Économie / Monde

Un an après le piratage, la vie bouleversée des employés de Sony

Le vol massif de données du grand studio hollywoodien continue de profondément marquer les esprits de ses employés.

Des journalistes lors d'une conférence de Sony, en février 2014 | REUTERS/Toru Hanai
Des journalistes lors d'une conférence de Sony, en février 2014 | REUTERS/Toru Hanai

Temps de lecture: 2 minutes - Repéré sur Slate.com

Il y a un an, le studio hollywoodien Sony Pictures a été la cible d'une attaque informatique de grande ampleur, considérée comme l'un des piratages les plus importants de l'histoire. En plus de dévoiler les e-mails, les dossiers mots de passe, les salaires de stars du cinéma ou le scénario de films avant leur sortie, le groupe de hackers –qui se fait appeler «GOP» pour «Guardians of Peace»– a mis la main sur les données personnelles des quelques 45.000 salariés de l'entreprise. Une intrusion informatique qui a bouleversé le quotidien de ces employés, comme le raconte Slate.com dans cette enquête.

Tous les employés rencontrés pour cet article témoignent anonymement. À Hollywood, le monde est petit et parler librement de son expérience dans un grand studio est le meilleur moyen d'anéantir sa réputation dans l'industrie, explique Slate.com. «On avait le sentiment de s'être fait pirater comme dans les années 1990», raconte l'un d'eux. «Le message disait "Tu as été attaqué, bitch!", comme dans le film Hackers. C'était un bond en arrière, presque attendrissant», se souvient-il. 

Sur tous les ordinateurs de l'entreprise était affiché ce message:

«Nous avons obtenu toutes vos données internes, incluant vos secrets et vos mots de passe (…) Ce n’est que le début. Si vous ne nous obéissez pas, nous publierons ces données pour les montrer au monde entier.»

Un système ébranlé

«Tout était complètement détruit. C'était irréel», témoigne un autre employé. Les lignes téléphoniques, les boîtes vocales, les ordinateurs, les bases de données, le réseau interne et la connexion internet étaient sévèrement endommagés. Le réseau a été complètement dévasté par le virus. «C'était comme si nous revenions à une époque révolue», dit un autre. Faute de standard téléphonique opérationnel, les salariés devaient alors composer (et connaître) le numéro exact de celui qu'ils cherchaient à joindre ou se débrouiller pour le retrouver et lui parler en personne. 

Le lundi matin après le piratage, quand les employés sont arrivés au bureau, il leur a été demandé de tout débrancher: les câbles d'alimentation ou de connexion, les ordinateurs... «C'était l'hystérie de ne rien savoir», reconnaît un employé. Lorsque les systèmes informatiques ont été remis en service, ils ne ressemblaient plus vraiment à ceux qu'ils avaient connus jusque-là. Ces logiciels vieillots fonctionnaient mal et n'étaient que très peu adaptés à leurs missions.

Des séquelles psychologiques

Dans les jours qui ont suivi le piratage, l'ambiance a changé. Un esprit de fraternité, de solidarité et d'entraide s'était installé dans les couloirs de l'entreprise. La fermeture des boîtes de messagerie a favorisé les interactions humaines, les rencontres en tête-à-tête, les réunions improvisées remplaçaient les chaînes d'e-mails. Une maigre réjouissance, vite écartée par le chantage exercé par des hackers qui menacent de diffuser les e-mails et données personnelles –numéros de sécurité sociale, fiches de paie ou dossiers médicaux– de ses employés interceptés lors du piratage. Et puis, au-delà de l'aspect logistique et technique, les employés ont également dû se contraindre à des plannings surchargés. 

Aujourd'hui, l'origine de l'attaque restent encore assez floue –le FBI et la Maison Blanche y voient la responsabilité de la Corée du Nord, des experts privilégient la piste de la vengeance d'un ancien employé. Une étude a été menée sur les salariés de Sony pour évaluer l'impact de l'attaque informatique et le vol de données personnelles sur leur vie. Il en ressort un sentiment de déni, de frustration, de colère, de peur, de trahison ou d'impuissance chez plusieurs d'entre eux. Dans les mois suivant le piratage, certains employés ont fait le choix de quitter l'entreprise. D'autres ont préféré s'adapter aux nouvelles conditions.

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