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Fifa: les États-Unis sont pionniers en matière d'anti-corruption depuis le Watergate

Le Département de la justice américain a une longue histoire de lutte contre la corruption.

<a href="http://commons.wikimedia.org/wiki/File:Artists-impressions-of-Lady-Justice,_%28statue_on_the_Old_Bailey,_London%29.png">Lady Justice, à Londres.</a> via Flickr CC <a href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/3.0/deed.en">License by</a>
Lady Justice, à Londres. via Flickr CC License by

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Le football ne constitue pas le premier sujet d'actualité sportive aux États-Unis. C'est pourtant le Département américain de la Justice qui se charge actuellement, avec la Suisse, de faire le ménage à la tête de la Fédération internationale de football. Plusieurs hauts responsables de la Fifa ont été arrêtés le 27 mai, à Zurich, pour des faits de corruption, de blanchissement d'argent et de fraude de l'ordre de 150 millions de dollars, supposément commis depuis les années 1990. Des demandes d'extradition vers les États-Unis sont en cours, quand bien même aucun des suspects n'est américain. 

Si géographiquement et historiquement, le centre de gravité du football est européen, les États-Unis sont quant à eux pionniers dans la lutte contre la corruption internationale. Le pays a légiféré sur la question en 1977 avec le Foreign Corrupt Practices Act (FCPA).

La loi s'impose dans le climat du Watergate, suite aux scandales de corruption qui éclaboussent le président Nixon et son administration. Le FCPA permet au Département de la Justice de poursuivre des étrangers pour des fraudes dès lors qu'ils ont un lien avec les États-Unis, même si l'infraction est commise en dehors du pays. Dans le cas de la Fifa, qui a des bureaux aux États-Unis, les investigations américaines se sont concentrées sur les activités douteuses liées à la Concacaf, la Confédération d'Amérique du Nord, d'Amérique centrale et des Caraïbes.

L'anti-corruption internationale délaissée

Jusqu'à la fin des années 1990, la loi sur la corruption internationale n'a pas été beaucoup utilisée, note le Washington Post. Mais le quotidien américain remarque que la situation a un peu changé: depuis 2008, le Département de la Justice a poursuivi 99 personnes. Ces dernières années, les amendes imposées aux entreprises s'élevaient, accumulées, à 1,566 million de dollars, soit plus de 1,4 million d'euros.

Stéphane Bonifassi, avocat français spécialisé dans les affaires de corruption et de fraude, confirme cette tendance américaine:

«Le Département de la Justice est proactif sur les questions de corruption internationale. Il n'attend pas que les affaires lui arrivent pour enquêter sur la criminalité économique. On le voit avec les affaires Alstom ou BNP.»

Avec le Foreign Corrupt Practices Act, les États-Unis ont pris un train d'avance: ce n'est qu'en 2000 que la France a signé la Convention de l'OCDE sur la corruption internationale. Pour Andy Spalding, professeur agrégé à l'Université de Richmond School of Law, interrogé par Al Jazeera, si les États-Unis sont à la manœuvre sur la question, c'est par la force des choses:

«La vrai question n'est pas de savoir pourquoi les États-Unis [sont en première ligne], mais plutôt pourquoi un autre pays ne l'est pas. Prendre l'initiative n'est pas optimal pour [eux], mais c'est indicatif d'un vide dans l'application des règles d'anti-corruption à l'international.»

Reste qu'en taclant la Fifa, les États-Unis règlent peut-être aussi des comptes. Après avoir retiré leur candidature en 2018, les Américains ont été recalés pour accueillir le Mondial en 2022, au profit du Qatar. Pour ne rien arranger à leurs yeux, la compétition n'aura pas lieu en été, pour raisons climatiques, mais en décembre, saison beaucoup plus chargée pour les principaux sports américains.

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