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En février, les températures moyennes à Sotchi, où se tiennent les Jeux olympiques d'Hiver 2014, oscillent entre 3°C et 10°C, ce qui avait entraîné des inquiétudes quant à la quantité et la qualité de la neige. De quoi dépend la qualité de la neige sur les pistes de ski?
Contrairement à une idée reçue assez répandue, ce ne sont ni la localisation ni l'altitude qui font la bonne neige, mais les conditions climatiques. Les propriétés physiques de la neige varient selon des facteurs comme l'altitude des nuages ou encore la température de l'air. La géographie influe quant à elle uniquement sur la fréquence à laquelle les conditions nécessaires à une neige de qualité sont réunies, et sur l'évolution du manteau neigeux.
Située en bord de mer Noire, Sotchi a un climat subtropical comparable à celui de la Floride, d'où les nombreuses critiques qui ont accompagné l'annonce de la tenue des JO d'hiver dans cette station balnéaire.
On a l'air d'insister mais franchement les JO hiver... #Sotchi2014 pic.twitter.com/Lo70mKg7V8
— Emmanuel Pionnier (@manupionnier) 12 Février 2014
Vancouver, dernière ville hôte, était plus éloignée de l'équateur que Sotchi, donc théoriquement plus froide à altitude égale. Cela ne l'avait pas empêchée de connaître des déboires concernant sa neige, qui était trop molle, trop mouillée ou en trop faible quantité.
Sotchi, Vancouver ou les stations des Alpes du Sud (Nice voulait organiser les Jeux d'hiver de 2018) dépendent beaucoup de la météo du littoral, ce qui rend leur enneigement chaotique et imprévisible. Il peut y tomber de grandes quantités de neige d'un seul coup, comme tout peut fondre en quelques jours, contrairement à des stations continentales comme celles des Alpes autrichiennes ou du Colorado, dont l'enneigement suit généralement un schéma de chutes régulières tout au long de la saison puis d'une fonte générale au printemps.
Mais dans les deux cas, le manteau neigeux n'est pas fondamentalement différent: on parle de manteau neigeux alpin pour les Alpes, le Colorado ou le Caucase, c'est-à-dire un manteau neigeux qui apparaît en montagne l'hiver pour fondre au printemps, contrairement aux glaciers et névés par exemple qui eux sont présents toute l'année.
Mais que la neige tombée soit bonne ou pas n'a en fait que peu d'importance pour les grandes compétitions. Pour préparer une piste avant une épreuve de ski de haut niveau, on la débarrasse généralement de sa neige naturelle pour la remplacer par de la neige de culture. Les cristaux qui composent cette dernière sont plus gros et forment une neige plus compacte qui s'abîme moins vite. C'est ce que recherchent les organisateurs: il faut que le dossard n°40 ait une piste aussi peu marquée que le n°3.
Comment obtenir une neige bien dure?
Pour arriver à ce résultat de neige très dure, la piste est soigneusement damée par des engins roulant à 1 ou 2 km/h (les dameuses sur les pistes publiques évoluent à quinze km/h). De l'eau peut être injectée dans la couche de neige pour la durcir encore.
On peut aussi se servir des canons à neige pour arroser la piste, voire d'une lance à incendie, selon la température et la surface à travailler. A chaque fois, la neige est ensuite damée pour la compacter encore.
Sur de petites surfaces, et à court terme car la réaction de refroidissement est passagère, la neige peut aussi être salée pour la durcir. Il y a quelques temps encore, la piste pouvait être entièrement traitée à l'aide de produits durcisseurs à base de sels, mais ceux-ci sont peu à peu abandonnés pour des raisons écologiques.
Quoi qu'il arrive, les organisateurs mettent généralement tout en œuvre pour avoir une neige à la hauteur de l'évènement. A Sotchi, l'organisation a stocké plusieurs centaines de milliers de mètres cubes de neige de l'hiver dernier pour faire face à toutes les éventualités. Et après une épreuve de descente, samedi dernier, il semble bien que, de l’avis des compétiteurs eux-mêmes, la neige soit excellente.
Alice Bru
L'explication remercie Samuel Morin, chercheur au Centre d'Etude de la Neige de Météo France, Yannick Favier, responsable du stade de slalom ESF de la Vallée de Méribel et Fabrice Mermet, technicien du groupe Coupe du Monde de ski alpin technique.
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