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La Coupe du monde de football féminine était une réussite (et il est encore temps d'en profiter)

Pourquoi je n'ai pas regretté de m'être retrouvé à regarder un Canada-Nouvelle-Zélande, à une heure du matin, en milieu de semaine.

Eugénie Le Sommer et les Françaises célèbrent leur victoire face au Mexique lors de la Coupe du monde, le 17 juin 2015. REUTERS/USA Today Sports.
Eugénie Le Sommer et les Françaises célèbrent leur victoire face au Mexique lors de la Coupe du monde, le 17 juin 2015. REUTERS/USA Today Sports.

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«Ce week-end, j'étais à un mariage, les gens suivaient le match sur leur tablette avec les cris et enthousiasmes habituellement réservés au foot masculin.»

Cette histoire rapportée par une journaliste de la rédaction de Slate est loin d'être anecdotique. Lors du quart de finale entre la France et l’Allemagne (1-1 a.p., 4-5 t.a.b.) disputé le 26 juin, W9 a connu son record d’audience historique avec 4,2 millions de personnes en moyenne pendant la rencontre, et un pic à 5,3 millions en milieu de seconde période.

Et comme beaucoup d'entre elles, je me suis pris au jeu. Je suis loin d'être un spécialiste du foot féminin. Je suis de loin les performances des clubs français, ou de l'équipe de France. Mais une Coupe du monde reste une Coupe du monde, et après celle exceptionnelle que l'on a connu en 2014, j'ai décidé de regarder autant de matchs que je le pouvais. Je me suis donc ainsi retrouvé à regarder un Canada-Nouvelle-Zélande, à une heure du matin, en milieu de semaine.

Et voici ce que j'en ai retenu.

1.Des stades vides...

A l’exception de quelques matchs –ceux du Canada, pays hôte, et des Etats-Unis principalement–, les tribunes des stades canadiens étaient bien vides lors de la plupart des matchs.

Et cela a continué jusqu’à la demi-finale entre l’Angleterre –tombeuse du Canada en quart de finale– et le Japon.

Pourtant, la Fifa annonçait des chiffres assez fous pour certains matchs, comme lors d’Australie-Nigéria. En fait, si les 32.716 places s’étaient bien vendues, c’est parce que les billets des deux premiers matchs du premier tour se vendaient par paire. Résultat, raconte Business Insider, le spectateur qui voulait voir Etats-Unis-Suède achetait également une place pour Australie-Nigéria, qui se tenait un peu plus tôt dans le même stade.

2.et des horaires compliqués...

Comme nous l’avions écrit dans un article en début de compétition, la Coupe du monde féminine est une vraie Coupe du monde.

En huitièmes de finale, on retrouvait sept nations européennes, deux d’Amérique du nord, deux d’Amérique du sud, trois Asiatiques, une d’Océanie et une africaine. La finale va se jouer entre les Etats-Unis et le Japon, deux nations qui ne sont jamais allées plus loin que les quarts de finale chez les hommes.

Alors forcément, on se concentre moins sur l’Europe, comme cela avait pu être le cas lors de la Coupe du monde masculine au Brésil, et les horaires des rencontres ne sont pas adaptés pour nous. La finale, par exemple, va se jouer à une heure du matin dans la nuit de dimanche à lundi.

Lors de la Coupe du monde 1994, aux Etats-Unis, la finale entre le Brésil et l'Italie s'était déroulée à midi et demi sur la côte Ouest, donc à 21 h 30 chez nous. Très peu de matchs s'étaient tenus au milieu de la nuit pour les Européens.

3.... mais une compétition emballante

Mais peu importe l’heure tant qu’on a ce que l’on voulait. Entre le 10-0 entre l’Allemagne et la Côte d’Ivoire, le 3-3 entre la Suède et le Nigéria, le match nul entre l’Allemagne et la Norvège, les deux démonstrations des Françaises, la surprise anglaise, cette Coupe du monde a été animée, vivante, accrochée. 

Sur les quatorze derniers matchs, dix se sont joués par moins d’un but d’écart.

La deuxième demi-finale s’est achevée sur un but contre son camp de l’Anglaise Laura Bassett dans les arrêts de jeu –et ce alors que l’Angleterre avait dominé la seconde période. Les images de la défenseure anglaise effondrée au coup de sifflet final ont été comparées à celle de Paul Gascoigne après l’élimination des Anglais face aux Allemands, lors de la Coupe du monde 1990.

Et dès le premier tour, on pouvait déjà remarquer un beau niveau de jeu, comme l'expliquait The Independent:

«Il n'y a pas que l'Allemagne qui a tapé dans l'œil des spectateurs. Et même s'il y a eu des matchs de qualité un peu moindre avec des mauvaises passes et des défenses un peu naïves, le développement continu du jeu féminin a été souligné par des buts de grande classe.»

On est plutôt d'accord:

CETTE. PASSE.

Slate.fr approves.

Alors, si certains continuent à trouver cette compétition chiante à mourir, il y a plusieurs solutions. Soit vous regardez cette vidéo de Seth Meyers et d’Amy Poehler réunis comme lors de leurs meilleurs jours. Les deux humoristes américains répondent à Andy Benoit, journaliste à Sports Illustrated, qui trouve que le foot féminin (et le sport féminin en général) ne valent pas le coup d'être regardés:

Soit vous lisez Amanda Marcotte sur Slate.com qui en a –elle aussi– marre de défendre le foot féminin:

«C’est la même histoire encore et encore. Un mec dit que le sport féminin, c’est nul, ceux qui aiment cela répondent, le mec sexiste part sur le fait que les femmes sont trop sur la défensive, et maintenant, on revient sur le dossier de l’égalité et si les femmes la méritent vraiment, au lieu de, vous savez, du match. […] Cela revient à se battre parce que l’on dit que ça fait du bien de prendre le soleil ou parce qu’on estime que les glaces, c’est bon.»

Autant vous dire qu’on attend avec impatience la finale, qui aura un goût de revanche pour les Américaines, battues en 2011 aux tirs au but, et qui n’ont pas remporté le titre de championnes du monde depuis 1999 et le tir au but de Brandi Chastain.

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