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«Le chocolat est un humanisme»

C'est ce que défend le sociologue Serge Guérin dans son dernier ouvrage sur le chocolat.

<a href="https://www.flickr.com/photos/evert-jan/2890191658">Chocolat Bonnat. Bloom</a>/ Everjean via Flickr CC<a href="http://creativecommons.org/licenses/by/2.0/deed.fr">Licence By</a>
Chocolat Bonnat. Bloom/ Everjean via Flickr CCLicence By

Temps de lecture: 2 minutes

Serge Guérin préfère largement un bon chocolat chaud à un verre de bordeaux, un Cacolac bien frais à une bière pour l'apéro. Pour lui, le chocolat, c’est plein de choses qui vont bien plus loin que le plaisir gustatif: un phénomène de société, une valeur de recours ou une expérience humaine. Et aussi «un humanisme joyeux et convivial». Ce sociologue et professeur à l’ESG-Management School écrit que le goût du chocolat est «une fraternité joyeuse, une conscience de la société de réciprocité, une pratique de la théorie du care».

Dans son ouvrage Eloge (politique) du chocolat (Lemieux Editeur), publié au début de l’année, Serge Guérin –très, très grand adorateur de la chose, parfois jusqu’à l’envolée un peu lyrique– loue la simplicité, l’élégance, la poésie du cacao. Et donc aussi sa capacité à créer des liens, car «le chocolat est une politique du don et de l’échange».

Construit en courts chapitres autour de mots-clés du chocolat, par ordre alphabétique, l’essai cacaoté peut être aussi acerbe qu’élogieux et passionné. Acerbe quand il évoque par exemple le chocolat blanc, qui impliquerait deux manières de voir le monde et une «géopolitique du palais»:

«Je n’ai que mépris et indifférence pour ce qui concerne le chocolat blanc. S’il s’agit de s’enivrer de lait sucré, autant ouvrir une boîte de lait concentré sucré Nestlé. Là, au moins, la situation est franche. Personne pour faire croire à du chocolat, mais un produit qui affirme son parti pris sucré et sa forme liquide mais diablement épaisse.»

Pour l’auteur, les tablettes de chocolat blanc –qui contient en effet du beurre de cacao mais pas de cacao– représentent «l’uniformité de vies trop étriquées. C’est de la gastronomie pour congrès de notaires». Notons cependant que le fameux pâtissier Philippe Conticini vient de lancer sa gamme de chocolats blancs...

Serge Guérin en veut aussi aux réglementations européennes sur le chocolat ou encore aux restaurateurs qui confondent fondant et mi-cuit au chocolat.

Mais, en fan inconditionnel du cacao, il écrit aussi de brefs textes très passionnés et souvent érudits, sur la bouillie au chocolat de son enfance et son cérémoniel (M Le Magazine du Monde a même récupéré sa recette...), le Cacolac  les cacolacophiles forment «une confrérie discrète qui se reconnaissent sans un mot, sans un signe»– , l’éclair au chocolat bien réalisé, la mousse au chocolat qui «ne ment jamais» ou encore les belles pâtisseries, généreuses et surtout pas chichiteuses et minimalistes (parce que «le chocolat, c’est de l’érotisme, pas du contrôle de gestion»). Les croqueurs et admirateurs de chocolat apprécieront. 

Serge Guérin affirme même que le chocolat est le seul produit comparable au vin (on pourrait cependant lui opposer que le café ou le fromage pourraient tout à fait jouer dans la même cour):

«C’est un produit et un vecteur d’histoire. Il a été façonné au cours des siècles par l’intervention humaine, l’imagination et l’amour du produit bien fait. De ce point de vue, le chocolat est le seul aliment qui puisse se mesurer au vin, en termes de culture, d’histoire, de rapport culturel.»

Dans les chapitres élogieux, l’ouvrage évoque aussi joliment ceux qui créent des chocolats ou manient la matière première pour la transformer en pâtisseries, comme Vincent Dallet, Jacques Genin, Pierre Hermé ou Pierre Marcolini. Ceux qui fabriquent ce «liant social » aux «vertus 100% civiques» tant célébré dans cet ouvrage.

Eloge (politique) du chocolat 

Serge Guérin

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