France

Le magazine de Daech célèbre déjà les attentats du 13 novembre

Dabiq raille l’état d’urgence et assure avoir changé de cible au dernier moment au Sinaï.

Couverture de Dabiq, magazine de propagande djihadiste | Capture d'écran.
Couverture de Dabiq, magazine de propagande djihadiste | Capture d'écran.

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Le douzième numéro de Dabiq, le magazine officiel de l’État islamique, vient de sortir sur internet et fait sa couverture sur les attentats du 13 novembre. La photo montre des pompiers et secouristes s’affairer autour d’un brancard après l’attaque. Le titre s’affiche en lettres capitales blanches et rouges en bas de page: «JUST TERROR», deux mots qui sonnent comme un jeu sur le sens possible de l’expression, «C’est simplement la terreur» ou «la terreur juste».

C’est dans l’avant-propos de cette publication numérique à la maquette très soignée que se trouvent les mentions des attentats parisiens. L’organisation «État islamique» tente de «justifier» son action sanglante en évoquant la participation de la France à la coalition anti-EI depuis septembre 2014. La brochure ne donne, en revanche, pas de détail sur ceux qu’elles appellent «les huit braves chevaliers», c’est-à-dire les terroristes ayant directement participé aux attaques du stade de France et du cœur de Paris vendredi 13.

Pour le reste, cette introduction éructe en termes bravaches pour se moquer d’une France désormais en état d’urgence: «Les huit chevaliers ont mis Paris à genoux, après des années d’arrogance de la France devant l’islam. Un état d’urgence national a résulté des actions de huit hommes armés uniquement de fusils d’assaut et de ceintures explosives.»

Religiosité belliqueuse

La tonalité de ce texte en forme de manifeste est bien sûr très empreinte de religiosité. Une sourate est régulièrement invoquée tout au long du texte pour illustrer ou motiver les attaques du 13 novembre: la sourate 59, dite de «L’Exode», récitée à Médine. Si le propos de ce passage du Coran est effectivement belliqueux, force est de constater que les comparaisons tracées à partir de certains de ses versets sont pour le moins tirées par les cheveux. Ainsi, selon les pseudos-théologiens de Dabiq, cet extrait du verset 14, «Ils ne vous combattront en masse que dans leurs villages fortifiés ou derrière des remparts», est censé évoquer les avions de chasse français bombardant les positions de Daech en Syrie.

Tout aussi cérémonieux, le préambule retranscrit ensuite une communication attribuée au soi-disant calife Abou Bakr Al-Baghdadi, apparemment rédigée durant le mois de Ramadan à destination de ses troupes. Le chef des terroristes y rêve de son monde idéal: 

«Avec la permission d’Allah, le jour viendra où le fidèle marchera partout en maître, recevant des honneurs, révéré, la tête haute, et sa dignité sera préservée. Quiconque osera l’offenser sera corrigé, quiconque lèvera la main pour lui faire du mal aura la main tranchée. Faites donc savoir au monde que nous vivons aujourd’hui dans une nouvelle ère. [...] Les fidèles ont un message qui amènera le monde à entendre et à comprendre la signification du terrorisme, et ils ont des bottes qui piétineront l’idole du nationalisme, détruira l’idole de la démocratie, et révèleront sa nature déviante.»

Vengeance dans le Sinaï

En plus de ce sermon de Baghdadi et de ces railleries à l’égard des attentats de Paris, sans aucune mention des victimes, Dabiq revendique le crash de l’avion Airbus Metrojet dans le désert du Sinaï, dans lequel 224 personnes ont trouvé la mort le 31 octobre, la plupart d’entre elles russes. Le magazine publie une photo d’une canette de soda et du dispositif présentés comme les composants de la bombe artisanale que Dabiq assure être à l’origine de l’explosion dans le moteur ayant amené la chute de l’appareil.

Dabiq livre également un détail nouveau sur la préparation de cette opération terroriste dans l’aéroport égyptien de Charm el-Cheikh. L’auteur prétend que l’équipe djihadiste sur place avait initialement prévu d’exploiter les faiblesses de l’endroit pour provoquer la perte d’un avion appartenant à un pays de la coalition anti-Daech. Mais le début de raids aériens contre les possessions djihadistes décidé par Vladimir Poutine le 30 septembre dernier aurait poussé l’État islamique à changer ses plans.  

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