Temps de lecture: 2 minutes - Repéré sur BBC, The Guardian
Depuis quelques temps, impossible de se balader dans les lieux touristiques de la capitale sans les voir se dresser au milieu de la foule. Les selfies sticks font désormais partie de notre quotidien, quitte à agacer de nombreux musées qui ont décidé de les interdire.
Et pourtant, comme le rappelle la BBC, le selfie stick a longtemps été considéré comme un chindogu, c’est-à-dire un objet «tellement peu nécessaire qu’il faisait partie du livre des inventions japonaises inutiles, tout comme les chaussons à poussière pour chats et la combinaison de bain pour hydrophobes (pour prendre un bain sans se mouiller).»
Mais qui a donc échoué à inventer un de ces fameux chindogu avec le selfie stick? La BBC nous raconte l’histoire de Hiroshi Ueda, employé dans les années 1980 par la compagnie d’appareils photos Minolta. Lors d’un voyage au musée du Louvre, il a demandé à un enfant de prendre une photo de sa femme et lui. Le petit chenapan s’est enfui avec l’appareil photo. De retour au Japon, il tente de trouver une solution à ce problème de confiance envers les passants quand il s’agit de prendre des photos. Le «stick extensible», un tripode équipé d’un miroir permettant de cadrer la photo, voit alors le jour. «La philosophie derrière tout ça était que je n’avais plus besoin de personne pour prendre une photo, je pouvais prendre des photos de moi quand je voulais et où je voulais», raconte-t-il à la BBC. Si prendre des photos de soi n’est pas très bien vu à cette époque au Japon, Minolta commercialise le stick extensible en 1983. Ce sera un échec, et Hiroshi Ueda restera convaincu que cet accessoire «est une invention de trois heures du matin», c’est-à-dire qu’il est arrivé trop tôt pour provoquer l’intérêt des consommateurs.
Vingt ans plus tard, au début des années 2000. Wayne Fromm, un inventeur de jouets et de gadgets canadien, a eu la même idée d’un bâton extensible lors d’un voyage en Europe. Sans pour autant avoir entendu parler de Hiroshi Ueda à l'époque. Il a raconté au Guardian avoir tenté de prendre une photo avec sa fille sur le très fréquenté Ponte Vecchio en Italie. De retour à Toronto, frustré par la piètre qualité de ses photos prises à bout de bras, il tente de créer un objet suffisamment stable et pratique qui permettrait à n’importe qui de se prendre en photo sans avoir à poser son appareil sur une surface stable ou à demander à des passants leur aide. En 2005, il présente le Quik Pod.
Mais cette année-là, comme le rappelle le Guardian, Twitter et YouTube n’existent pas, le selfie n’est pas encore devenu un réflexe. Son modèle est donc arrivé encore un peu trop tôt, et si les ventes seront satisfaisantes, le Quik Pod souffrira d’autres versions concurrentes qui égrèneront un peu partout dans le monde, et surtout en Asie. Il n’empêche, Wayne Fromm en est persuadé, il a bien inventé le selfie stick tel qu’on le connaît aujourd’hui:
«Si vous regardez les objets autour de vous, le chausse-pied, les lacets, il n’y a en aucun qui n’a pas eu de créateur au départ… S’il n’y avait pas eu mon travail au cours des 10 dernières années, le selfie stick n’existerait pas aujourd’hui.»