Mise à jour du 23/08/2015: Une nouvelle explosion fait au moins 1 mort dans la province de Shandong.
Dix jours après Tianjin, un nouveau drame. Dans l'est de la Chine, une explosion dans un site de produits chimiques a fait 1 mort et 9 blessés, ce samedi 22 août. Pour l'heure, la cause de l'incident n'a pas été élucidée, mais celui-ci rappelle à quel point les conditions de sécurité des zones à risque sont fragiles dans tout le pays.
Le bilan de la dernière catastrophe industrielle de Tianjin était beaucoup plus lourd. On dénombre aujourd'hui 121 morts et 54 portés disparus après deux explosions successives dans un entrepôt de stockage situé dans le terminal portuaire de la ville industrielle de Tianjin. L’explosion aurait été déclenchée par l’incendie d’une cargaison de produits dangereux et inflammables qui se trouvaient dans l’entrepôt.
C'est une nouvelle conséquence de l’absence de mesures de sécurité au travail dans l’atelier du monde, la dernière d’une longue série meurtrière. Il y a tout juste un an, le 2 août 2014 à Kunshan, autre ville industrielle, proche de Shangaï, un rideau de poussière de métal incontrôlable avait causé l’explosion d’une usine métallurgique taïwanaise, tuant 75 personnes et en blessant plus de 180.
Video: Huge #explosions have rocked an industrial area in the northeast Chinese port city of #Tianjin. pic.twitter.com/NeipgxBFcJ
— China Xinhua News (@XHNews) August 13, 2015
URGENT: Huge explosion rocks #Tianjin, northeastern China pic.twitter.com/USnlhwseng (Video via @Holbornlolz) Details on http://t.co/3vDnGyTsS7
— RT (@RT_com) August 12, 2015
Huge explosion rocks Chinese city http://t.co/FlWMxfLLB2 #Tianjin pic.twitter.com/AqhX9Dj8NR
— The Telegraph (@Telegraph) August 13, 2015
De petites unités dispersées peu contrôlées
Une enquête a montré que l’absence de règles de sécurité élémentaires en était la cause. Les lignes de production étaient trop proches les unes des autres, il n’y avait pas d’équipement de ventilation et l’atelier n’était pas rangé conformément aux règlementations. L’entreprise touchée était un sous-traitant du plus gros producteur mondial de jantes en alu, lui-même sous-traitant de General Motors. L’usine devait théoriquement respecter des normes sanitaires et environnementales, mais en pratique, étant en bout de la chaîne d’approvisionnement, ses contractants avaient peu de visibilité.
Cette division du travail entre de gros commanditaires et de plus petites unités dispersées est une des causes de la forte mortalité au travail en Chine. «Ce n'est qu'une question de chance si cela n'est pas arrivé dans d'autres entreprises», admettait à l'époque un investisseur taïwanais interrogé par le site Caixin Online.
#ChinaonTwitter: #Tianjin blasts killed at least 44, including 12 firemen; weakening #yuan http://t.co/XU0h7cH85A pic.twitter.com/TfeLi4xdFQ
— China Xinhua News (@XHNews) August 13, 2015
Le point noir des mines de charbon
Mais c’est l’activité minière qui cause le plus de morts. Travailler dans une mine de charbon en Chine est même, selon un article documenté du site The World of Chinese, un des métiers les plus dangereux au monde. La catastrophe la plus emblématique est celle de Shanxi en septembre 2008: 281 pertes, dans un champ minier illégal, avec encore une fois une absence de mesures de sécurité comme cause principale du drame.
Mais si travailler est si dangereux en Chine, ce n’est pas uniquement en raison des risques industriels, des machines obsolètes, mal entretenues ou du manque de respect des réglementations. C'est aussi parce que les travailleurs subissent des conditions d'encadrement qui les mettent en danger physiquement et moralement.
Une discipline militaire
En 2013, c’est dans un élevage intensif de volaille qu’un feu prenait dans la ville de Dehui, déclenché par une fuite d’ammoniaque, tuant 119 personnes. La cause: les contremaîtres avaient pris l’habitude de fermer les portes de l’extérieur pendant les heures de travail pour que les ouvriers ne passent pas de temps hors de l’usine...
En 2010, 18 suicides de salariés de l’usine Foxconn, géant de l’assemblage des téléphones fournissant notamment Apple, Microsoft, Samsung et d'autres, suscitaient un émoi médiatique international. Les terribles conditions de travail à la discipline militaire alors révélées avaient jeté la lumière sur le prix réel à payer pour disposer de gadgets technologiques fréquemment renouvelés.
Selon le site The World of Chinese, les accidents au travail concernent d’ailleurs tous les secteurs de l’économie du pays, y compris ceux qui ne sont pas physiquement les plus exposés: 30 médecins et infirmières auraient été tués depuis 2011 par des patients mécontents des soins ou par leurs proches...