Monde / Économie

«Les super-riches sont des parasites»

Les mythes autour du 1% de la population la plus riche.

Spoon en 2008. REUTERS/ Ina Fassbender
Spoon en 2008. REUTERS/ Ina Fassbender

Temps de lecture: 3 minutes - Repéré sur Salon, New York Times

Le site de gauche américain Salon s’en prend violemment aux inégalités grandissantes dans la société américaine et aux mythes autour du 1% de la population la plus riche , les super-riches, qui «ne créent pas d’emplois et dont la richesse toujours plus grande ne profite pas aux autres». Salon publie des extraits d’un livre de Andrew Sayer publié aux Etats-Unis et titré «Why We Can’t Afford the Rich» (Pourquoi nous ne pouvons pas nous payer les riches).

Andrew Sayer s’en prend aux thèses de la droite et de l’extrême-droite américaine et commence par démolir le slogan du Tea Party: «When did you last get a job from a poor person?» (Quand avez-vous eu votre dernier emploi créé par un pauvre?). «Bien sûr, un pauvre ne crée pas d’emplois, mais cela ne signifie pas que les riches en créent comme s’ils avaient un pouvoir spécial pour transformer leurs gains en cadeaux sous forme d’emplois pour les autres». Andrew Sayer cite même le milliardaire américain Nick Hanauer qui déclarait avec honnêteté : «si c’était vrai que baisser les taxes pour les riches et plus de fortune pour les fortunés provoquaient des créations d’emplois, nous serions noyés aujourd'hui sous les emplois».

Pourquoi l’augmentation considérable du patrimoine des plus riches et des inégalités aux Etats-Unis depuis quatre décennies n’a pas conduit à une croissance sans précédent des emplois? Parce qu’en général les plus fortunés cherchent à le devenir encore plus et investissent leur argent sur les marchés financiers et dans les biens dits réels. Sur les marchés, ils parient sur l’évolution des taux d’intérêt ou sur l’amélioration des performances des entreprises qui ne se font pas en général en augmentant les coûts, mais en les baissant avec plus de technologie et moins d’emplois. La création d’emplois n’est de toute façon pas le but premier des investissements réalisés mais une conséquence éventuelle. Quand aux biens réels, il s’agit de plus en plus souvent d’immobilier ou d’art dont les valeurs s’envolent sans que cela se diffuse vraiment à l’économie.

«Les dernières décennies ont vu beaucoup de «croissances sans emplois» dans les économies développées. Au contraire des années 1950 et 1960, quand les riches contrôlaient un pourcentage beaucoup plus faible de la richesse qu’aujourd’hui, la croissance créait des emplois et entrainait des hausses de salaires» écrit Andrew Sayer.

Par définition, le comportement de consommation des super-riches est différent des autres. Ils consacrent une proportion plus faible de leurs revenus à acheter des biens et services et il vaudrait mieux pour la consommation que ces revenus soient plus équitablement répartis. «Quelqu’un qui gagne des centaines ou des milliers de fois plus que la personne moyenne ne va certainement acheter des centaines ou des milliers de voitures et de logements».

«Pour l’économie dans son ensemble, le nombre d’emplois dépend avant tout du niveau de la demande agrégée. Comme Nahauer le montre, les gens ordinaires crée des emplois simplement en dépensant leur argent. Le nombre d’emplois a de grandes chances d’augmenter quand les personnes et les entreprises dépensent plus… La crise actuelle de l’économie capitaliste tient beaucoup au fait que la demande agrégée stagne depuis des décennies dans de nombreuses économies développées. A la fois cause et conséquence de cela, il y a eu un transfert majeur des investissements dans les dernières 30-40 années des entreprises non-financières (qui produisent des biens et des services) vers des entreprises financières qui font de l’argent avec l’argent».  

Salon s’en prend aussi au fait que les super-riches se présentent la plupart du temps comme des entrepreneurs ce qu’ils ne sont pas. «Les rentiers ne se présentent pas comme rentiers et les capitalistes ne se présentent pas comme capitalistes, mais ils aiment se présenter comme des «entrepreneurs». Entreprendre c’est être innovant, déterminé, courageux, et montrer une capacité à prendre des initiatives et des risques pour transformer des idées en réalité… ». Ce que ne font pas la plupart des super-riches qui ne sont pas des entrepreneurs comme Steve Jobs, le fondateur d’Apple, Marck Zuckerberg le fondateur de Facebook  ou James Dyson qui a créé les aspirateurs qui portent son nom. Le Prix Nobel d’économie Paul Krugman a calculé que «très peu des 1% les plus riches ou même des 0,01% les plus riches ont construit leur fortune comme cela. Pour la plupart, il s’agit de dirigeants d’entreprises qu’ils n’ont pas créées. Ils détiennent beaucoup d’actions et de stock options de ces sociétés comme part de leur rémunération…». Diriger une grande entreprise revient ainsi aujourd’hui à faire fortune, presque automatiquement…

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