Culture

Les articles à lire pour mieux comprendre la fin de «Mad Men»

Ou comment Don Draper a (peut-être) créé l'une des publicités les plus connues de tous les temps.

Temps de lecture: 3 minutes - Repéré sur The New York Times, Rolling Stone, Medium, Slate.com, Quartz

Cet article spoile le dernier épisode de Mad Men.

Mad Men, c'est fini. La série créée par Matthew Weiner s'est conclue aux Etats-Unis le 17 mai par un ultime épisode où Don Draper (Jon Hamm), en fuite de son travail de publicitaire, est frappé d'une épiphanie pendant une séance de méditation collective, avant-dernière scène immédiatement suivie de ce que Flavorwire qualifie de «plus grand succès de l'histoire de la pub»: le «Hilltop Commercial» diffusé par Coca-Cola en 1971, où un groupe de jeunes gens beaux et souriants chante en chœur «I'd Like To Buy The World A Coke».


Alors que plusieurs autres héros de la série semblent, dans les dernières minutes de l'épisode, s'acheminer vers une certaine réalisation sentimentale ou professionnelle, cet épilogue «à la Soprano, ouvert aux interprétations sans fin», selon Time, a bien sûr été copieusement analysé.

Dans une interview au New York Times, Jon Hamm en livre son interprétation:

«Mon analyse est qu'il se réveille dans ce bel endroit et a ce moment de sérénité et de compréhension où il réalise qui il est. Et ce qu'il est, c'est un homme de publicité. [...] Cela représente un moment de compréhension et de réconfort dans la vie incroyablement inquiète et inconfortable qu'il a menée. [...]

 

Il y a des gens qui disent: c'est tellement banal, c'est un truc de comédie romantique, ce genre de choses. Mais ce n'est pas la fin de tout. Le monde n'explose pas juste après cette publicité pour Coca-Cola. [...] Matt a dit, à un moment: "Je veux juste que mes personnages soient un peu plus heureux qu'ils ne l'étaient au début."»

Indices semés

Nos confrères de Slate.com, eux, ont interviewé Bill Backer, ancien directeur créatif de l'agence McCann-Erickson et à ce titre créateur de cette pub. Il raconte comment l'idée lui était venue alors qu'il était coincé à Londres, dans l'obligation de trouver une idée pour Coca:

Je me sentais juste comme si je venais d'entendre une voix

Bill Backer, créateur de la pub «I'd Like To Buy The World A Coke»

«Je devais parvenir à quelque chose. J'étais coincé dans un aéroport. J'avais loué un studio, payé des acteurs et des producteurs. J'ai regardé autour de moi et des gens étaient assis en train de boire un Coca.

 

J'ai alors écrit ceci sur le dos d'une serviette: Je dois apprendre au monde à chanter. J'aimerais acheter un Coca au monde et le remplir d'amour. Je me sentais juste comme si je venais d'entendre une voix venant de quelque part dire: Je voudrais être capable de faire ceci pour le monde entier.»

Le site Quartz s'est lui livré à une dissection plan par plan des dernières scènes, remarquant notamment que Don Draper y tourne le dos à l'océan Pacifique pour regarder vers New York, là où se trouve son bureau de publicitaire, et recensant les indices semés dans les précédents épisodes. (Indices qui avaient d'ailleurs, comme le relève Medium, fait dire à plusieurs journalistes avant ce series finale que Don était le créateur de la pub Coke. Avant même le début de la dernière saison, une journaliste du site Ebony pointait aussi que, si elle voulait vivre avec son temps, Mad Men pourrait glisser une allusion à Roquel «Billy» Davis, musicien noir qui allait composer... la chanson de la pub Coca-Cola.)

Création ou fantasme?

Reste un mystère: Don Draper est-il le créateur de cette pub Coca-Cola ou la fantasme-t-il juste, laissant, de manière quasiment télépathique, l'un de ses élèves (probablement Peggy Olson) «recevoir» son inspiration? Le Huffington Post relève que «Matt Weiner a assuré qu'on lui demanderait probablement lors de chaque interview pendant dix ans si Don avait ou non créé cette publicité» (Slate.com, par ailleurs, avance des arguments assez convaincants pour dire que c'est le cas).

Intelligence de la scène finale

Pour Flavorwire, en tout cas, l'essentiel est ailleurs:

«L'idée, c'est qu'il symbolise la publicité (et le rêve américain, qui se réduit en gros à la même chose) dans sa forme la plus pure. Oui, c'est artificiel par définition, de la propagande visant à vous faire acheter des biens et des services dont vous n'avez probablement pas besoin. Mais les meilleures publicités fonctionnent car elles reflètent honnêtement le besoin humain d'accomplissement total; et elles reconnaissent le fait que cela n'est pas vraiment possible. Une publicité de génie est un moment de tragédie humaine.»

En tout cas, si vous êtes fan ou non de Mad Men, ne manquez pas de lire l'analyse que livre du final de «sa série préférée de tous les temps» le brillant journaliste et écrivain américain Rob Sheffield sur Rolling Stone. Il estime que ce final «craint», mais qu'un final est fait pour ça, et que l'avant-dernier épisode constituait la vraie fin. Et vante néanmoins l'«intelligence» de la scène finale:

«Son désir de transformer cette scène hippie en pub pour Coca-Cola n'est pas une trahison cynique; il s'agit simplement de lui traduisant cette scène dans sa propre langue.»

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