France

Retrait au second tour: le PS a dû retourner sa veste en quelques heures

Au soir du premier tour, des candidats ont fait l’inverse de ce qu’ils avaient promis de faire face au Front national.

Jean-Christophe Cambadélis à l'université d'été du PS à La Rochelle, août 2014. REUTERS/Stephane Mahe
Jean-Christophe Cambadélis à l'université d'été du PS à La Rochelle, août 2014. REUTERS/Stephane Mahe

Temps de lecture: 2 minutes - Repéré sur RTL, Le Point, BFMTV, Europe 1

Ils sont apparus choqués et déçus devant les caméras. Dimanche soir, face aux scores éclatants de certains candidats FN au premier tour des régionales, leurs adversaires socialistes arrivés troisième ont dû se résoudre à se retirer en espérant empêcher la victoire du parti de Marine Le Pen.

Ainsi, nous avons vu Jean-Christophe Cambadélis, accablé par la tristesse, annoncer vers 22 heures le retrait de deux listes PS:

«Dans les régions à risque où la gauche ne devance pas la droite, le PS décide de faire barrage au FN, en particulier dans le Nord-Pas-de-Calais-Picardie et en Provence-Alpes-Côte d'Azur […]. Pendant cinq ans, les socialistes ne siégeront pas dans ces régions.»

Le lendemain, sur RTL, il a également annoncé que la liste PS allait aussi se «retirer en Champagne-Ardennes-Alsace-Lorraine»:

«Quand on se retire c'est pas pour bouder, c'est pour gagner. Nos électeurs doivent faire barrage au FN, a-t-il ajouté. Nous avons subi des défaites. Si la gauche avait été unie avec les écologistes nous n'en serions pas là.»

«Personne ne peut avoir la prétention de gagner seul»

Ces désistements à la chaîne ont surpris beaucoup de monde, à commencer par les têtes de listes socialistes. Car avant la consigne de Cambadélis, les candidats étaient plutôt opposés à l’idée de se retirer au profit des listes du parti Les Républicains. Comme le relève Le Point, le candidat du PS dans le Nord-Pas-de-Calais-Picardie, Pierre de Saintignon, se disait d’accord pour fusionner sa liste avec Xavier Bertrand (LR) pour empêcher la victoire de Marine Le Pen: «Personne ne peut avoir la prétention de gagner seul», estimait-il en début de soirée. Même chose pour la Provence-Alpes-Côte d’Azur, où Marion Maréchal-Le Pen devrait logiquement l’emporter dimanche prochain. «J'appelle l'ensemble des forces de gauche, démocrates et écologistes, à me rejoindre pour préparer l'avenir», avait alors d’abord demandé le candidat PS Christophe Castener avant de se plier à l’ordre venu d’en haut. 

La section de Nice très en colère contre la décision du bureau national PS.

Cambadelis fléchit

Ces décisions mettent fin pour l'heure à de fortes contradictions dans le camp socialiste. Lors des semaines précédant le scrutin, les candidats et responsables PS ont régulièrement été interrogés sur leur position en cas de triangulaire au second tour. Fallait-il se désister si le Front national sortait largement en tête? Fusionner avec LR? Se maintenir coûte que coûte? Pour ceux qui refusaient de céder face au FN ou à LR, il s'agissait peut-être d'un argument électoral, mais qui n'a pas tenu bien longtemps face aux choc des scrutins.

Comme l’expliquait notre journaliste Aude Lorriaux il y a quelques jours, chacun avait sa position avant le scrutin. Jean-Christophe a par exemple fait évoluer progressivement la sienne. Il estimait au début que «le déclarations extrémistes de Christian Estrosi et de Xavier Bertrand sur les réfugiés empêchent désormais le Front républicain», avant de dire: «Je n’exclus rien» puis de s’en prendre à Manuel Valls début novembre lorsque ce dernier envisageait une fusion des listes LR et PS au second tour. On l’a vu, sa position a encore évolué le soir du scrutin. 

Masseret fait de la résistance

Pierre de Saintignon, la tête de liste socialiste, «a toujours déclaré qu'il se maintiendrait jusqu'au bout», comme le notait France 3 il y a quelques jours. Une position qui a volé en éclat avec la décision nationale du parti. Christophe Castaner refusait de se retirer car selon lui, «le discours d’Estrosi est tellement radical que nos électeurs ne comprendraient pas». Sa position n’aura pas non plus tenu longtemps. En revanche, Jean-Pierre Masseret, tête de liste PS en Alsace-Lorraine-Champagne-Ardennes refuse toujours de se retirer comme l’explique ce matin BFMTV.

La position de Manuel Valls a aussi évolué, mais différemment. Selon Europe 1, celui qui avait envisagé une fusion des listes PS avec LR mais qui ne s’est pas encore exprimé sur le premier tour, aurait lui même appelé les candidats de NPCP et de Paca pour leur annoncer la mauvaise nouvelle…  

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