France / Économie

Nicolas Sarkozy banquier d'affaires

De la vente de la quatrième licence de téléphone mobile à celle d'une filiale d'Areva, l'Elysée décide.

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Il y a déjà la procédure, lancée début août par Matignon, d'appel à candidatures pour installer en France un quatrième opérateur de téléphone mobile sur laquelle Nicolas Sarkozy vient de jeter un sérieux doute. En lâchant devant quelques députés qu'il était «assez sceptique et réservé (...) car le prix le plus bas n'est pas forcément le meilleur», le président de la République a de facto laissé penser que l'offre du candidat favori, Free, n'était peut-être pas la bienvenue.

Il est un autre dossier, encore plus sensible sans doute, sur lequel on peut supposer que l'Elysée ne manquera pas d'intervenir: la mise en vente, au mieux offrant, de Transmission et Distribution (T&D), filiale d'Areva. Car à devoir choisir entre vendre la société à des intérêts américains ou la laisser démanteler par des concurrents français, avec le tohu-bohu social qu'on peut imaginer, difficile d'imaginer que l'Elysée laisse courir sans chercher à éviter et l'un et l'autre.

C'est vendredi 18 septembre qu'Anne Lauvergeon, la présidente d'Areva, a reçu les premières offres de rachat de sa filiale T&D que l'Etat l'oblige à vendre contre son gré pour renflouer Areva. Depuis quelques jours, la dirigeante du spécialiste français du nucléaire joue, comme il se doit, sa partition. Elle martèle sur tous les toits qu'elle ne vendra pas si les offres de rachat ne sont pas «assez attractives» rapportées aux 3 à 5 milliards d'euros qu'elle compte récupérer. Plus tôt dans l'été, elle avait également prévenu qu'elle ne vendrait pas T&D si cela conduisait au dépeçage de cette filiale.

Bref,  l'histoire de T&D est un peu comme celle d'un tableau ou d'une commode dans un château en province sur lequel la famille met une retenue de prix très élevée parce qu'elle ne veut pas le laisser partir.

Parmi les candidats qui se sont signalés depuis le début de l'été pour racheter T&D, figure le tandem d'industriels français, Alstom et Schneider qui proposent de récupérer l'entreprise et de se la partager, l'un, Alstom récupérant la haute tension, l'autre, Schneider, la basse et moyenne tension.

Face à eux, déterminé à déposer une offre globale, le géant américain General Electric, déja présent dans le nucléaire, s'est associé aux fonds anglo saxons Apollo et CVC Partners.

A coté de ce duo, l'Etat pouvait encore imaginer ces dernières semaines que d'autres offres émanant d'intérêts français, se dévoileraient pour lui offrir un fllet de sécurité  si jamais la proposition Alstom-Schneider venait à être recalée faute d'avoir offert un prix et des garanties sociales suffisants. Et si jamais, d'autres concurrents industriels (comme le japonais Toshiba) ou des fonds souverains chinois et indiens venaient affoler les enchères.

A cette fin, parmi les alliés sur lesquels semblait compter le gouvernement figurait le fonds d'investissement Axa Private Equity qui avait l'avantage d'offrir une caution française à l'opération tout en respectant les conditions de transparence de l'appel d'offres sur le fond, la forme et le prix.  Ce scénario est tombé à l'eau: Axa Private Equity a  jeté l'éponge et ne devait pas, à moins d'un coup de théatre, déposer d'offre, estimant les conditions non réunies.

Résultat des courses: entre le risque de voir Alstom et Schneider se faire recaler faute d'avoir voulu allonger la mise et l'hypothèse meurtrière dans l'opinion de paraître laisser filer une belle entreprise  stratégique sous contrôle américain, la voie pourrait être très étroite. A moins de voir l'Elysée forcer la main -et le porte-monnaie- des uns et aux autres pour rendre l'opération politiquement acceptable. Voire se résoudre à donner l'ordre au nouveau fonds souverain à la française, le FSI, de prendre un ticket aux cotés de General Electric ou d'un autre acquéreur étranger, pour garder un oeil sur la maison T&D. Maigre et bien peu efficace consolation. A moins, encore, d'annuler l'appel d'offres en attendant des conditions plus favorables. Mais cela reviendrait à laisser latent le problème financier d'Areva.

Philippe Reclus

Image de Une: Nicolas Sarkozy à la Sorbonne

 

 

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