Culture

On a vu pour vous le pire (et le meilleur) des comédies françaises de 2015

Bilan en vingt-cinq films d'une année sous le signe des blockbusters sans surprise, des bons premiers films et de l'arrivée de la «Hollandexploitation».

«Le Grand Partage»
«Le Grand Partage»

Temps de lecture: 19 minutes

Ceci est mon cinquième classement des comédies françaises de l’année (vous pouvez lire ici les tops 2011, 2012, 2013 et 2014), et la seule chose qu’il faut savoir, c'est qu’il se lit du meilleur au pire. De la plus franche rigolade à la consternation. De la 25e à la 16e position, c'est la crème de la crème, de la gaudriole mais aussi de l'humour intelligent ou simplement qui fait mouche: la preuve que, contrairement aux idées reçues, tout n'est pas fichu pour la comédie française. De la 15e à la 9e place, le ventre mou de la comédie: pas forcément réussie, mais avec quelques qualités, une certaine prise de risque... ou bien il s'en est fallu de peu pour ne pas sombrer. Enfin, de la 8e à la 1e place, on trouve le pire du pire de la production française: aucune excuse possible.

Aussi étonnant que cela puisse paraître, 2015 a été plutôt un bon cru pour la comédie française. Un expert en box-office dirait le contraire: pas de phénomène à 12 millions d’entrées comme Qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu?, pas de grosse artillerie made in Astérix. Mais d’un point de vue de simple spectateur, il y a eu de la qualité.

Je tiens aussi à faire un mea culpa. En 2014, bouclant ce périple annuel, j’ai manqué la grotesque Famille Bélier et tous ses acteurs qui surjouent les malentendants dans une campagne imaginaire. Cette année, c’est bon, j’ai tout vu. Et après écrémage, je n’en ai gardé que les 25 qui me paraissent être les plus représentatives.

Alors désolé, Manu Payet et Joeystarr dans le tristoune Les Gorilles. Pardon Lelouch pour Un + une, ta romcom avec ton Inde filmée avec condescendance. Oublié Le Talent de mes amis, ou la tentative loupée d’Alex Lutz d’adapter l’essentiel de son one-man show en un buddy movie. Sorry Jérémie Elkaïm, je n’ai pas retenu ta prestation étrangement bonne de gaffeur dans le gentil Les Bêtises. Et puis tant pis pour le Patrick Bruel 2015, qui continue de jouer les irrésistibles jeunes premiers de 56 ans avec autant de panache et de mégalo qu’un Tom Cruise au galop.

S’il y a une idée générale cette année, c’est qu’il n’y a aucune surprise au niveau des blockbusters du rire. Etonnamment, on trouve de chouettes moments de rigolade autour de l’enfance. Un indice comme un autre: parmi les sept meilleures comédies françaises de l’année, cinq sont des premiers films.

25.Papa ou MamanUn petit miracle de mauvais esprit

Fuck les bons sentiments. En 2015, «l’enfer, c’est les gamins».

Deux parents divorcent mais ne veulent pas la garde de leurs enfants. Laurent Lafitte et Marina Foïs rivalisent de fils-de-puteries pour les dégoûter. Elle est parfaite, lui canalise son meilleur, «À votre écoute, coûte que coûte».

 


C’est féroce et la situation va en s’empirant, comme dans une Guerre des Rose à l’ère des familles recomposées. Il faut voir ces quelques scènes d’anthologie où Laurent Laffite offre une pierrade Téfal à l’anniversaire de son fils, ou Marina Foïs qui essaye de choper les copains de classe de sa fille. Papa ou Maman est le petit miracle de mauvais esprit hilarant que mérite cette année.

24.Le NouveauQuasiment un «Les Beaux Gosses Origins»

Le problème avec les enfants dans les comédies, c’est qu’on a souvent envie de les noyer tant ils jouent mal. Ils partent souvent avec des handicaps, ces fameux «bons mots d’adultes», des dialogues d’une bêtise à se taper la tête contre les murs. Souvenez-vous de Moi César, 10 ans ½, 1m39, Big City ou Génial mes parents divorcent. Ici, on a envie de se taper la tête car on reconnaît tous ces gamins dont c’est le premier rôle. Le pitre bogosse et populaire, le timide, «les bandes», les filles entre elles, les studieux sans swag, les bouffons, tous les archétypes sont là, avec drôlerie et aussi une violence sourde. Ils sont en 4e, au moment où la vie a l’air parfois si moche et si injuste, surtout quand on change de bahut.

 


D’un naturel stupéfiant, Le Nouveau aurait presque pu être un Les Beaux Gosses Origins si l’histoire ne se déroulait pas à Paris. Max Boublil, utilisé avec parcimonie, est parfait en enfant-adulte un peu concon. C’est simple et limpide, sans aucun des pièges des «réseaux sociaux» et du «tchat» claqué à toutes les sauces, comme dans le pathétique LOL. Le coup de génie est d’avoir ici saisi l’universalité du sujet, de la même manière qu’a pu le faire Vice Versa de Pixar.

23.LoloVincent Lacoste sait faire grincer des dents comme personne

«En 2015, l’enfer, c’est les gamins», à nouveau.

Lolo, interprété par Vincent Lacoste, est le pire des gosses possibles puisqu’il fait fuir tous les mecs de sa mère célibataire. Un jour, le nouveau mec en question, c’est Dany Boon. Lolo ne va lui faire aucun cadeau.

 


Julie Delpy a son public et personnellement, j’en suis. Plutôt habituée des outsiders et des acteurs pour hipsters, elle s’entoure d’un casting fabuleux. Evidemment, il y a de trop gros raccourcis qui tachent: Dany Boon, présenté comme un plouc de Biarritz, finit génie de l’informatique à la City. Personne n’y croit.

Ce qui fonctionne avant tout ici, c’est le talent comique de Vincent Lacoste. Il sait faire grincer les dents comme personne. Sa spécialité, c’est d’instiller le malaise d’un sourire. Un regard et c’est le vertige au fond de son âme de pervers narcissique freudien. Quelle autre comédie pouvait offrir à ses spectateurs un flashback aussi dérangeant qu’un tétage de sein contrarié en noir et blanc et en même temps rester drôle? C’est Lolo.

22.Comment c'est loinLa tentative française la plus réussie de faire du Apatow

Pas évident de mélanger deux sujets casse-gueules. D’un côté, l’oisivité et la léthargie, qui peuvent vite devenir emmerdantes au cinéma (rappelez-vous Libre et assoupi). De l’autre, le parcours initiatique rap, avec tout le pathos imaginable et pas toujours la garantie d’un bon film.

 


Comment c’est loin s’impose une difficulté supplémentaire: c’est aussi un proto 8 Mile situé à Caen, filmé de la manière la plus sexy possible et crue, borderline Kechiche. Malgré les galères, leurs bêtises et leur laissez-aller, Orelsan et Gringe s’offrent un rôle qui leur permet de grandir et de s’épanouir. Leur arc narratif, allant de la feuille blanche et du phrasé mou à un flow implacable, décrit de manière claire la tentative française la plus réussie de faire une comédie à la Apatow.

21.21 nuits avec PattieLa meilleure comédie sur la nécrophilie de l'année

Un jour, Isabelle Carré débarque dans la maison de sa mère récemment décédée, avec tout plein de formalités à gérer. Seulement voilà, le corps de la défunte disparaît. Est-ce son ex-amant, joué par un Dussollier lunaire, qui a fait le coup?

 


L’humour du dernier film des frères Larrieu repose principalement sur votre propension à apprécier Karin Viard, qui, un verre à la main, raconte en détail comment elle se fait littéralement démonter durant sa riche et tumultueuse vie sexuelle. Je peux vous le dire avec certitude, on peut l’écouter pendant des heures comme ça. Car 21 nuits avec Pattie, c’est presque comme un film porno mais sans aucune scène de cul, l’humour en plus. La moindre baignade dans l’eau froide s’y transforme en métaphore d’orgies romaines et la tension sexuelle est aussi palpable qu'hilarante. Et je peux m’engager sur une chose: 21 nuits avec Pattie est de loin la meilleure comédie française de l’année ayant pour thème la nécrophilie.

20.DiscountPas si loin d'un Ken Loach

Une bande d’employés décide de récupérer les produits gaspillés par le supermarché où ils travaillent. Ils finissent par monter un réseau de discount parallèle.

J’ai failli parler ici de Qui c’est les plus forts?, le dernier De Turckheim et ses chômeuses / pom-pom girls qui font aussi du téléphone rose pour s’en sortir et/ou conserver la garde de leurs enfants. Et puis non. Tant qu’à parler de cette bérézina qu’est la comédie sociale à la française, autant parler d’une réussite.

 


Loin de l’angélisme de fanfics de gauche comme Bowling ou Les Reines du catch, la caméra s’attarde ici sur l’inhumanité de la grande distribution. Le contexte est hostile, kes méthodes sont cruelles au moins autant que le final est abrupt. Pas de Zebda à l’horizon, malgré un «Solidaires, solidaires» qui revient comme une chanson. Ce sont les comédiens, d’Olivier Barthelemy à Corinne Masiero en passant par M’Barek Belkouk, Sarah Suco et Pascal Demolon, qui mènent la danse. Tous ont l’air habités par le propos. Ces téméraires s’y abandonnent comme s’il faisaient du Ken Loach et Discount en sort grandi.

19.Un peu, beaucoup, aveuglémentEt si la meilleure romcom de 2015 était signée Clovis Cornillac?

Une idée qui va beaucoup déranger: et si la meilleure romcom de l’année était réalisée par Clovis Cornillac, jouée par Clovis Cornillac dans le rôle du tombeur, scénarisée par Clovis Cornillac avec sa femme? Je sais, ça peut déranger, un peu, beaucoup.

 


Et pourtant, Un peu, beaucoup, aveuglément fonctionne grâce à son pitch absurde sans une once de cynisme. Pensez donc: des voisins de palier qui tombent amoureux sans jamais se voir.  C’est important pour une romcom, les seconds rôles sont intéressants, à commencer par l'improbable Philippe Duquesne en bogosse, il faut le faire. Parfois, il ne faut pas se fier aux apparences, car ça fonctionne à merveille.

18.Microbe et GasoilUne jolie fable sur l'enfance

Les meilleurs films de Gondry sont ceux où il capte la réalité sans trop tomber dans les délires bricolo-rigolo, comme dans le superbe The We and I. Microbe et Gasoil aurait pu être un film en papier-crépon et en balsa de plus, comme L’Écume des jours. Il se contente d’être une jolie fable sur l’enfance, passée presque inapercue à sa sortie. Les gamins jouent vraiment bien, ce qui aide Gondry à trouver le ton juste pour cette comédie sur la nostalgie de l’enfance.

 

 

17.Je suis à vous tout de suiteUn film-fable qui ose la prise de risques

Le duo Kasmi-Leclerc du Nom des Gens frappe à nouveau, et cette fois c’est elle qui réalise. Je suis à vous tout de suite reprend la recette qui a tant fonctionné dans leur précédent succès, à savoir une TRÈS belle fille, pas du tout avare de son corps, qui utilise sa sexualité librement, presque comme une arme pour faire le bien. Dans ce rôle, Vimala Pons rayonne comme une future star.

 


De multiples sujets s’entrechoquent dans ce film-fable. Des sujets costauds tel que la radicalisation, le viol, la pédophilie… En lisant ça comme ça, on s’imagine le pire, voire du Coline Serreau. C’est évident, Je suis à vous tout de suite n’a évidemment pas pris le chemin le plus facile pour nous faire marrer. Ca ne marche pas systématiquement et on grince souvent des dents. Mais il y a quelques moments où le film décolle, sans rentrer dans le laïus idiot. C’est un équilibre très difficile à trouver et vu la prise de risques, le fait que cette comédie y arrive tient souvent du miracle.

16.La vie très privée de Monsieur SimUne série d'actes manqués

15 décembre 2015. Alors que des milliers de gens se ruent sur Star Wars Episode 7, Michel Leclerc joue la contre-programmation avec Bacri. Dans la bande-annonce, on voit  Jean-Pierre littéralement tuer d’ennui son voisin dans l’avion. On se dit que ça va être bon. Bon dieu, Bacri qui ne passe pas son temps à se plaindre, un rôle inédit en plus!

 


Au fur et à mesure, on comprend que Sim est un «dépressif heureux», un grand benêt qui va faire un breakdown à force de parler à son GPS. Adapté d’un roman de Jonathan Coe et deuxième film Kasmi-Leclerc de l’année, les aventures de M. Sim sont divertissantes jusqu’à que le réalisateur du Nom des Gens décide de faire grogner Bacri torse nu dans la neige. Cette «vie très privée» est une série d’histoires d’actes manqués traitées de manière humoristique. On en ressort désarçonné, épuisé, parfois avec l’envie de se suicider au sabre-laser. Et surtout, bonnes fêtes!

15.Les nouvelles aventures d'AladinPas si nul que ça

«Alors, c’est si nul que ça?» Telle est la question qui est revenue le plus souvent, surtout avec le succès incroyable et surprise de cette comédie, premier film français du box-office. Forcément, la présence de Kev Adams y est pour beaucoup. Je n’ai rien contre Kev (classé très haut l’année dernière pour son Fiston, un film tenu entièrement par Franck Dubosc) mais c’est comme ça, il crispe.

 


Cette version whitewashing d’Aladin est sans doute la comédie qui a le plus tenté de capter l’air de l'époque, à la manière d’Astérix, mission Cléopâtre en son temps. Stars du stand-up, de la télé... Bon sang, il y a même du Hanouna dans cet Aladin 2015.

Pourtant, ce n’est pas aussi nul que ce que l’on a pu dire malgré un méta-film horripilant. En fait, Kev incarne Sam qui raconte l’histoire d’Aladin à des enfants dans un grand magasin. Toute cette partie «comédie sociale» n’existe que pour nous faire comprendre que Sam/Kev/Aladin n’est pas, promis, un escroc, mais franchement, ça, on pouvait s’en passer. Le meilleur gag, c’est Kev qui grimpe à la corde avec une flûte dans le cul dont il joue en pétant. Vous voyez que ce n'est pas si mauvais!

14.Nous trois ou rienUn «feel-good movie» un peu tarte

«Ce film n’est pas inspiré d'une histoire vraie. C’est une histoire vraie.» Urticaire à chaque fois que j’entends ce slogan nul. Dans ce film autobiographique un peu mégalo, Kheiron nous fait une Guillaume et les garçons, à table!: au lieu d’aller voir un psy, le comédien-réalisateur incarne son parent car, sans doute, personne ne peut le faire aussi bien que lui. Kheiron bébé a aussi son mot à dire puisqu’il réussit à sauver la famille en vomissant sur un soldat au bon moment. Même gamin, c’est un héros!

 


L’histoire commence bizarrement comme un pastiche de prisons iraniennes où tout le monde parle français. Le père de Kheiron, opposant, y est incarcéré et suivent quelques gags «LOL la torture» pendant que les caméos de copains défilent. Une fois sorti, il emmène sa femme et son fils Kheiron loin de la révolution iranienne. Malheureusement, le personnage du beau-père, joué par Gérard «Fabulous» Darmon, ne peut pas faire le voyage.

Arrivé en France dans ce qui ressemble à un tout autre film, le papa va littéralement sauver une ville de banlieue toute entière. Ce spectacle, qu’on dira pudiquement naïf pour ne pas dire concon, se termine avec des portraits géants de visages collés au mur comme du JR. Parfaitement inoffensif, Nous trois ou rien laisse un goût amer de feel-good movie un peu tarte où «tout est une histoire vraie».

13.Connasse, princesse des cœursDes sketches YouTube délayés sur 80 minutes

Deux, trois bonnes scènes, c’est tout ce qu’il y a dans ce film tourné en caméra cachée. Camille Cottin, super actrice même dans les daubes, est un pantin relié par oreillette aux deux réalisatrices planquées dans un van. La performance en sort amoindrie, surtout que la moitié des blagues reposent autant ses capacités d’anglais limitées que sur son toupet. Ca ne tient clairement pas la longueur, surtout pendant le gros ventre mou que traverse le film.

 


Si les sketchs calibrés au format YouTube de Connasse fonctionnaient à merveille, je ne peux m’empêcher de penser que sur 80 minutes, sans autre arc narratif que sa propre stupidité, sans aucun autre propos mémorable, c’est trop. Ca y est, j’ai envie de revoir Borat pour oublier ça.

12.Comme un avionLa «comédie MK2 de l'année»

Ou un bon candidat pour le titre de «comédie MK2 de l’année». Dans ce film de et avec Bruno Podalydès, on nage en plein délire un peu mégalo d'un quinqua qui part seul en kayak.

 


Quelques bons moments remontent à la surface mais Comme un avion donne l’impression que Podalydès a simplement laissé tourner la caméra, avec beaucoup d’impro, en se disant que c’est génial. Forcément, ça ne marche pas à tous les coups. Sous couvert de légèreté à la limite de l’oisiveté, ça se sent, on s’est beaucoup regardé filmer.

11.BisUn bon concept ne fait pas une bonne comédie

Souvent, un concept est plus fort que son exécution. Prenez celui-là: à la suite d’un accident, Kad Merad et Franck Dubosc partent vivre dans leur propre corps dans les années 1980. Qui n’a pas envie de voir ça, bon sang!

 


Malheureusement, toutes les bonnes vannes, sans aucune exception, se trouvent dans le trailer. Ce qui reste du film réalisé par Farrugia, c’est un buddy movie un peu déprimant, là où on voulait plus de gags sur les paradoxes temporels. Une très bonne bande-annonce donc, et un moment interminable à passer ensuite.

10.CapriceDu hardcore marivaudage à la sauce Mouret

Confession: je n’ai jamais pu saquer les films d’Emmanuel Mouret, spécialiste français du hardcore marivaudage. Je vais donner l’impression de dire du mal de Caprice, mais c’est faux, c’est sans doute son meilleur depuis des lustres. Après son bide-drame «avec Joeystarr dans le rôle de Jean, électricien qui quitte Virginie Ledoyen pour une autre» (rires), Mouret revient à la romcom pure et le sujet qui l’intéresse le plus: lui-même, qu’il va incarner lui-même.

 


Instituteur comblé et marié à une belle actrice célèbre (Virginie Efira), il fait la rencontre de Caprice (sublime Anaïs Demoustier), qui lui fait des avances, il est si irrésistible, olalala la tentation, olalalala. Comme d’habitude, il finit par pécho les deux, parce que, hé, c’est son film, et surtout ça se passe TOUJOURS comme ça chez Mouret. Son meilleur ami (joué par Laurent Stocker, toujours un mystère pour moi) ne fait qu’accroître cette impression que toutes ces femmes sont beaucoup trop bien pour ces mecs. #OutOfTheirLeague

On dit qu’une romcom est bonne quand on finit par tomber un peu amoureux de ses personnages, garçons comme filles. Ici, les mecs sont toujours autant sans saveur.

9.Un Village presque parfaitAssez de remakes nord-américains!

OK, stop. Assez de ces remakes de films américano-canadiens. Souvenons-nous de l’atroce Fonzy, copie carbone de Starbuck mais avec José Garcia. Réalisé par Stéphane Meunier (Les Yeux dans les Bleus!), Un Village presque parfait, calque sans saveur du film canadien La grande séduction, tombe à plat. Il y a bien Didier Bourdon en gentil maire de la ville, mais de toute manière, qui a envie de le voir dans un autre rôle que celui d’un enfoiré?

 


Mais cette vague de remakes n’est pas prêt de changer. Et ta soeur, remake léger de l’atroce film indé américain Ma meilleure amie, débarque dès janvier 2016. Au. Secours.

8.Entre amisUn vrai naufrage

Après l’atroce On a marché sur Bangkok et avant Les Tuche 2 (Seigneur, pourquoi ?!), Olivier Barroux décide de couler un peu plus sa filmo avec Entre amis. Un trio de couples part en croisière et va traverser une tempête. Auteuil, Jugnot et Berléand barbotent leur cabotinage le plus éhonté tandis que les femmes n’ont qu’un seul trait de caractère, au choix chieuse, conne ou frigide. Entre amis se termine par un naufrage, évidente mise en abyme d’un spectacle consternant de cachetonneurs dans leur canot de sauvetage. En vérité, on avait envie qu’ils se noient, tous.

 

 

7.Nos femmesBoulevard cradingue et acteurs hystériques

Nos femmes, on ne les verra pas trop dans le film du même nom. Auteuil (again!) et Berry voient leur pote Thierry Lhermitte débarquer alors qu’il dit avoir tué sa femme. Le couvrir, l’aider ou le balancer, quel dilemme dans ce huis-clos adapté par Berry d’une pièce de théâtre d'Éric Assous déjà mise en scène par Richard Berry.

 


Un double parfait de Entre amis, sauf que là, les femmes (chieuses, connes, etc, on connaît la chanson) n’ont même pas fait le déplacement. A priori, il n’y a pas de mauvais sujet pour une comédie, pas même celui d’un mec qui a assassiné sa femme. On est ici dans le boulevard le plus cradingue mené par des acteurs hystériques, comme dans un pénible film de Jean-Marie Poiré en fin de règne.

6.Les Profs 2Quand la comédie française ressemble à une MST

Je ne sais pas si «mal parler une langue dans un pays étranger» fait rire quelqu’un. Pourtant, c’est un cliché français qui revient régulièrement et c’est nul. À chaque fois. Astérix. Hollywoo. Bientôt Les Tuche 2. Pitié, STOP. En déplaçant l’intrigue des Profs en Angleterre, leur humour de cancre est devenu une leçon de «bad engrish».

 


Anecdote pas très amusante: Christian Clavier qui, dans la vie, est parti vivre à Londres tel son personnage gaulliste de Qu’est-ce qu’on a fait au bon Dieu?, a cédé ici sa place à Didier Bourdon. Clavier est allé prendre la place de Jugnot dans Babysitting 2. Jugnot, lui, a rejoint le Olivier Barroux 2015. A ce niveau, la comédie française ressemble à une MST.

5.La véritable histoire de Robin des BoisTout le monde n'est pas Mel Brooks

L’équipe du sympathique Les Gamins tente le pastiche à la Mel Brooks avec sa propre version de Robin des Bois (que Mel Brooks a d’ailleurs déjà réalisé en 1993). Mais bon sang, qu’est-ce qui s’est passé? Robin est ici un escroc minable jusqu’à ce que l’amour le change. Malgré la présence impériale de Gérard Darmon en shérif de Nottingham, tous les gags sonnent creux. Toutes les punchlines sont terrifiantes de nullité. Et, surprise, ce n’est pas le caméo final de M. Pokora qui va sauver l’affaire, loin de là. Pour gagner votre temps, allez directement à la baston finale car le meilleur gag s’y trouve. Il repose sur une flèche dans le cul. Avant, vous pouvez piquer un roupillon.

 

 

4.Babysitting 2Le mur du son de la nullité

Babysitting, premier du nom, pompait allègrement Projet X en y mettant une sorte d’énergie qui fonctionnait agréablement par moment. Remember la scène de Mario Kart à la sortie de la fête foraine. En remplaçant Jugnot par Clavier et en déplaçant son intrigue au Brésil, Babysitting 2 franchit le mur du son de la nullité. Borderline raciste (les Amazoniens sont idiots) et assurément condescendant –il faut voir aussi ce «masseur» brésilien qui «pompe le dard» (hohoho) et ensuite tient la main avec tendresse.

 


Il y a plus de femmes dans l’intrigue mais comme dans toutes les pires comédies, elles n’ont aucune fonction sinon se plaindre, être jalouse ou «être bonne». Ce qui prédomine, c’est la nullité de cet humour de cancre et de connards qui se font des farces entre eux mais qui finissent par devenir insupportables. Vu le succès de cette suite, un épisode 3 est à prévoir. #NotInMyName

3.Certifié halalLe gag-twist le plus atroce de 2015

Certifié Halal a vu sa diffusion en salles enrayée au dernier moment. Et vraiment, on se demande pourquoi quand on lit l’histoire. Kenza (Hafsia Herzi), jeune militante à «Ni poules ni soumises», est mariée à son insu via Skype par son frère qui en a ras le bol car elle lui fout la honte. Il l’envoie sous GHB au bled pour le mariage. 2015, les amis.

 


Je pourrais vous laisser avec ça, mais non. Il n’y a pas de sujet, pas un seul, qui ne pourrait prêter à la comédie, pour peu qu’elle soit bien écrite. Mais le gag-twist est atroce: deux mariages vont s’entrechoquer et il va y avoir un «échange de mariées», cachées sous des draps et à moitié droguées. Je ne plaisante pas. On a mal pour tous les acteurs, à l'image de la scène de danse qui s’éternise, comme du Kechiche mais sans talent. Hafsia finit par cuver son GHB, la morale est sauve à la fin, les filles triomphent mais bon sang, on prie tous les dieux pour que le film s’arrête.

2.Toute première foisBromance en panne

Sous couvert de faire une comédie de moeurs en renversant les codes, on finit souvent par faire de la bouillie. Toute première fois raconte un coming out à l’envers, celui de Pio Marmaï, visiblement bon acteur une année sur deux. Il est un homo qui va bientôt se marier mais qui, après un coup d’un soir, se demande s’il n’est pas hétéro. Il va même aller voir sur un Doctissimo-like, comme s’il avait chopé une maladie. Après, il demande l’avis de son meilleur pote hétéro-beauf, le genre à faire l’hélico avec sa bite dans le vestiaire. Mais en fait, la vraie histoire ici, c’est la bromance entre ces deux types, qui va les entraîner jusqu’au fond de la Suède récupérer sa blonde.

 


Ça pourrait n’être qu’une mauvaise comédie, mais c'est pire: le mariage gay final est un grand moment de malaise avec ses personnages secondaires, l’un peintre spécialisé en vagins (?!), l’autre policier apparu le temps d’une scène, qui se révèle être une pure Zaza. Pendant ce temps, l’ex de Pio crache dans le verre de sa rivale comme un petit salopard. La gêne est totale et absolue. Même Camille Cottin, au meilleur de sa forme, ne peut pas sauver cette comédie où les vannes ne fonctionnent pas.

1.Le Grand PartageAttention, la «Hollandexploitation» arrive!

Ca y est, on a dépassé la moitié du quinquennat socialiste. 2016 va donc subir une déferlante de films que je qualifie de «Hollandexploitation». Préparez-vous, car ça va être l’année du cinéma des déçus de la gauche, un mélange de riches débrouillards qui deviennent pauvres, de punchlines de lecteurs du Figaro et probablement un peu de racisme ordinaire. L'alternance est en vue et, en cela, Le Grand Partage est un film prophétique. Posons l’idée farfelue du film: à la suite d’une vague de froid au cours d’un hiver glacial, le gouvernement fait passer un décret. Tous les gros appartements vont devoir héberger les SDF et les précaires.

Plusieurs familles du VIe arrondissement de Paris se voient forcées d’ouvrir leurs portes à ces indésirables et s’affrontent laborieusement sur fond de coups bas et de délations pendant deux heures. Les personnages sont assez atroces et Didier Bourdon est le seul qui se donne vraiment la peine de jouer la comédie, magistral en enfoiré bourgeois. Sa femme Karin Viard, frustrée sexuellement, se venge en le balançant. La situation fait bien rire leur fille de gauche qui s’exprime en jouant de la clarinette. Leurs voisins, Michel Vuillermoz, atroce en simili-Guillaume Musso, et son épouse prof (Valérie Bonneton qui joue comme Sophie Marceau, en roue libre) se battent aussi pour n’héberger personne. On imagine sans peine Eric Zemmour utiliser ce film pour mettre en exergue «ces gaucho-bobos bien-pensants».

 


Les personnages secondaires sont consternants mais permettent de déployer une armada de vannes que même Dieudonné n’oserait sans doute pas balancer. Balasko, gardienne d’immeuble facho, «Maréchal, nous voilà» en sonnerie de portable, finit par se faire des tresses quand elle se fait des petits boys africains à son service. Ovni absolu, Patrick Chesnais promène son ennui dans son peignoir en velour rouge (indice: en fait, il est homosexuel). Citons au passage ce voleur moldave (forcément) que Bonneton a swappé sur internet contre la mama africaine qui squattait chez elle.

Quant au couple de juifs joués par Anémone et Berroyer, qui quittent leur appartement pour vivre en face, il n’aura d’autre fonction que de commenter ce chaos généralisé. Quand, horreur, des dizaines de Maliens débarquent dans son ex-immeuble, Anémone s’écrie: «Mais c’est une rafle à l’envers!». Tout le monde a du bon en lui, surtout les gros racistes du VIe arrondissement, et finalement, «on n’a jamais été aussi heureux que pendant l’Occupation» –la phrase que répète sans cesse la mère pas si gaga que ça de Didier Bourdon

Beaucoup de gens pensent qu’on peut difficilement faire pire que 2015 et Le Grand Partage a été là pour renforcer cette idée.

Correction: Dans une première version, la pièce Nos Femmes était attribuée à tort à Richard Berry.

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