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COP21: 195 pays adoptent un accord «historique» sur le climat, accueilli avec prudence

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Historique: le mot est partout après l'adoption d'un accord-cadre sur le climat par 195 pays, samedi 12 décembre au Bourget. «C'est un petit marteau mais il peut faire de grandes choses», a déclaré Laurent Fabius, le président du sommet, en abaissant symboliquement sur son pupitre un marteau vert, annonçant ainsi l'adoption de l'accord.

Après l’échec de la COP de Copenhague en 2009, la communauté internationale avait pour mission à Paris de trouver un accord fort pour tenter de freiner le réchauffement climatique. Les objectifs étaient nombreux: plafonnement du réchauffement entre 1,5 et 2°C maximum, différenciation dans la responsabilité entre les pays industrialisés du Nord et les autres au Sud, ou encore financement pour aider les pays les plus pauvres. 

En début de journée, Laurent Fabius avait expliqué que l’accord trouvé était «juridiquement contraignant», «ambitieux et équilibré», le secrétaire général de l'Onu Ban Ki-moon que l'on faisait face à un «texte historique» et François Hollande que l'accord était «ambitieux et réaliste». L’objectif de la limitation du réchauffement de 1,5°C a été préféré à celui des 2°C, l’enveloppe de 100 milliards destinée aux pays les plus pauvres sera mise en place après 2020 et sera redéfini en 2025, et la responsabilité différenciée des pays est reconnue.

L'objectif des 1,5°C sera impossible à atteindre

Pourtant, si aucune porte n’a été claquée pendant les négociations, cet accord a déjà trouvé ses détracteurs, qui n’ont pas attendu la publication du texte pour le contester. Plusieurs militants écologistes (notamment 350.org) ont tenu à montrer leur désaccord sur les Champs-Elysées, notamment sur le manque de mesures pour mettre fin aux projets exploitant les énergies fossiles, mais aussi pour rendre hommage aux victimes du réchauffement et protester contre.

Sur BFMTV, Corinne Lepage, ancienne ministre de l'Environnement, s'est montrée très sceptique sur l'objectif des 1,5°C et le financement des mesures:

«Malheureusement, si les moyens ne suivent pas derrière, cela ne sert à rien d’avancer d’autres chiffres. C’est dans la mise en application que cela va se jouer et qui va s’en charger, avec les collectivités, la société civile, les entreprises...»

Sur le site de L'Opinion, le Prix Nobel d'économie Jean Tirole estime que, «dans les faits, le  compromis est bien en deçà de l’ambition et nous ne sommes guère plus avancés qu’il y a six ans». «L’accord repousse à une date ultérieure un engagement concret des pays à réduire leurs émissions», écrit l'économiste avant de conclure:

«Simplifier la négociation en sériant ce qui est simple et donc devrait être acté,  et ce qui devrait être le vrai objet de la négociation. La lutte contre le réchauffement climatique n’est pas un problème économique ("On sait faire"), mais un problème géopolitique.» 

Le son de cloche est proche du côté de l'éditorialiste du Guardian George Monbiot, qui explique que «par rapport à ce que cet accord aurait pu être, c'est un miracle. Par rapport à ce qu'il devrait être, c'est un désastre». Il estime notamment que les engagements pris ne permettront pas de plafonner le réchauffement à 2° C, encore moins 1,5° C.

Certains pays aux fortes ressources pétrolières comme l'Arabie Saoudite ou le Vénézuéla avaient été dans le collimateur de certaines associations. «L'Arabie Saoudite a tout fait depuis 15 jours pour diminuer l'ambition du texte», a expliqué le porte-parole de la fondation Hulot, Matthieu Orphelin, à France TV info. Le deuxième producteur de pétrole mondial a en effet fait savoir, via son ministre du Pétrole Ali Al-Naimi, qu'il souhaitait avoir un accord qui valoriserait «des politiques de réduction d'émissions de gaz à effet de serre qui ne discriminent aucune source d'énergie», rapportait Le Point il y a quelques jours.

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