Politique / France

La folle semaine où Christian Estrosi est devenu «Super-Résistant» et le dernier rempart face au FN

Bien aidé par la gauche, le député-maire de Nice a gagné son pari. Après une campagne d'une rare violence, il s'impose largement face à Marion Maréchal-Le Pen dans une région où la confusion a régné jusqu'au bout.

Christian Estrosi, le 13 décembre 2015. VALÉRY HACHE/AFP.
Christian Estrosi, le 13 décembre 2015. VALÉRY HACHE/AFP.

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À Marseille (Bouches-du-Rhône) et Brignoles (Var)

Une véritable vague estrosiste. Finalement, les électeurs de gauche ont voté, certains avec rancoeur, certains avec dégoût, mais ont voté pour celui qu'ils combattaient encore hier, lui reprochant son profil trop «droitier», élu avec 54% à 55% des voix selon les premières estimations. La région Provence-Alpes-Côte-d'Azur s'était pourtant jetée dans les bras de Marion Maréchal-Le Pen au premier tour, la hissant à 40,55% des voix. Pour envoyer un signal à la droite? Dans cette région, c'est surtout une recomposition des droites qui s'est dérouée en sourdine, malgré la victoire du «front républicain» qui a marché à plein, et a ainsi permis la victoire de Christian Estrosi.

Depuis plusieurs semaines, le député-maire de Nice avait préparé cette éventualité, égrenant quelques messages en expliquant que son véritable ennemi n'était pas à gauche, mais se situait bien du côté du FN. Un mois avant le premier tour, il expliquait n'avoir «aucune valeur en partage» avec ces «extrémistes qui entretiennent la confusion entre musulmans et islamistes», lui qui, pourtant, n'avait pas toujours été aussi clair sur le sujet. Dans la dernière semaine de campagne, c'est carrément en «résistant» qu'il s'est présenté, envers et contre tout.

Dimanche 6 décembre

Il est abattu, mais pas à terre. Avec seulement 26,48% des voix, Christian Estrosi est largement distancé par Marion Le Pen, qui plastronne au Pontet (Vaucluse), affichant clairement son optimisme. «C'est très dur à vivre mais on se bat», jure l'entourage d'Estrosi. Le Pen annonce la couleur: «Nous sommes prêts!» Quatorze points séparent les deux candidats... C'est énorme. Même dans leurs pires projections, les colistiers d'Estrosi n'avaient pas imaginé pareille déroute. Une véritable claque pour celui qui fut vice-président de la Région, dirigée alors par Jean-Claude Gaudin.

Au QG de campagne, à Marseille, l'ambiance est morose. Estrosi se fait grave: «Le score de Marion Maréchal-Le Pen fait peser sur notre région une des plus graves menaces de son histoire politique. Mme Le Pen représente un danger immense pour notre vivre-ensemble. […] Quel que soit votre vote du premier tour, quelles que soient nos divergences, je vous appelle à faire bloc dans l’intérêt de notre région.»

Les électeurs de Provence-Alpes-Côte-d'Azur ont-ils vraiment saisi les aller-retours idéologiques d'Estrosi pendant cette campagne? D'abord à droite toute, lorsqu'il dénonce la «cinquième colonne islamiste» et attaque de front l'immigration. Puis à gauche, ensuite, en affichant dans son comité de soutiens des personnalités comme l'écrivain mitterandiste Georges-Marc Benamou, le «chasseur de nazis» Serge Klarsfeld ou encore le patron du Racing Club de Toulon, Mourad Boudjellal; pressentant qu'il allait cheminer seul vers le deuxième tour, et qu'il faudrait alors convaincre les électeurs de gauche délaissés par leurs partis. Vers 23h30, le candidat PS Christophe Castaner, crédité de seulement 16,6% des voix, annonce le retrait de sa liste.

«Maintenant, il faut faire attention», estime alors Julien Aubert, tête de liste LR dans le Vaucluse. «À chaque fois qu'on dit quelque chose de fort, les types de gauche nous tombent dessus!» C'est un vrai numéro d'équilibriste auquel va se prêter Estrosi dans cette dernière semaine de campagne. «Il faut que les gens de gauche s'y retrouvent. Ça ne veut pas dire qu'ils sont devenus estrosistes», indique le candidat LR. «Et ça ne veut pas dire que je suis devenu socialiste... Vous me connaissez assez pour le savoir!»

Lundi 7 décembre

Dès 7 heures, comme le raconte Marsactu, Christian Estrosi a rendez-vous avec Jean-Marc Governatori à Marseille, à l'hôtel Radisson, sur le Vieux-Port. Il s'agit de négocier le ralliement du leader de l'Alliance écologiste indépendante (AEI), arrivé en cinquième position. Les deux hommes sont niçois. Ils ne tardent pas à s'entendre. Le deal comprend ainsi la création d'un «Institut pour l’écologie et la qualité de vie», aux contours assez flous, et doté de cinq millions d'euros par an. Un accord est trouvé: Governatori appelle dans la foulée à voter Estrosi, évoquant le projet de société défendu par Le Pen, «incompatible avec nos valeurs», annonce-t-il.

Christian Estrosi peut alors repartir en campagne, à Vitrolles, une ville proche de Marseille qui «a gardé de lourdes cicatrices de la gestion du Front national», lance le candidat LR depuis le pôle d'activités de la ville. De février 1997 à juillet 2002, celle-ci était en effet entre les mains de Catherine Mégret, épouse de Bruno Mégret, ex-numéro 2 du FN, qui fit voter  une prime de 5.000 francs attribuée «aux enfants français nés de parents européens», qui sera annulée par la justice. «Je suis à Vitrolles en résistant, c'est dans la Résistance que la France l'a emporté», ose Estrosi, voyant dans le FN l'héritier du «pétainisme». Ce jour-là, un jeune l'interpelle: «Il faut faire barrage au Front national, parce que les aides...» De quoi parle-t-il? On ne le saura jamais. Le matin même sur BFM TV, visiblement tendu, Estrosi s'emporte contre Jean-Jacques Bourdin, accusé de collaborer à une «chaîne qui a soutenu le Front national de manière honteuse» en lui accordant un temps de parole supérieur au sien. «Vous voulez que je décompte les minutes que vous leur avez accordées par rapport à ma candidature? Vous voulez que je les décompte?» La campagne monte d'un cran. Elle a pourtant déjà basculé dans l'abject et la violence gratuite.

La veille, Jean-Marie Le Pen a asséné un coup dont il a l'habitude. Dans un tweet qualifié d'«antisémite» par Christian Estrosi, le grand-père et «protecteur» de Marion Le Pen postait un message dans lequel on voyait le maire de Nice danser, une kippa sur la tête, avec des membres de la communauté juive, à l'occasion de Hanouka, la fête des Lumières, qui débutait d'ailleurs ce soir-là. «Contre mauvaise fortune bon coeur», plaisantait Le Pen... Supprimé à 23 heures, le tweet ne suscite pourtant aucune levée de boucliers dans le camp de sa petite-fille. À peine Marion Le Pen dira-t-elle ne pas en comprendre «l’intérêt». Durant sa conférence de presse du lundi, la députée de Vaucluse se contente de savourer son score du premier tour et d'envisager une stratégie pour le deuxième: «Notre programme n'a rien d'effrayant», jure-t-elle. «Nous ne changerons pas notre programme, nos convictions. […] Estrosi est de fait le candidat de la gauche.»

Mardi 8 décembre

Le voilà entouré d'un myriade de femmes de tous les âges. Il salue le travail des bénévoles de l'association «Femmes et solidarité», à Nice, en guise de réponse aux attaques de son adversaire sur le Planning Familial, qui ont choqué beaucoup de monde. «Le droit des femmes est non-négociable!», s'emporte Christian Estrosi. «Le FN est archaïque et rétrograde sur ces sujets!» Le soir, dans une conférence de presse, il s'attelle à rétablir des vérités face aux fausses questions de Jean-Marie Le Pen, qui, après son tweet ignoble, s'est naïvement demandé où était le père d'Estrosi pendant la guerre. Le député-maire de Nice retrace alors le parcours de son père, qui refusa le STO et fut enfermé à Clermont-Ferrand. Ça n'a plus rien à voir avec la politique mais Jean-Marie Le Pen, même exclu du FN, parvient à piloter l'axe de cette campagne.

Dans un climat déplorable, les deux candidats se retrouvent ensuite sur le plateau d'I-télé et d'Europe 1. Mais ils se contenteront de répondre aux attaques de façon interposée, sans débattre ensemble, pour une raison qui restera mystérieuse. Dès leur arrivée dans les locaux, l'atmosphère est tendue. Ils prennent la pose devant les photographes, se serrent la main: «Il me semble que vous avez refusé de débattre à plusieurs reprises lorsque je l’ai demandé», pique Estrosi, acerbe, alors que les flashs crépitent. «J’en doute, M. Estrosi, tout le monde sait que le mensonge est pathologique chez vous, mais quand même ce n’est pas en les répétant que ça devient réel.» Le député LR réplique: «Tout le monde sait que vous mentez, matin, midi et soir.»

Face à Jean-Pierre Elkabbach et Mickaël Darmon, Christian Estrosi s'explique sur la tournure qu'a pris cette campagne: «On n'a pas le droit de toucher, dans un combat politique qui n’autorise pas tout, à la personne», dénonce-t-il, voulant défendre l'honneur de son père mort en 2010. «S’attaquer à mon père de cette manière-là, s’attaquer à ma fille, il y a deux ans de cela, que j’aurais marié en secret à un islamiste radical. Ils sont capables de tous les mensonges, de salir chaque individu.»

Tous les coups sont permis? «Je ne comprends pas qu'appartenant à ces générations on puisse, au fond, avoir un sourire aussi jeune et un esprit aussi archaïque, aussi ringard», attaque Estrosi. Il veut rendre les coups mais doit aussi montrer son calme et son sang-froid. Derrière lui, il a engrangé le soutien de la gauche. Il doit maintenant être à la hauteur et défendre ces fameuses «valeurs républicaines» que chacun a désormais à la bouche. Le Pen, elle, dénonce le manque de «courage» de son adversaire qui s'est «autoproclamé “Résistant“». «Les mots utilisées par Marion Le Pen sont très durs et la situation justifie qu'on parle de Résistance», confie Renaud Muselier, tête de liste LR dans les Bouches-du-Rhône. «Ce que je remarque, c'est qu'elle n'aime pas la presse écrite: elle préfère la télé. Pourquoi? Parce qu'elle minaude! Mais toujours dans l'agressivité permanente.»

Franck Allisio, ancien membre de l'UMP qui incarne bien cette migration des électeurs de droite vers le FN dans la région, moque ce «Super-Résistant»:

Mercredi 9 décembre

À quatre jours du second tour, c'est cette fois sur France 3 que les deux candidats se réunissent. Chacun a fourbi ses armes avec son staff. Cette fois, il y aura un débat, long et fastidieux, ponctué de nombreuses invectives, pendant près d'une heure et quart. «Quand on veut présider une instance comme la région, il faut respecter les autres», souligne Christian Estrosi. «C'est vous qui surfez sur les peurs», lui répond Marion Maréchal-Le Pen. Quelques jours plus tôt, au Pontet, les militants frontistes déplorent les contradictions d'Estrosi. Parmi eux, des jeunes qui oeuvrent dans l'ombre de la campagne, organisent les meetings, verrouillent les agendas et mettent de l'huile dans la machine: «Qui a dit que l'islam était incompatible avec la République?», lâche l'un deux, qui s'amuse du portrait de «Super-Résistant» que les réseaux sociaux ont affublé au candidat de la droite et du centre. «Ça n'est pas Marion qui a dit ce genre de choses, c'est Estrosi! Il est allé beaucoup plus loin qu'elle sur plein de sujets qui devraient vous choquer...»

Effectivement, depuis quelques jours, des portraits parus dans la presse rappellent que Christian Estrosi n'a pas toujours eu les mêmes pudeurs à l'égard du Front national. Son profil droitier dérange. À Nice, il marche sur deux pieds, la sécurité et les arrêtés municipaux choc: couvre-feu pour les moins de 13 ans en 2009, arrêté contre la «mendicité agressive» en 2012 et une «charte» des mariages qui interdit les «youyous», comme le rappelle Libération.

Et puis, de vieilles photos ressortent. Les dossiers sont épais. Que faisait-il à ce défilé, sous une banderole Front national? «La photo date des années 1980», rappelle Streetpress, qui détaille l'histoire par l'intermédiaire de Jacques Peyrat, ancien député FN et organisateur de l'évènement en 1988: «C’était une manifestation pour la Nouvelle Calédonie organisée à la suite des événements qui s’étaient passés là-bas à la grotte d’Ouvea [en 1988, ndlr]. Un rassemblement monté par le Front national dont j’étais le responsable à l’époque, d’où la bannière. Le maire [Jacques Médecin, ndlr] était venu à cette manifestation et tous ses séides avaient suivi.»

L'entourage d'Estrosi crie à la manipulation. Le député centriste Rudy Salles affirme, quant à lui, qu'ils ont été piégés: «Des militants du FN ont brandi la bannière juste au moment de la photo.» «On voit aujourd’hui Christian Estrosi jouer la vierge effarouchée, mais je rappelle qu’en 1988, 1992, 1993 et 1998, il était l’homme qui négociait avec le Front national de Jean-Marie Le Pen», s'insurge Marion Maréchal-Le Pen. «Il a préféré s’allier avec la gauche en fonction de ses intérêts. Cet homme ne pense rien.»

À Marseille, ce mercredi soir, tous les ténors du FN se joignent à Marion Le Pen pour assurer le spectacle et défier le front républicain. Gilbert Collard, en voisin du Gard, est venu donner le change. Comme à son habitude, avec la finesse qu'on lui connaît:

«On assiste à un phénomène psychiatrique d’arriération mentale qui frappe le parti socialiste. On n’est pas en 2015, on est en 1940, en pleine guerre. La montée des périls est là mais heureusement, on a un résistant! A l’époque, ils n’étaient pas non plus très nombreux quand le Parlement issu du Front populaire votait les pleins pouvoirs à Pétain.»

Du côté du FN, on est relativement confiant, même si on sait que le retrait des listes de gauche n'est pas une bonne nouvelle: «En réalité, c'est un véritable cadeau qu'ils nous ont fait», jure un membre de la garde rapproche de Marion Le Pen. «Si Marion ou Marine gagne, ça voudra dire que le FN enjambe le Front républicain, que celui-ci ne vaut pas un clou! Et ça met en position de présidentiable Marine, qui aura prouvé qu'elle peut gagner en duel.» C'est donc plus qu'une élection locale qui se joue ici. Et c'est à Estrosi d'assumer ce rôle de rempart face à une recomposition du jeu politique. «Marion Maréchal-Le Pen incarne la droite de demain», jure Olivier Bettati, ex-adjoint d'Estrosi passé avec armes et bagages du côté du FN et tête de liste dans les Alpes-Maritimes.

Dans le même temps, la «Résistance» se fissure. Candidat historique du Front de gauche à Marseille, Jean-Marc Coppola attaque de front son adversaire du premier tour, en faveur duquel il n'a pas lancé de consigne de vote formelle, tout en appelant à faire battre l'extrême droite: «Christian Estrosi se présente désormais comme un grand résistant. On me permettra d’être dubitatif», juge-t-il dans Haute-Provence Info. «Je ne crois pas qu’il incarne la résistance nécessaire face à l’extrême droite. De même, j’ai du mal à imaginer qu’il tiendra compte de nos propositions pour la région, qui sont très éloignées des siennes.»  

Jeudi 10 décembre

Enfin de bonnes nouvelles. Il en fallait bien, dans cette semaine catastrophique pour le camp Estrosi. Selon un sondage Ifop, le candidat LR obtiendrait 52% des voix face à Marion Maréchal-Le Pen. La veille, un sondage TNS-Sofres donnait 54% au maire de Nice. Toutefois, ces chiffres prennent en compte des reports de voix de gauche massifs vers Estrosi, ainsi qu'une participation des abstentionnistes bien supérieure au premier tour. Qui sait: les électeurs vont-ils se mobiliser pour faire barrage au FN?

À Paris où elle a rassemblé ses têtes de liste,  Marine Le Pen en remet une couche sur le nouveau slogan de la droite républicaine:

Devant près de 1.000 personnes, la présidente du FN lance ses dernières salves: «Le plafond de verre a très largement cédé. Six millions de voix dans une élection locale, le Front en tête dans six régions et à égalité dans une septième, ce n’était jamais arrivé.»

À Brignoles où il donne un meeting, Christian Estrosi se plaît à rappeler que Marion Le Pen a choisi Paris pour son dernier rassemblement. Candidate en 2010 dans les Yvelines, celle-ci n'avait-elle pas affirmé «Je suis francilienne avant tout»? Christian Estrosi a beau répéter qu'il a «le cuir épais», il est sorti atteint par cette campagne des régionales. Devant plusieurs centaines de militants réunis, dans cette ville du Var dirigée par la droite et à trois jours du second tour, il débute son discours, fatigué et ému: «Pendant cette campagne, nous avons fait face à la calomnie de l'extrême-droite. Mais, encore plus après les attentats du 13 novembre, je me suis dit: “Tu n'as pas le droit de te plaindre“. Peut importe l'âpreté de cette campagne.»

Les affiches bleu et jaune d'Estrosi sont désormais barrées d'un slogan qui invoque l'histoire: «Résistance». Lui qui rappelle son étiquette de «gaulliste social» et salue un Jacques Chirac hospitalisé (qui fut un temps rempart face à FN) est désormais bien seul face à Le Pen, dans une région saturée par le vote d'extrême-droite.

Pour les soutiens du maire de Nice, ces nombreux rappels de la Seconde Guerre mondiale n'ont rien de démesuré. Au deuxième rang, à Brignoles, l'adjointe LR au maire de Marseille, Nora Preziosi, boit les paroles de son champion du soir: «La Résistance, ça veut dire qu'on a pas peur!», lâche-t-elle vaillamment. «Quand je vois que Marion Le Pen veut supprimer les subventions au Planning Familial, je pense aux droits des femmes chèrement acquis après la guerre. Toucher aux femmes, c'est toucher à l'humanité.»

«L'histoire se répète», jure de son côté Alain, 76 ans, ex-officier de marine venu applaudir Estrosi et tous les parlementaires de la région, assis en rang d'oignons, au premier rang sur la tribune. «Si Sarkozy n'avait pas réglé la crise de 2008, on serait en guerre! Comme du temps d'Hitler, avec des brouettes remplies de deutschmarks. Mes parents ont connu ça et aujourd'hui, je suis prêt à prendre le maquis. L'Europe c'est la paix, rappelez-vous. Or la petite Le Pen, elle veut nettoyer les bottes comme en Russie, tous au garde-à-vous!» À côté d'Alain, Christine, professeure d'université et ancienne soliste d'Opéra, se contente de hocher la tête et ne se fait pas prier pour raconter l'histoire de sa mère: «Entre ses 10 et 14 ans, elle était à Lyon avec Jean Moulin. J'ai été élevée dans l'esprit de la Résistance. Et je peux vous dire que pour être à la hauteur, il faut avoir une bonne condition physique et mentale. Estrosi, c'est un sportif. Son père était alpiniste...»

Vendredi 11 décembre

Dernier jour de campagne. Dans Direct-Matin, Estrosi se fait conquérant: «La résistance, elle ne m’appartient pas et elle n’appartient à personne, mais aujourd’hui, face au péril qui menace notre région, elle est indispensable. […] [Marion Le Pen] se présente comme le symbole du renouveau et de la jeunesse, mais elle est en fait la représentante de l’extrême droite hideuse des années 1930.» Le matin, à Cannes, il visite le marché Fortville en compagnie du maire David Lisnard, qui lancé après les attentats une cohorte de «citoyens vigilants» destinés à surveiller les écoles de la ville; puis fait un tour à Antibes, s'affichant avec le centriste Jean Leonetti.

«Je ne cherche à enrôler personne. [...] Je suis, je reste et je resterai un homme de droite, un gaulliste social», affirme Estrosi. «Mais je sais aussi que des gens avec qui je peux avoir des désaccords çà et là nous apporteront leurs voix.»

Pendant ce temps là, Marion Maréchal-Le Pen, soutenue par Philippe de Villiers, tente de rassurer en affichant ses solutions et en brandissant des soutiens économiques prêts à investir dans la région après une éventuelle victoire du FN. Comme un pied de nez à ceux qui prétendent que les investisseurs fuiraient face à son programme et son inexpérience. Elle a publié une lettre d'investisseur congolais qui s'avère en réalité être un employé de son père, Samuel Maréchal, implanté au Congo-Brazzaville, comme nous l'apprend Marsactu. Sur Facebook, elle publie également une lettre ouverte aux artisans, commerçants et chefs d'entreprise de TPE/PME:

«La liste que j'ai le plaisir de conduire compte 40 artisans, commerçants, professions libérales ou chefs d'entreprises. Des entreprises qui ressemblent aux vôtres, avec les mêmes problèmes, les mêmes besoins, les mêmes attentes et aussi les mêmes espoirs.»

Soucieux d'afficher un visage d'unité, Christian Estrosi, qui a refusé que Nicolas Sarkozy fasse le déplacement pour son dernier meeting, déplore les divisions qui ont miné son parti: «Ces querelles au sein des formations politiques, des autres comme de la mienne, ne nous auront pas aidées. Elles nous auront même desservis.» 

Dimanche 13 novembre

Pour rappeler à quel point une victoire importante peut être étroite, Christian Estrosi aime à rappeler cette anecdote: la Chambre des députés a adopté la République à une voix près. Ce dimanche soir, il a remporté l'élection avec environ 200.000 voix d'avance.

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