Monde / Société

La RFA a construit plus de 200 hôpitaux souterrains en cas d’attaque nucléaire

L’Allemagne de l'Ouest fit construire dans les années 1960 des «hôpitaux d'appoint» qui devaient faire barrage à la radioactivité.

<a href="https://www.flickr.com/photos/michaelwenzl/4140995271/in/album-72157622769036535/">Visite de l’hôpital souterrain de Gunzenhausen, le 28 novembre 2009</a> | Michael Wenzl via Flickr CC <a href="https://creativecommons.org/licenses/by-sa/2.0/">License by</a>
Visite de l’hôpital souterrain de Gunzenhausen, le 28 novembre 2009 | Michael Wenzl via Flickr CC License by

Temps de lecture: 2 minutes - Repéré sur Die Welt, Der Spiegel

La petite ville bavaroise de Gunzenhausen, située à une soixantaine de kilomètres au sud de Nuremberg, recèle un précieux témoignage historique de la paranoïa qui régnait du temps de la Guerre froide. À trois mètres sous terre, se trouve un prototype des «hôpitaux d'appoint» que fit construire l'Allemagne de l'Ouest dans les années 1960.

Environ 220 hôpitaux ont été aménagés dans des bunkers souterrains à travers le pays, dans le but de soigner malades et blessés en cas d'attaque nucléaire. La plupart d'entre eux ont été détruits ou murés à la Réunification. Celui de Gunzenhausen est le seul qu'on puisse aujourd'hui visiter, indique le quotidien Die Welt, qui s'est rendu sur place:

«Le bâtiment, qui a coûté 3,9 millions de marks, était totalement enterré. L'enveloppe de béton, d'une épaisseur de 60 centimètres et recouverte de plomb, devait faire barrage à la radioactivité.

 

[Le guide] montre le parcours d'un patient aux visiteurs: l'accueil dans le sas de décontamination pourvu de douches sous lesquelles on devait nettoyer les éventuelles radiations. Puis la salle de radiologie, la salle d'opération, la salle de réveil et les chambres.»

Bunkers

Construit en 1965, cet hôpital de 4.000 m2 devait pouvoir accueillir jusqu'à 400 patients. À l'exception des appareils de radiologie et du laboratoire, qui ont été envoyés en Amérique du Sud en 1996, tout le matériel d'époque a été conservé. On peut y voir les lits, les vêtements destinés aux médecins et aux patients, des instruments de chirurgie jamais déballés, des boîtes de conserves...

Car cet hôpital, comme tous les autres, n'a heureusement jamais utilisé. En tout cas pas comme le prévoyait ceux qui ont ordonné sa construction: en 1989, il a par exemple servi d'hébergement provisoire à des réfugiés de RDA.

L'Allemagne de l'Est n'avait d'ailleurs rien à envier aux bunkers ouest-allemands: dans les années 1970, elle lança un programme militaire baptisé «Komplex 5.000», qui consistait en un réseau de bunkers végétalisés destinés à l'armée en cas de crise.

Erich Honecker, le dirigeant de la RDA, disposait d'ailleurs de son propre abri anti-atomique à Prenden, au nord de Berlin, rappelait l'hebdomadaire Der Spiegel en 2008, année où la bâtisse fut ouverte pour la première fois et pour un bref laps de temps au public avant d'être scellée:

«Le bunker fait 49 mètres de large, 65 mètres de long et a une hauteur de 24 mètres. En cas d'attaque atomique, jusqu'à 400 personnes auraient pu survivre pendant deux semaines dans ses 170 pièces.»

Honecker n'y a passé en tout et pour tout que vingt minutes de sa vie, le jour où il l'a visité.

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