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En Allemagne, le 8 mai est un jour comme les autres

François Hollande lors de la commémoration des 70ans de la victoire contre l'Allemagne nazie, à Paris, le 8 mai 2015. REUTERS/Philippe Wojazer
François Hollande lors de la commémoration des 70ans de la victoire contre l'Allemagne nazie, à Paris, le 8 mai 2015. REUTERS/Philippe Wojazer

Temps de lecture: 2 minutes - Repéré sur Der Tagesspiegel, Berliner Zeitung, Bpb, Deutscher Bundestag

Alors qu'en France, le 8 mai est un jour férié lors duquel on commémore la victoire des alliés et la fin de la Seconde guerre mondiale, c'est un jour comme les autres en Allemagne. Seul le Land est-allemand du Mecklembourg-Poméranie-Occidentale reconnaît depuis 2002 le caractère mémoriel de cette journée, sans que celle-ci soit pour autant chômée.

À l'occasion du 70ème anniversaire de la chute du nazisme, des élus de l'opposition de la Chambre des députés de Berlin ont demandé cette semaine à ce que la capitale allemande, ancien centre du pouvoir nazi, suive à son tour cet exemple, rapporte le quotidien berlinois Der Tagesspiegel. Dans la requête présentée conjointement par le parti de gauche radicale Die Linke, le parti écologiste Les Verts –Alliance 90 et le parti Pirate, les députés signataires font un rapprochement entre cette célébration et la situation actuelle des demandeurs d'asile en Allemagne, dont le nombre a doublé cette année:

«Nous voulons souligner que nous sommes reconnaissants envers les alliés d'avoir libéré notre ville du national-socialisme. Nous voulons montrer qu'il n'y a aujourd'hui pas de place à Berlin pour la haine et la violence et expliquer pourquoi nous avons un sentiment d'obligation vis-à-vis de ceux qui aujourd'hui cherchent protection chez nous face à la guerre et aux expulsions.»

Cette proposition a reçu un accueil mitigé au sein des deux partis majoritaires de la Chambre des députés de Berlin, le SPD et la CDU, rapporte la Berliner Zeitung. Si le maire de Berlin, le social-démocrate Michael Müller, a salué cette inititiative comme «un signal fort pour commémorer dignement cette séquence historique», le chrétien démocrate Andreas Gram, vice-président de l'institution, a lui estimé que cette démarche n'était pas nécessaire, arguant que la journée commérative du 27 janvier, date anniversaire de la libération du camp de concentration d'Auschwitz, remplissait déjà ce rôle. Selon lui, cette date du 8 mai ne peut d'ailleurs être retenue pour symboliser la libération du peuple allemand de la dictature nazie, étant donné qu'une partie des citoyens ont ensuite «dû vivre sous la tyrannie communiste».

En ex-RDA, justement, le 8 mai a été célébré entre 1950 et 1966 comme «jour de la libération du peuple allemand du fascisme hitlérien», rappelle le site du Centre fédéral pour l'éducation politique, alors qu'en Allemagne de l'Ouest, cette date a longtemps été associée à la défaite et à la honte. Il faudra attendre le 8 mai 1985 et un discours tenu par le président fédéral de l'époque, Richard Weizsäcker, pour que cette date prenne officiellement une teneur positive et ne renvoie plus à «la capitulation et la défaite, mais [à] la libération de la guerre et de la dictature nazie».

Dans l'Est de l'Allemagne, le caractère mémoriel du 8 mai semble en tout cas aujourd'hui encore poser moins de problèmes qu'à l'Ouest: ces jours-ci, les Länder du Brandebourg et de la Thuringe ont tous les deux ajouté cette date à leur calendrier des journées commémoratives. Et à la demande du parti de gauche radicale Die Linke, très ancré dans les Länder de l'Est, cette proposition est également discutée aujourd'hui au Bundestag.

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