Gouverner, c’est prévoir, dit-on. Surveiller aussi. C’est en tout cas ce que suggère la couverture par le site Business Insider d’un vieux rapport de l’agence américaine, la CIA, daté de 2000 qui spéculait sur ce que serait le monde en 2015. Business Insider a estimé que, 2015 s’éteignant dans quelques jours, il était venu l’heure de distribuer les bons et les mauvais points au sujet des hypothèses bâties par ce document.
Le site remarque que l’institution de renseignement américain avait eu le nez creux en jugeant en 2000 que les États se verraient bientôt concurrencés et menacés par des organisations non-nationales: «Les affaires internationales seront de plus en plus déterminées par de larges et puissantes organisations plutôt que par les États.»
S’agissant du terrorisme, la CIA notait que les stratégies des groupes terroristes seraient, à l’avenir, très «sophistiquées» et tournées vers les massacres de masse. Difficile de lui donner tort aujourd’hui.
Ella avait aussi vu juste en ce qui concerne l’augmentation de la population mondiale. Enfin, à peu de choses près: elle tablait sur 7,2 milliards d’être humains, et ils sont actuellement 7,3 milliards. Elle avait aussi été perspicace en déclarant que les ressources énergétiques satisferaient toujours la demande mondiale.
Un rapport pas exempt de tout reproche
La CIA s’est en revanche trompée en assurant que la Chine serait la seconde économie mondiale derrière les États-Unis et devant l’Union européenne. C’est le contraire qui est vrai aujourd’hui. Elle avait pêché par pessimisme en pensant que la population africaine allait chuter à cause des famines, des épidémies et des tourments politiques. Les Africains sont plus nombreux de 300 millions d’individus (1,1 milliard en 2015) qu’en 2000.
Le document de la CIA n’était pas passé inaperçu lors de sa publication en 2000. Le Telegraph en avait alors parlé. Il est frappant de constater que les thématiques qui agitent la géopolitique et l’opinion publique en 2015 semblaient peu intéresser en 2000. Ainsi, dans ce monde qui n’a pas encore connu le 11 septembre, on passe rapidement sur les observations portant sur le terrorisme. Assez cependant pour que le lecteur d'aujourd'hui s’aperçoive que la CIA avait mal apprécié les profil des futurs organisations terroristes: on évoquait alors l’alliance de la mafia et des triades asiatiques.
En 2000, la Russie est dans de sales draps économiquement et sa puissance ne fait plus peur à grand monde en-dehors de ses frontières. Et la CIA avait jugé en 2000 que «ce déclin» était destiné à se poursuivre. De quoi faire rire Vladimir Poutine en 2015.
Il existait plusieurs scénarios dans ce rapport. Une des versions alternatives trouve une résonance particulière: elle imaginait une stagnation économique généralisée suivie par le renoncement des États-Unis à leur rôle de gendarmes du monde.