Sports / France

Faisons pleinement du sport un outil d’insertion des jeunes

Pour Christian Philip et Jean-Philippe Acensi, respectivement président et délégué général de l’Agence pour l’éducation par le sport, il est temps de redonner au sport des finalités sociales et éducatives. Tribune.

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Jeune footballeuse | Bold Content via Flickr CC License by

Temps de lecture: 2 minutes

En 2015, une part trop importante de la jeunesse française rencontre des difficultés sociales et d’insertion professionnelles considérables. En effet, environ 45% des jeunes des quartiers prioritaires sont aujourd'hui au chômage, 20% sont en situation d'obésité. Certains territoires de notre pays sont confrontés aux problématiques proches des pays les plus pauvres du monde: dans certains quartiers, plus de 75% des jeunes sont sans emploi.

L'intolérable est depuis une bonne dizaine d'années toléré, où l'on se résout à une situation qui amène notre jeunesse dans des perspectives terrifiantes, à l'instar du millier de jeunes partis faire le djihad. La cote d'alerte est depuis longtemps atteinte. Les réponses innovantes pour insérer les jeunes, lutter contre l'échec scolaire et améliorer leur santé sont beaucoup trop éparses et fragiles. De nombreuses approches restent insuffisantes, voire dépassées, au regard de l'ampleur du phénomène: les modèles associatifs issus de l'après-guerre ne sont plus capables, seuls, d'absorber ces difficultés immenses. Les réponses institutionnelles existent, mais ne parviennent pas à enrayer les processus d'exclusion ni à agréger toutes les forces vives des territoires. De nombreuses initiatives existent, mais restent isolées, mal connues et peu transférables.

Comment réenchanter la vie en développant le vivre-ensemble, alors que le repli sur soi et la haine de l'autre se diffusent dans le quotidien de nombreuses villes? Dans le champ sportif, le modèle classique «entraînement-compétition» est peu innovant. Même s'il reste un socle essentiel, il doit pouvoir s'ouvrir à des perspectives nouvelles, en particulier dans les domaines de la réussite éducative et de l'insertion. En s'ouvrant sur ces axes, les associations sportives peuvent redonner du sens dans un projet de vie renouvelé pour des jeunes parfois en déshérence.

Vivre-ensemble

Les pratiques sportives sont donc des voies nouvelles présentes dans la plupart des quartiers français. De par leur audience auprès des publics les plus fragilisés, elles génèrent de la créativité citoyenne partout en France. Plus de 1.000 projets repérés par l'Agence pour l'éducation par le sport (APELS) et portés par différents types d'acteurs (associations, collèges, acteurs de la prévention…) placent le sport comme un outil d'éducation, d'insertion et de prévention des comportements à risque chez les jeunes. Les villes restent en France les actrices majeures du soutien et de l'accompagnement de ces projets si précieux pour le vivre-ensemble.

Mais il est temps de renouveler les approches et les liens entre les différents intervenants pour redonner au sport des finalités sociales et éducatives qui ne font pas du résultat compétitif le seul indicateur de réussite et de reconnaissance des pouvoirs publics.

 Dans le champ sportif, le modèle «entraînement-compétition» est peu innovant

Les acteurs de l’éducation par le sport doivent demain s’engager, se lier pour construire un grand projet pour la jeunesse en partant des dynamiques locales. Voici quelques propositions pour changer d’échelle:

  • construire localement (ville, département et région) de nouvelles politiques qui répondent aux problématiques éducatives, d'insertion et de bien-être sur nos territoires;
  • mettre en place un fond de l’innovation sociale par le sport de 10 millions d’euros sur dix ans qui pourra être alimenté par le budget des JO autour du soutien triennal des cent meilleurs projets français repérés par l’APELS;
  • construire et développer en France un vrai projet de responsabilité sociale de l’entreprise en inventant de nouveaux modèles hybrides de collaboration entre les associations, les entreprises et les collectivités;
  • renouveler les compétences des professionnels du sport dans le domaine éducatif;
  • combiner volontarisme politique et expertise éducative

Nous sommes convaincus que l'innovation dans les projets et les partenariats pour résoudre des problématiques sociales sont et seront dans les années à venir de nouveaux modèles de coopération entre le secteur associatif, les collectivités locales, l'entreprise, l'université…

Nous sommes dans une situation d'urgence, tant le climat dans nos villes est parfois dramatique. En combinant volontarisme politique et expertise éducative, il est alors possible de changer la vie des jeunes, notamment les plus démunis, en collaborant au niveau local autour des questions sportives.

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