Barkhane et leur quarantaine d’aéronefs divers. Il vient frapper au cœur de la capitale burkinabé, à quelques encablures du PC de l’opération Sabre - c’est-à-dire des forces spéciales françaises (près de 400 hommes) engagées au Sahel. (...) Comme Sentinelle sur le territoire national, Barkhane est victime du syndrome de la ligne Maginot. Ces opérations empêchent l’ennemi de passer là où l’on a décidé qu’il ne passerait pas, mais il n’en a cure et prend un autre chemin.»

Pour le blogueur, le bilan de Barkhane, qui a abouti à la neutralisation d’une quarantaine de combattants, est trop faible. «Les discours d’autosatisfaction (...) ne sont plus à la hauteur de la situation militaire à laquelle nos armées font face. Trois ans après la guerre victorieuse au Mali, l’ennemi s’est adapté : toute la question est désormais de savoir comment nous allons nous adapter à son adaptation».

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