Sciences

Les plantes sont intelligentes (et méritent même d’avoir des droits)

Les plantes se comportent de façon intelligente: certaines peuvent se déplacer, élaborer des stratégies contre les prédateurs, utiliser leur odorat... Le neurobiologiste Stefano Mancuso plaide pour une reconnaissance de leurs droits.

<a href="https://www.flickr.com/photos/mustangjoe/14675770684/">Un vieil arbre, près du palais impérial de Kyoto</a> | Joe deSousa via Flickr CC <a href="https://creativecommons.org/publicdomain/mark/1.0/">License by</a>
Un vieil arbre, près du palais impérial de Kyoto | Joe deSousa via Flickr CC License by

Temps de lecture: 2 minutes - Repéré sur The Guardian, France Culture

L'intelligence animale n'est plus à démontrer. Le chimpanzé est capable de fabriquer des outils et d'apprendre le langage des signes, l'éléphant a une excellente mémoire, les rats sont capables de résoudre des problèmes, les oiseaux communiquent avec le chant, les abeilles peuvent compter... Mais qu'en est-il des plantes?

Certes, les végétaux n'ont pas, eux, de cerveau. Mais cet organe n'est pas la seule garantie de l'intelligence, explique Stefano Mancuso, neurobiologiste et co-auteur de l'ouvrage Brilliant Green avec le journaliste Alessandro Viola:

«La conception que nous avons de l'intelligence –qui serait le produit du cerveau de la même façon que l'urine est le produit des reins– est une énorme simplification. Un cerveau, sans le corps, produit autant d'intelligence qu'une noix.»

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Les plantes sont-elles intelligentes?

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«Les plantes sont bonnes en résolution de problème»

Un point de vue radical, mais qui va dans le sens de celui de Darwin. Le père de la théorie de l'évolution a lui aussi étudié les plantes et découvert qu'elles pouvaient se mouvoir et réagir à des sensations. Il a également observé que l'extrémité des racines des plantes agit comme le ferait un cerveau. 

«L'intelligence est la capacité à résoudre des problèmes et les plantes sont incroyablement bonnes en résolution de problèmes», défend Stefano Mancuso. Avec une faculté de mouvement restreinte, les plantes doivent trouver de l'énergie, se reproduire et se protéger des prédateurs.

La conception que nous avons de l'intelligence –qui serait le produit du cerveau de la même façon que l'urine est le produit des reins– est une énorme simplification

Stefano Mancuso, neurobiologiste

Ainsi, certaines espèces se contentent de tourner leurs feuilles vers le soleil ou d'optimiser au maximum leurs racines pour capter de l'énergie, d'autres ont choisi une solution plus radicale: gober des insectes ou des rats.

Pour se reproduire, beaucoup de plantes ont mis au point des méthodes complexes pour attirer les insectes ou oiseaux pollinisateurs. Elles se parent de couleurs, de senteurs, produisent des substances sucrées... Et enfin, pour se protéger contre les herbivores, les plantes disposent d'une incroyable variétés de mécanismes de défense.

Le cerveau des plantes fonctionne comme Internet

Les végétaux disposent aussi de sens qui correspondent aux nôtres, et en ont même certains en plus: la capacité à mesurer l'humidité, à réagir à la pesanteur et à sentir les champs électromagnétiques.

Aujourd'hui, les scientifiques savent également que les plantes communiquent de multiples façons: par leurs odeurs, des signaux électriques ou des vibrations. Les peupliers peuvent par exemple envoyer des messages d'alerte à leurs voisins.

Alors, où se situe l'intelligence des plantes? À priori dans leurs racines, comme le soutenait Darwin. Mancuso a enregistré dans les radicules (les extrémités des racines) les mêmes signaux que ceux émis par les neurones de cerveaux animaux. Il compare ce système à Internet: la plante s'étend sur un réseau de millions de petites racines et, même si on lui arrache 90% de ce réseau, elle peut survivre et continuer à fonctionner.

La survie de l'humanité dépend des plantes

La sensibilité des plantes a été ignorée pendant longtemps. Les végétaux sont trop différents de nous. Ils peinent à intéresser le monde scientifique, qui en a recensé seulement 20.000 espèces, soit environ 10% à 50% du total, selon les estimations. 

Pourtant, ce désintérêt pour le règne végétal pourrait mettre l'humanité en péril. Les plantes représentent plus de 99% de la biomasse de la planète. Le monde animal –dont les fourmis, les baleines bleues et nous– pèse moins de 1%.

Et ce poumon vert de la planète est menacé par la déforestation, la pollution, le changement climatique. Pour Stefano Mancuso, l'importance de la conservation des plantes et la preuve de leur sensibilité doivent amener à considérer leurs droits:

«Selon moi, on ne peut plus repousser cette discussion sur le droit des plantes. Je sais que la première réaction, même chez les gens les plus ouverts, sera: “Oh, il exagère. Le droit des plantes? C'est insensé.” Le combat pour gagner un droit est toujours difficile, mais il est nécessaire. Donner des droits aux plantes est une manière d'empêcher notre extinction.»

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