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La Fifa est en crise, mais est loin d'être la fédération la plus mal gouvernée

C'est la conclusion d'un palmarès de la bonne gouvernance établi par une organisation indépendante, qui la classe deuxième derrière la Fédération internationale d'équitation.

REUTERS/Arnd Wiegmann
REUTERS/Arnd Wiegmann

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La Fifa réussira-t-elle un jour à être respectable? La Fédération internationale de football est régulièrement accusée d'être gangrénée par la corruption et la façon dont s'amorce l'élection de son nouveau président n'est pas vraiment en mesure de rassurer les amoureux du football. Son président sortant, Sepp Blatter, comme le principal candidat à sa succession, Michel Platini, ont écopé d'une suspension de 90 jours, confirmée en appel, «en raison du versement de 1,8 million d'euros qui les lie»

Parmi les demandes récurrentes des observateurs, on retrouve celle de réformes au sein de l'institution afin d'en renforcer les structures et de barrer de manière plus efficace la route à la corruption. C'est d'ailleurs ce que conseillait récemment Domenico Scala, le nouveau président de sa commission d'audit: le Guardian racontait en septembre que parmi ses propositions, on trouve «une limitation des mandats pour le président et les cadres, de la transparence au niveau des salaires et une réorganisation du comité exécutif pour introduire plus d'indépendance et de transparence».

Mais comme le montre le rapport que vient de publier l'organisation Play the Game, la Fifa est loin d'être la seule fédération sportive à ne pas bénéficier d'une bonne gouvernance. En fait, sur les 35 fédérations auxquelles se sont intéressés ces universitaires dont le travail a pour but de «renforcer les fondations éthiques du sport», la fédération internationale de football se classe à la... deuxième place, avec un score de 67,8%, derrière celle d'équitation (75,6%).

Pour arriver à ces résultats, les chercheurs ont créé une formule mathématique qui aboutit au «pourcentage moyen sur chacune des quatre dimensions de gouvernance (la transparence, la démocratie, la séparation des pouvoirs et la solidarité). [...] En d'autres mots, cet index indique à quel degré les fédérations se plient aux 36 indicateurs que l'on retrouve dans les quatre dimensions de gouvernance. Une fédération avec le score le plus important (5) dans chacun des indicateurs de cette étude se retrouverait avec un index de 100%». Bien évidemment, aucune n'a atteint un tel score.

«26 fédérations n'ont même pas un score de 50%, nous explique Arnout Geeraert, l'auteur de ce rapport. On pourrait s'attendre à ce que les fédérations majeures atteignent au moins un score de 75%. On s'attendait à de mauvais résultats, mais on ne pensait pas que ce serait aussi mauvais.» 

«On peut instaurer des mécanismes avant d'engager les personnes»

La seule qui obtient ce score «minimum», c'est donc la Fédération internationale d'équitation. En moyenne, les 35 fédérations analysées atteignent tout juste un score de 45%. La fédération internationale de tir ferme la marche (27%).

À titre d'exemple, l'Union cycliste internationale (UCI) n'atteint même pas les 50% (47,6%). En mars dernier, une commission indépendante avait déclaré que si «l'UCI n'était pas coupable de corruption, ses anciens dirigeants ont accordé "un traitement préférentiel" à Lance Armstrong». Brian Cookson, le nouveau président de l'organisation, avait alors affirmé qu'il était «clair que l'UCI a sévèrement souffert d'un déficit de bonne gouvernance, avec des individus prenant seuls des décisions cruciales». Pourtant, si l'on en croit le rapport, elle ne s'est pas vraiment améliorée. Play the Game indique que parmi ses plus grandes faiblesses se trouve le fait qu'il n'y ait «pas de quorum pour les corps législatifs et les organes de décision».

Pourtant, tout cela peut changer. Comme l'explique le rapport, même si installer des structures fortes ne résoudra pas de facto le problème de la corruption, «cela peut en diminuer la probabilité»:

«Le débat culture contre structure est assez vieux. On ne peut pas toujours savoir si les personnes en place sont les bonnes. Mais on peut instaurer des mécanismes avant les engager, comme c'est le cas dans seulement quatre fédérations. Une fois en place, on peut contrôler la façon dont elles se comportent, et ainsi de suite.»

«Procédure inadéquate pour l'attribution des Coupes du monde»

Comme l'explique Jens Sejer Andersen, le directeur international de Play the Game, dans le communiqué qui accompagne le rapport, «notre but est que notre rapport serve d'alarme et soit assez constructif pour constituer un guide utile qui serve à mieux se comporter. Ce n'est pas simplement une question d'éviter la corruption, mais aussi que les fédérations soient à la hauteur de leurs tâches dans un environnement sportif qui est en constante évolution.»

Play the Game souligne que les deux fédérations à avoir obtenu les meilleurs résultats , à savoir la FEI et la Fifa, «ont récemment implémenté un certain nombre de réformes». Mais il reste encore un certain nombre de chantiers. Le rapport explique ainsi que si la Fifa possède «un comité d'audit interne robuste, un bon comité d'éthique et des programmes de solidarité et de développement», ses plus grandes faiblesses sont «le manque de limitations des mandats, celui d'une politique d'égalité au niveau du genre et une procédure inadéquate pour l'attribution des Coupes du monde».

On verra très vite si la Fédération internationale de football décide d'en prendre le chemin. Elle élira son nouveau président le 26 février prochain.

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