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Ce qu’il s'est passé dans la tête d’un des Américains du Thalys

Spencer Stone a empêché le 21 août une attaque terroriste dans le train Amsterdam-Paris. Il raconte à GQ comment il a désarmé l’homme qui débarquait dans son wagon avec une kalachnikov.

Alek Skarlatos (à gauche), Spencer Stone (au centre) et Anthony Sadler (à droite), lors de la cérémonie donnée en leur honneur après avoir désarmé un homme lors d'un train Amsterdam-Paris, au Pentagon, le 17 septembre 2015 | REUTERS/Gary Cameron
Alek Skarlatos (à gauche), Spencer Stone (au centre) et Anthony Sadler (à droite), lors de la cérémonie donnée en leur honneur après avoir désarmé un homme lors d'un train Amsterdam-Paris, au Pentagon, le 17 septembre 2015 | REUTERS/Gary Cameron

Temps de lecture: 2 minutes - Repéré sur GQ

Que se passe-t-il dans la tête de quelqu’un lorsqu’un homme débarque dans son wagon avec un fusil d’assaut? S’il n’a pas une réponse universelle, Spencer Stone a expliqué à GQ comment il avait réussi à gérer cette situation lorsque Ayoub El Khazzani a tenté d’utiliser une kalachnikov dans un train Thalys reliant Amsterdam à Paris.

Le voyage avait pourtant bien commencé. Spencer Stone visitait l’Europe pour la première fois. Rome, Venise, Berlin, Munich puis Amsterdam. Trois jours dans la Venise du Nord, à se balader en vélo. Lui et ses amis Anthony Sadler et Alek Skarlatos ont même failli rester une journée de plus. Mais les billets étaient pris.

Dans le train, Spencer Stone s’est endormi. Lui qui pourrait «dormir lors d’un tremblement de terre» est réveillé par un des employés du train «qui court à côté de lui»:

«J’ai regardé au-dessus mon épaule, dans l’allée, et je l’ai vu. Nous l’avons tout de suite repéré. Il avait une arme, et ne portait pas de T-shirt, et il portait un sac à dos –mais devant lui, pour pouvoir attraper des chargeurs supplémentaires. Je me suis dit: “Oh mon Dieu, ça ne peut pas arriver. Ce n’est pas réel.”»

Il s’est ensuite mis à sprinter sans même y réfléchir vers Ayoub El Khazzani, après qu’Alek Skarlatos lui a tapé sur l’épaule en disant sobrement: «Allons-y.» Spencer Stone s’attendait pourtant à être criblé de balles. Ayoub El Khazzani a bien essayé de lui tirer dessus mais l’amorce de la kalachnikov dysfonctionne. «Je me suis rappelé mes vieux moments au football [américain] et je l’ai percuté aussi fort que j’ai pu», indique l’Américain, qui se prend en retour l’arme dans la tête.

Effort collectif

Aidé par ses amis, Spencer Stone tente de l’endormir avec une prise d’étranglement:

«Et puis j’ai vu que son bras arrivait avec un pistolet derrière ma tête. Et là j’ai pensé: “Ok, je vais me faire exploser la tête.” C’était un peu un moment genre: “Oh merde.”»

Mais Alek Skarlatos réussit à désarmer Ayoub El Khazzani, raconte Spencer Stone. Reste qu’il se fait tout de même couper au cutter, au cou et au pouce. Finalement, l’agresseur est maîtrisé:

Là j’ai pensé: ‘Ok, je vais me faire exploser la tête.’

Spencer Stone à GQ

«C’était un effort collectif, moi et Alek [Skarlatos] et Anthony [Sadler] et Chris Norman [le Britannique qui a aidé les trois Américains]. On sent parfois que les gens vous boostent à devenir le plus grand héros dans la pièce. Mais ce n’était pas comme ça. J’ai peut-être été le premier à me lever, mais si j’avais été le seul je serais mort.

 

C’était vraiment une décision facile. Nous avons tout de suite pris conscience de ce qui était sur le point de se passer, et le choix était soit de se lever à l’instant, de se faire descendre dans un éclat de gloire et de rendre ma famille fière, soit d’attendre de se faire tirer dessus. C’est comme si vous étiez au bord d’une falaise, au-dessus d’une fosse de lave et que quelqu’un essaye de vous y pousser. Vous savez que vous allez mourir, mais est-ce que vous le laissez juste vous pousser? Non, bordel. Vous allez essayer de le combattre.»

Les quatre hommes ont été décorés de la Légion d’honneur par François Hollande. Au mois d’octobre, Spencer Stone a été poignardé lors d’une rixe dans un bar

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