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Les Américaines sont championnes du monde de foot, mais qui a gagné la compétition de croisement de bras?

Analyse d'un geste technique qui ne prend que deux secondes à effectuer, mais n’en requiert pas moins un timing précis.

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La Coupe du monde féminine de football 2015 a été des plus excitantes. Les spectateurs ont pu applaudir plus d’équipes qu’ils ne l’avaient jamais fait auparavant, grâce notamment à la présence de huit équipes qui y ont participé pour la première fois. Nous avons pu voir les meilleures joueuses du monde marquer des buts extraordinaires (avec notamment plusieurs triplés). Et une fois de plus, nous avons pu assister à de superbes démonstrations de quarts de tour vers la gauche accompagnés de croisements de bras.

Comme ce fut le cas pour leurs camarades masculins l’année dernière, le croisement de bras a été la figure imposée par laquelle les joueuses ont dû se présenter au milliard de téléspectateurs (c’est une estimation) qui les ont regardées à travers le monde. C’est ce croisement de bras qui fait qu’une joueuse a pu apparaître comme la meilleure copine du monde (comme l’Équatorienne Denise Pesantes) ou comme une fille en pleine conversation avec un macho (comme la Japonaise Saori Ariyoshi).

Le croisement de bras a beau être un geste qui prend littéralement deux secondes à effectuer, il n’en requiert pas moins un timing précis. Il ne faut pas grand-chose pour passer d’un croisement de bras trop rapide (comme celui de la Mexicaine Kenti Robles) à un croisement de bras trop lent (comme la Nigérianne Asisat Oshoala), voire beaucoup trop lent (comme la Camerounaise Raissa Feudjio).

Pour la Coupe du monde masculine, mon collègue Dan Kois avait écrit l’année dernière que «le premier point est de savoir où placer ses mains». La question a encore semblé se poser cette année. Les doigts en extension, qui apparaissent sous son triceps durant une seconde, nuisent à l’intégrité de la pose de la Canadienne Josée Bélanger. De même, en essayant de bien placer sa main sous son bras, l’Australienne Stephanie Catley fait bizarrement trembloter son bras, façon gélatine.

Un placement décidé et volontaire des mains et des doigts est donc primordial. Mais cela laisse encore une grande marge de manœuvre aux joueuses. Préférez-vous caler vos poings dans le pli du coude (comme la Canadienne Adriana Leon) ou les glisser sous vos aisselles, comme la Colombienne Angela Clavijo? Vous pouvez choisir de montrer tous vos doigts, comme l’Allemande Dzsenifer Marozsán, ou jouer le mystère: la Chinoise Tan Ruyin a-t-elle-même des doigts?!

Mais même en maîtrisant tous les aspects techniques (timing, placement des mains…), il reste la question de l’attitude. Voulez-vous croiser les bras de manière sympathique ou préférez-vous jouer les méchantes? La majorité des joueuses de cette année ont choisi de sourire, comme la Brésilienne Monica, qui rayonnait avec l’air satisfait d’une lycéenne qui vient de dissuader sa meilleure amie de prendre de la drogue lors d’une soirée. Mais la frontière est ténue entre le sourire confiant de Monica et le sourire forcé de sa coéquipière Luciana, qui semblait poser pour une photo d’école élémentaire.

Afin d’éviter d’envoyer des signaux ambigus, certaines joueuses avaient choisi de garder un visage neutre. Dans les meilleurs cas, les expressions sérieuses ont donné un air de confiance en soi et de compétence, parfois teinté d’une pointe d’intimidation, comme chez la Française Wendie Renard.

Mais cette tactique peut aussi donner des résultats malheureux, comme avec la Norvégienne Ingrid Moe Wold, qui ressemblait à un robot voulant imiter les humains, ou l’Américaine Hope Solo, qui avait carrément un air menaçant.

Pour être sincère, les croisements de bras malheureux ne sont pas tous imputables aux joueuses. Ainsi, la présentation de la capitaine anglaise Steph Houghton était surtout mémorable parce que la personne à la caméra n’avait visiblement pas su trouver l’angle le mieux adapté à sa taille.

Alors, quelles sont joueuses qui ont su le mieux échapper aux écueils de l’art délicat du quart de tour vers la gauche avec croisement de bras? Avec son croisement de bras pur et assuré, la capitaine américaine Abby Wambach a bien fait ressentir qu’elle était une habituée des compétitions internationales. Nouvelle venue, la Camerounaise Cathy Bou Ndjouh n'a laissé planer aucun doute sur son professionnalisme avec son croisement de bras à la fois puissant et posé.

Certaines joueuses ont montré par leur croisement de bras leur joie d’être à la Coupe du monde. C’est le cas de la capitaine hollandaise Mandy van den Berg, dont le sourire n’était pas sans trahir une certaine fierté d’être là, et de la défenseuse colombienne Nataly Arias, avec son sourire étincelant, digne d’une reine de beauté.

J’ai un faible personnel pour le croisement de bras bref et assuré de la Sud-Coréenne Ji Soyun, qui semblait tout droit sorti d’un film de superhéros des années 1950.

Mais le plus beau croisement de bras restera sans conteste celui de la capitaine de l’équipe du Costa Rica, Shirley Cruz, qui semblait nous dire «C’est stupide, vous le savez comme moi, mais, allez, quoi, c’est le plus grand évènement sportif féminin du monde. Faisons en sorte d’en profiter au mieux.» Shirley Cruz est la grande gagnante de ce mondial féminin du croisement de bras.

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