L'Allemagne sous le feu des critiques après la bavure de Kunduz

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Le malaise s'accroît dans l'opinion allemande selon le site web du quotidien «Der Spiegel», après un bombardement par l'aviation allemande qui aurait fait plus de 125 morts — dont de nombreux civils — vendredi, dans la région de Kunduz en Afghanistan.

Les premiers éléments d'enquête viennent contredire les déclarations du ministre de la Défense Franz Josef Jung, qui affirmait dimanche que seuls cinquante talibans auraient péri. Le jour même, un rapport de l'Otan, divulgué par le Washington Post, faisait état de 125 victimes, dont au moins une trentaine de civils. Revenant lundi sur ses propos, le ministre Jung a promis une enquête approfondie et a reconnu qu'au moins trente victimes seraient des civils. Le président Hamid Karzai s'est pour sa part indigné d'une attaque qu'il estime disproportionnée tandis que la frappe allemande a été saluée par le gouverneur afghan de la province bombardée.

En raison de l'histoire allemande, le contingent allemand suit des règles d'engagement plus strictes et contraignantes que les autres armées déployées en Afghanistan. Or, la décision de l'attaque de Kunduz aurait été prise sur la foi d'un unique informateur venant confirmer une photographie prise par un avion américain, selon l'agence de presse Assiociated Press. Il aurait conduit le commandement allemand à conclure unilatéralement qu'il s'agissait d'un regroupement d'insurgés autour des camions-citernes. Cette décision, et les dommages qui en résultent, vont à contrario des résolutions adoptées par les troupes de la coalition: transparence, concertation et réduction des pertes civiles.

Les dissensions se multiplient parmi les alliés, et le haut commandement allemand accuse les américains de désinformation, en autorisant un journaliste du Washington Post à suivre l'enquête en cours. L'Allemagne, qui commande régulièrement des opérations militaires impliquant des Américains dans cette région à risques, se voit à son tour reprocher des pertes civiles régulières et trop nombreuses.

Le ministre de la Défense allemand se trouve désormais particulièrement isolé dans un pays marqué par une culture résolument antimilitariste. L'opinion publique multiplie les pressions en vue d'un plan de retrait des 4.200 soldats d'ici 2015. L'attaque, d'ores et déjà présentée comme une bavure, tend à s'imposer comme l'un des points centraux de la campagne pour les élections fédérales, qui débuteront le 27 septembre prochain. Ni les Chrétiens démocrates d'Angela Merkel, ni la direction du SPD ne sont pour l'instant clairement favorables à la mise en place d'un plan de retrait. La chancelière est à ce titre sortie de son silence afin de soutenir la mise en place de l'enquête. Cet épisode pourrait profiter dans les urnes à Die Linke (gauche radicale), la seule formation favorable à l'évacuation immédiate des troupes.

[Lire l'article complet sur Der Spiegel]

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Image de Une: photo Reuters/Shamil Zumatov
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