France

Attentat de Charlie Hebdo: Hollande a été «mené dans un espace suicidaire»

Le service d'ordre du président pointe des défaillances le 7 janvier 2015, jour de l’attentat contre Charlie Hebdo.

François Hollande lors de ses vœux au corps diplomatique, le 11 janvier 2013 | REUTERS/Philippe Wojazer
François Hollande lors de ses vœux au corps diplomatique, le 11 janvier 2013 | REUTERS/Philippe Wojazer

Temps de lecture: 2 minutes - Repéré sur Le Monde

Le président de la République est-il en sécurité? C’est la question posée par un article du Monde signé du grand reporter au service politique du journal, David Revault d'Allonnes, qui cite de multiples sources au sein du Groupe de sécurité et de protection de la présidence de la République (GSPR). On y apprend notamment qu’une balle a été tirée dans l’enceinte de l’Élysée le 10 avril dernier par l’un des hommes de ce corps d’élite, qui essayait de rattraper son arme alors qu’elle tombait à terre. Que la garde rapprochée de Hollande serait composée d’un fonctionnaire «porté sur la boisson» et d’un autre «mis de côté pour des problèmes psychologiques, à qui on avait retiré son arme». Et que la sécurité de Hollande était gravement défaillante le jour de l’attentat contre Charlie Hebdo, le 7 janvier dernier.

«On n’a même pas fait passer un chien. Nous avons amené le président dans un espace suicidaire», explique l’un des membres du GSPR. Et le journal du soir de s’interroger sur un «scénario à l’irakienne», où une deuxième bombe explose juste après la première. Car Hollande était sur les lieux mêmes de l’attentat, une heure environ seulement après la fusillade, advenue à 11h30 dans les locaux de l’hebdomadaire satirique. Il avait quitté l’Élysée à 12h20, rapportait l’AFP.

Prise de risque

Le président avait raconté  lui-même dans une interview au journal Society avoir pris la décision de se rendre sur les lieux après un coup de téléphone de son ami l’urgentiste Patrick Pelloux, par ailleurs collaborateur de Charlie Hebdo. «Patrick Pelloux avait une voix déchirée par les sanglots. Il disait: Ils sont morts, ils sont tous morts, viens vite. J’ai essayé de le faire parler, je lui ai demandé où il était et il me répétait: Ils sont morts, ils sont là, je les vois.J’ai compris que c’était grave. J’ai décidé de me rendre immédiatement sur les lieux une fois les précautions prises», se souvenait-il.

«Une fois les précautions prises», précise-t-il, car François Hollande sait sans doute très bien qu’il a pris des risques ce jour-là. Il ajoute d’ailleurs dans le même paragraphe:

«Les policiers travaillaient sur les lieux et il m’était déconseillé d’entrer dans le bâtiment. Je l’ai parfaitement compris.»

En danger

C’était un appareil photo. Mais si ç’avait été un fusil, c’était pareil

Un membre du GSPR

Hollande est conscient qu’une polémique sur sa sécurité est susceptible d’éclater. Il a déjà été sous le feu des critiques pour cela au moment de la révélation de sa liaison avec Julie Gayet par des clichés de l’hebdomadaire people Closer. À l’époque, on avait pointé du doigt le risque qu’il prenait en sortant quasiment seul avec son scooter pour aller rejoindre l'actrice, accompagné d’un seul garde du corps pour être plus discret. Mais le service de communication de l’Élysée avait réfuté que la sécurité du chef de l’État était en danger. Une version que contestent aujourd’hui dans Le Monde deux membres du GSPR «C’était très facile de l’arracher, de l’enlever», estime l’un de ces membres. «C’était un appareil photo. Mais si ç’avait été un fusil, c’était pareil», ajoute un autre.

En résumé, protéger totalement le président, seul à décider in fine de ses sorties, serait pour sa garde rapprochée un défi impossible. «Chirac n’était pas facile non plus, mais Hollande fait n’importe quoi. Il est assez difficile à sécuriser», estime d’ailleurs l’un de ces fonctionnaires. D’autant que la période serait aussi l’un des plus dangereuses pour un président français et qu’il serait peut-être «le président le plus menacé de la Ve République», selon un spécialiste interrogé par le quotidien. Pas de quoi jouer au «président normal».

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