France

Assigner à résidence les personnes fichées S comme le veut Sarkozy n’est pas toujours efficace

Nicolas Sarkozy a proposé au président de la République d’assigner à résidence des personnes fichées pour radicalisation. L’exemple de Saïd Arif prouve que cette solution n’est pas la panacée

Le président François Hollande reçoit Nicolas Sarkozy à l’Élysée, le 15 novembre 2015 | REUTERS/Philippe Wojazer
Le président François Hollande reçoit Nicolas Sarkozy à l’Élysée, le 15 novembre 2015 | REUTERS/Philippe Wojazer

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Après les attentats du 13 novembre à Paris, François Hollande a reçu les responsables politiques de tous bords pour établir des propositions à la crise actuelle. Nicolas Sarkozy, le président du parti Les Républicains, a avancé une pise de travail en particulier lors de son passage au journal de TF1: «l’assignation à résidence des personnes fichées pour radicalisation, avec bracelet électronique».

L'ancien chef de l'État avait toutefois été précédé par le député-maire de Nice, Christian Estrosi, qui demandait au lendemain des attentats «l’extension à l’ensemble du territoire des mesures permettant l’assignation à résidence des personnes fichées S».

Une fiche S est une des sous-catégories du fichier des personnes recherchées, le FPR. Il désigne les personnes potentiellement menaçantes pour la «sûreté de l’État». En août dernier, 5.000 personnes étaient recensées sous cette dénomination.

Pour Nicolas Sarkozy, un tel dispositif permettrait aux services de renseignements de «savoir où vont ces personnes, ce qu’elles font le temps d’évaluer leur dangerosité». Cependant, une telle disposition peut être contournée. Sur Twitter, le journaliste David Thomson a rappelé l’exemple de Saïd Arif, tué en mai 2015 par un tir de drone américain.

Deux fuites après des assignations à résidence

Islamiste radical algérien, Saïd Arif était un vétéran du djihad. Au début des années 2000, il avait participé à des complots d’attentats visant notamment le marché de Noël de Strasbourg et la tour Eiffel. Condamné en 2007 à dix ans de prison, ce natif d’Oran avait été relâché en 2011 et placé en résidence surveillée d’abord à Millau, dans l’Aveyron. Il s’était échappé une première fois et avait été interpellé en Suède.

Il avait ensuite été assigné à résidence dans un hôtel en Haute-Loire, à Brioude, et devait se rendre quatre fois par jour à la gendarmerie. Le 11 mai 2013, le gérant de l’hôtel avait découvert la fuite de Saïd Arif avec une voiture volée. Il avait rejoint la Syrie six mois plus tard, explique Le Point, et était devenu un des chefs d’un groupe djihadiste proche du Front al-Nosra (la branche syrienne d’al-Qaida), Jund al-Aqsa.

Selon l’AFP, il était considéré avant sa mort comme «l’un des principaux organisateurs de l’accueil en Syrie de combattants volontaires internationaux, surtout francophones». Sa fuite semblait pourtant programmée pour La Montagne. Il n’utilisait plus son téléphone personnel mais une cabine téléphonique. De plus, une source proche de l’enquête avait indiqué au quotidien régional que trois islamistes radicaux lui avait rendu visite peu avant son évasion.

Le djihadiste devait en plus être entendu quelques jours après sa fuite par les gendarmes, dans le cadre d’une enquête pour apologie du terrorisme. Dans les colonnes de l’hebdomadaire Renouveau, il avait assuré que «les attentats-suicides ayant une dimension économique sont le meilleur moyen de lutte pour les islamistes».

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