Sciences / Société

Newton aurait-il pu vraiment passer à côté de la loi sur la gravitation à cause de son chien?

Une version de l’histoire affirme qu’un petit chien a fait brûler les travaux du grand scientifique Isaac Newton.

Un spitz nain, race du chien qui aurait potentiellement appartenu à Isaac Newton. <a href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Aidi_mai2009_lamieux.jpg">Petit Spitz Allemand</a> / Vindhyana via Wikimedia <a href="https://creativecommons.org/licenses/by/3.0/deed.en">License by</a>
Un spitz nain, race du chien qui aurait potentiellement appartenu à Isaac Newton. Petit Spitz Allemand / Vindhyana via Wikimedia License by

Temps de lecture: 2 minutes - Repéré sur The Dodo, Google Books

Dans un article publié en ligne, le site The Dodo relayait début juillet une histoire assez étonnante: le chien d’Isaac Newton aurait pu l’empêcher de découvrir la loi universelle de la gravitation.

En effet, certains écrits rapportent que Newton était l’heureux propriétaire d’un chien nommé Diamond, un spitz nain. Un jour, alors que le physicien s’était absenté d’une pièce, Diamond aurait heurté la table où se trouvaient de précieux documents appartenant à son maître. La bougie posée sur la table, sous le terrible effet de la gravité justement, serait alors tombée, réduisant à néant les découvertes qu’Isaac Newton avait mis plusieurs années à rassembler. Avant de devenir fou, et de mettre presque un an à tout recommencer, il aurait prononcé cette phrase restée célèbre dans le milieu scientifique:

«Oh, Diamond, Diamond, tu ne réalises pas le méfait que tu viens de commettre!» («Oh, Diamond, Diamond, little do you know the mischief you have done me!»)

Folie passagère

Dans les livres, les références à ce chien et sa maladresse sont multiples. Différents auteurs, du XIXe au XXIe siècle, ont repris l’anecdote, dont les versions varient parfois. Sur Google Books, les premières références apparaissent autour de 1770, plus de quarante ans après la mort du scientifique. En 1771, dans un recueil de poèmes, Thomas Maude cite cette histoire et la fameuse phrase en affirmant avoir un témoin vivant à l’époque. Par la suite, de nombreuses revues littéraires, ouvrages scientifiques et biographies vont évoquer Diamond et reprendre les propos de Thomas Maude.

Au XIXe siècle, Sir David Brewster, physicien écossais, écrit à son tour l’histoire dans The Life of Sir Isaac Newton (1831), en expliquant que l’incident a été «pendant plus de cent ans ignoré par ses propres compatriotes et a été remis en avant grâce à l’examen des manuscrits de [Christian] Huygens» qu’avait pu consulter le scientifique français Jean-Baptiste Biot. Cependant, si les notes de Huygens mentionnent bien un feu, des documents brûlés et une maladie mentale, à aucun moment Diamond se semble être évoqué. Sir Brewster notait déjà que Newton n’avait jamais mentionné l’incident, et penchait plus pour l’hypothèse de la folie passagère.

Rebelote en 1837, dans The French Revolution: A History, volume 1, énorme travail sur la Révolution française où l’historien Thomas Carlyle accole Diamond à son maître Newton quand il parle du lit de mort de Louis XV. 

Une gravure a même été réalisée à la fin du XIXe, diffusant encore un peu plus l’histoire de Diamond et de son malheureux maître. 

Gravure d'Isaac Newton et de l'incident, 1874, via Wikimedia Commons

Démystification

Il est évidemment impossible de vérifier la véracité de l’anecdote, plusieurs historiens remettent même en cause l’existence même de Diamond. Dans Isaac Newton: Eighteenth-century Perspectives (1999), l’historien britannique Alfred Ruper Hall tente de démystifier la figure de Diamond:

«Il n’y a pas plus de certitudes sur son existence que sur celle du chat de Newton: de façon certaine, Conduitt [l’époux de la nièce de Newton] s’est souvenu que Newton n’avait jamais eu d’animal de compagnie.»

Malgré tout, plusieurs auteurs continuent de mentionner cette mésaventure aujourd’hui encore. C’était le cas en 2003 dans l’ouvrage The Pawprints of History: Dogs in the Course of Human Events, où l’auteur Stanley Coren est allé jusqu’à décrire la personnalité de Diamond, «fougueuse et assez protectrice».

Une autre rumeur fait de Diamond un petit génie. Certains livres racontent qu’il aurait réussi à démontrer deux théorèmes en une matinée…

Au-delà de l’histoire de ce mystérieux chien, le public retient surtout l’histoire de la pomme tombée de l’arbre, grâce à laquelle Isaac Newton aurait eu le déclic lui permettant de comprendre la loi universelle de la gravitation. Pourtant, là encore, difficile de discerner le vrai du faux. Diamond (et sa maladresse) n’a donc pas fini d’alimenter la légende de son maître. 

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