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Pourquoi envions-nous l'orgasme des cochons? Les gauchers sont-ils davantage intelligents? Quand il pleut, est-ce que les insectes meurent ou résistent? Vous vous êtes sans doute déjà posé ce genre de questions sans queue ni tête au détour d'une balade, sous la douche ou au cours d'une nuit sans sommeil. Chaque semaine, L'Explication répond à vos interrogations, des plus existentielles aux plus farfelues. Une question? Écrivez à [email protected].
Les chats sont des chasseurs infatigables de souris. Si vous n'avez jamais eu l'occasion de voir un félin en action, vous avez peut-être déjà reçu comme présent un rongeur à moitié mort, déposé à vos pieds par un matou bien intentionné. Rien de tout ça? Nul doute en revanche que vous êtes au fait de l'éternelle course-poursuite à laquelle se livrent Tom et Jerry depuis des lustres.
Quoi qu'il en soit, on le sait, les chats aiment les souris. Pourtant, si vous jetez un petit coup d'œil au rayon des aliments pour animaux domestiques d'un supermarché, impossible de trouver la moindre trace de pâtée en boîte «goût souris». Pas plus de succès non plus niveau croquettes: la saveur souris est inexistante. Comment expliquer un tel vide culinaire?
Le moins qu'on puisse dire, c'est que certains maîtres ne reculent devant aucune folie pour satisfaire leur matou adoré, entre jouets à gogo et pâtée dite «gourmet». Alors si une bonne petite bouillie saveur souris faisait plaisir à leur chat, nul doute qu'ils se précipiteraient pour l'acheter aussitôt. Vraiment?
Le goût souris: pas franchement appétissant
Il semblerait que ce soit en fait tout l'inverse. Car oui, des experts en marketing ont planché sur ce potentiel produit, rapporte France Info. Mais leurs conclusions n'ont pas franchement rassuré les acteurs du marché. Et pour cause: il y a surtout fort à parier que personne ne voudrait acheter de la nourriture ayant un tel goût.
Jusqu'à preuve du contraire, ce sont bel et bien les maîtres humains –et non les chats– qui mettent la main au portefeuille. Une fois face au rayon croquettes, c'est donc à eux que revient le pouvoir de choisir le repas du matou avant de passer à la caisse. Un choix qui est influencé par ce qu'ils imaginent être bon pour leurs animaux et, donc, indirectement, ce qu'ils pensent être bon pour eux-mêmes. Et qui parmi nous trouve les souris appétissantes? Personne.
Pour vendre des saveurs de croquettes, il faut donc avant tout convaincre le propriétaire du chat. Poulet, saumon, bœuf, thon: voilà des aliments rassurants que l'on sait comestibles, que l'on apprécie et qui, dans notre imaginaire, ne peuvent donc qu'être excellents pour le félin! En un rien de temps, on se retrouve avec des menus pour chats bardés des mêmes arguments marketing que pour les humains: des croquettes «minceur», «équilibrées» ou encore «vegans». En tout cas, cela reste toujours bien plus sexy qu'une pâtée à la souris, rongeur que l'on associe davantage aux égouts et aux maladies qu'à l'idée d'un festin gastronomique.
Frugal repas
Le point de vue anthropocentriste du propriétaire de chats est loin d'être le seul frein à la commercialisation de nourriture féline saveur souris. Les caractéristiques même du petit rongeur en font en réalité un bien piètre aliment.
La peau sur les os, les souris n'ont en effet vraiment rien à offrir comparé, par exemple, à un imposant bovin. Pas grand-chose à se mettre sous la dent. Économiquement, la souris présente également vraisemblablement plus d'inconvénients que de réels avantages.
Sans compter qu'à l'heure actuelle, les fabricants d'aliments pour chats ne traitent que les déchets d'abattoir et la viande d'animaux impropre à la consommation humaine. Or, pour ajouter la saveur souris dans les rayons, il faudrait élever ces rongeurs spécifiquement pour les manger avant de les abattre, ce qui est interdit dans presque tous les pays européens, ajoute le Berliner Morgenpost. De sacrés bâtons dans les roues.
Un dernier point n'est pas non plus à négliger: sommes-nous vraiment sûrs que les chats salivent rien qu'en pensant au goût que peuvent avoir les souris? Rien n'est moins sûr. Si le matou court après ces dernières, c'est plutôt parce qu'elles éveillent grandement son instinct de chasseur. Une chasse par plaisir, pour l'amusement. Pas forcément par attrait gustatif.
Les trophées que les chats rapportent parfois à leur maître en sont une preuve implacable. Une fois la souris morte ramenée au chaud à la maison, le chat préfère malgré tout revenir à ces fameuses croquettes goût saumon ou dinde, plutôt que de se délecter de son butin. Jerry peut donc souffler: ce n'est pas demain la veille qu'il finira en boîte.