Politique / France

Non, le FN n’aura pas à organiser un congrès «au stade de France»

La justice a tranché: le Front national devra bien organiser un congrès physique mais n’aura pas besoin pour cela de réunir un en seul et même lieu tous ses adhérents.

Marine Le Pen en mars 2015 | REUTERS/Pascal Rossignol.
Marine Le Pen en mars 2015 | REUTERS/Pascal Rossignol.

Temps de lecture: 2 minutes - Repéré sur BFM TV, Libération, Le Monde

La décision est tombée: le Front national devra bien organiser un congrès physique pour rénover ses statuts et supprimer la fonction de président d’honneur, comme le lui demande la cour d’appel de Versailles. Mais Marine Le Pen n’aura pas besoin du stade de France, comme elle l’indiquait (avec humour? dans un esprit de manipulation?) dans une interview à BFMTV:

«Mais enfin pardon, nous ne sommes pas au XIXe siècle et nous n'avons plus 7.000 adhérents. Nous en avons 51.500. Expliquez-moi comment je peux organiser un congrès physique avec 51.500 adhérents. Il faut que je loue le stade de France peut-être?»

Provocations du «patriarche»

Rappelons brièvement les faits: le Front national avait connu un mois tumultueux lorsque Jean-Marie Le Pen avait multiplié en avril les provocations à l’encontre de sa fille, réitérant sa position sur les chambres à gaz, «détail» de l'histoire , défendant le maréchal Pétain, ou s’estimant dans une interview à l'hebdomadaire d'extrême droite Rivarol «trahi par les siens». Réunis en bureau exécutif le 4 mai, les dirigeants du FN avaient suspendu le fondateur et décidé d’organiser une assemblée extraordinaire par voie postale pour «rénover les statuts» du parti et surtout, supprimer la fonction de président d’honneur.

Mais sur ces deux points, la justice a pour l’instant contrarié les ambitions du parti, obligeant d’abord le 2 juillet à «rétablir M. Jean-Marie Le Pen dans tous les droits attachés à sa qualité d'adhérent et le cas échéant à celle de président d'honneur», puis, le 8 juillet, alors que la consultation nationale était lancée et que près de 30.000 adhérents s'étaient exprimés (ils avaient jusqu’au 10 juillet), à annuler la consultation en cours. La bataille se jouait depuis en appel. La décision appelée n’a pas encore été rendue concernant le statut d’adhérent mais, pour la troisième fois dans cette histoire, la justice a donné raison au «patriarche», dans le volet «congrès» de cette histoire.

Des élections avec des délégués

À quoi oblige cette nouvelle décision de justice? Le Front national devra, selon le texte, organiser un congrès «physique». Le texte confirme l’ordonnance rendue par le juge des référés le 8 juillet, qui estimait que «le vote par correspondance n’est prévu, dans les statuts actuellement applicables, que dans le cadre des assemblées générales ordinaires».

Mais s’agit-il, comme semblait le signifier Marine Le Pen, de réunir tous les adhérents, soit plus de 51.000 personnes, dans un seul et même lieu? Non, pas forcément. Pour son congrès, le Front national pourra faire comme le font tous les partis: il pourra organiser des élections aux échelons locaux, ou des élections de délégués départementaux chargés de porter leur voix au congrès, comme l’expliquait à Libération l’avocat du Front national, Frédéric-Pierre Vos. Ce qui réduirait le nombre de participants à quelques milliers.

Un congrès avec 3.000 «mecs qui ont les moyens»

Marine Le Pen en a d’ailleurs parfaitement conscience, elle qui déclarait dans Le Monde ne pas arriver à se«résoudre à l’idée que l’on dise aux 30.000  personnes qui ont voté que l’on se fout de leur avis, et que ce seront les 3.000 mecs qui ont les moyens de venir au congrès qui décideront pour eux».

Pour l’instant, aucune date n’a été fixée, mais un tel congrès devra être réuni très vite, «dans les trois mois qui suivent sa convocation», selon Le Monde. Comme l’ont soufflé des dirigeants en privé, il pourrait se tenir à Marseille, en septembre, lors de l’université d’été du Front national.

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