Économie / Sciences

La compétition peut pousser des employés à moins bien travailler

Certains préfèrent saboter leur travail plutôt que de rentrer en concurrence avec leurs collègues.

<a href="https://flic.kr/p/9z7VDE">Course pour la St Patrick</a> par Ryan Knapp via Flickr CC <a href="https://creativecommons.org/licenses/by-sa/2.0/">licence by</a>
Course pour la St Patrick par Ryan Knapp via Flickr CC licence by

Temps de lecture: 2 minutes - Repéré sur Quartz, Lexpress

Classer les employés améliore-t-il leur productivité ? Cela dépend de la culture de l'entreprise et du type de management qu'elle utilise, répond une étude américaine parue le 14 avril dans le Social Science Research Network. Dans les entreprises où le groupe est plus important que l'individu, cette pratique peut être contre-productive.

L'expérience est la suivante: les chercheurs ont décidé de «noter» des routiers suivant leurs performances dans une entreprise ayant une culture individualiste, plutôt portée sur la compétition, et une entreprise où la culture du «lean» a été instaurée. Inspiré des techniques de management développées au Japon dans les usines de Toyota, le «lean» (maigre) vise à faire produire plus avec moins de moyens. Pour cela, il tente d'installer une logique de groupe où chaque personne est responsable des résultats du groupe et doit chercher collectivement à éviter de gaspiller le temps de travail, comme l'expliquait L'Express en 2011.

Résultat, dans une entreprise classique, noter les individus fonctionne plutôt bien. Les employés en compétition tentent de se démarquer de leurs collègues. Les conducteurs sont 5% plus efficients en termes d'économie d'essence, d'après Quartz.

Dans une entreprise ayant adopté le «lean management», les résultats sont négatifs, et ce, avant même qu'un système de notation soit réellement mis en place, explique Quartz. D'après le site, les routiers consomment plus d'essence (ils sont 10% moins efficaces par rapport à ce critère), roulent plus facilement au ralenti.

Une culture collective contre-productive

Pour les chercheurs, ces résultats sont dus à l'aspect «collectif» de la culture du lean instauré dans l'entreprise:

«Le passage d'une satisfaction due à un travail individuel à une satisfaction due au travail d'équipe entraîne une augmentation de l'importance de la référence au groupe, qui est dans ce cas [lean management] ce en quoi doivent croire les salariés.»

La référence au groupe, devant en théorie permettre à chacun de se dépasser, aurait l'effet inverse: conscient des risques de crisper les autres membres du groupe, les meilleurs conducteurs saboteraient leur travail afin de ne pas créer de tensions au sein du groupe. De ce fait, ils baisseraient leurs résultats avant même que la compétition soit lancée.

«Comme ils prennent plus conscience d'un esprit d'équipe, ils sont moins enclins à le détruire en se dépassant et en faisant se sentir mal leurs collègues», expliquent les chercheurs.

Souvent vu comme une nouvelle forme de travail à chaîne, dont les effets sur les employés  font débat en France, le lean management ne serait pas compatible avec les méthodes de notation. La détérioration des résultats avec cette méthode serait, selon les chercheurs, «bien plus signifiante que l'amélioration dans le cas des sites n'ayant pas de lean management».

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