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Chaque samedi, Louison se met dans la peau d'une personnalité qui a fait l'actu et imagine son journal de bord.
Lundi 16 novembre
Yes we Cannes.
Encore que, pour le Festival, ça ne va pas trop le faire cette année. Globalement on peut même dire que le monde du cinéma est au même niveau que le bilan de santé de l'ancien président français Valéry Giscard d'Estaing, hospitalisé hier à Tours. Cela dit, il est fort probable qu'il n'ait pas besoin de l'Obamacare, ou de ce qu'il en reste. Un passage de sa carte vitale dans le lecteur, une anecdote sur la princesse Diana que les infirmières n'entendront pas car elles n'ont pas dormi ce mois-ci, et à lui la perfusion de bons médicaments sans nanoparticules, exceptée celle de son nom.
Souhaitons-lui de ne pas trop en abuser, comme celle qui a failli devenir une de mes collègues il y a quelques années. Fort heureusement, l'année 2007 n'avait pas le même sens de l'humour que celle de 2020. Ségolène Royal, qui n'a visiblement pas pris ses gouttes depuis la dernière fois qu'elle a vu un ours polaire, a, en quelques phrases prononcées ce matin sur CNews, redonné vie au droit de blasphème, ou presque. That's what she said.
De toute évidence, il n'y a pas que les messes de rue en plein confinement qu'il va falloir surveiller de près, il y a aussi la lâcheté en politique, qui elle aussi peut s'avérer être très contagieuse.
Mardi 17 novembre
Yes we canapé.
Aujourd'hui paraît le premier volume de mes mémoires, Une terre promise. Pour marquer le coup comme il se doit, et alors que ce cher Donald en est toujours à rater ses tweets autant que ses parcours dix-huit trous pendant que mon bro Joe se retrousse déjà les manches de sa plus belle chemise de cow-boy pour se mettre à l'ouvrage, moi je vais sur France 2.
Évidemment, dit comme ça, ça manque peut-être un peu de panache, ou de Beyoncé ou des deux. Se faire interviewer par le journaliste qui corne les pages de chaque livre de Marc Levy, ça me change un peu de mon prix Nobel de la paix, mais vu la situation des libraires en France, je me suis dit qu'il était temps de faire preuve du même courage que mes ancêtres, débarquant sur une plage de Normandie un matin de juin 1944. La promo est une drôle de guerre.
L’entretien de Barack Obama sera diffusé en intégralité ce soir à 20H35 sur France 2. Dans ce premier extrait, il exprime son espoir après la victoire de Joe Biden face à Donald Trump. #ObamaF2
— franceinfo plus (@franceinfoplus) November 17, 2020
A revoir sur https://t.co/eaWIoGvlOj.
Demain sur franceinfo canal27. pic.twitter.com/nAYHIF9iNv
Les boulangeries en revanche, elles, souffrent moins de ce reconfinement-qui-n'est-pas-vraiment-un-confinement-puisqu'on-ne-déconfinera-pas-comme-pour-le-premier-confinement-c'est-pas-moi-qui-le-dis-c'est-Olivier-Véran, et je vais pouvoir aller acheter un gâteau d'anniversaire pour le Covid-1 qui souffle aujourd'hui sa première bougie. Encore que, je ne suis pas sûr que les bougies soient dans la liste des produits de première nécessité. Et puis souffler sur de la nourriture, c'est très 2016 finalement.
Mercredi 18 novembre
Yes we Kant.
Tel le philosophe allemand, nous pouvons, et je pense même nous devons critiquer, encore et encore la Raison et surtout les raisons qui poussent le ministre de l'Intérieur à tant vouloir ficher les un·es et flouter les autres. Hier, j'ai pu voir les images, de l'intervention, musclée comme un ancien gouverneur de Californie, de la police face au rassemblement de journalistes à Paris près de l'Assemblée nationale.
Entre son amour de la presse et son respect de la gent féminine, je me demande parfois si votre Gérald Darmanin n'est pas un cousin sans fond de teint de notre Donald national. Là où il a fallu plus de sept décennies au milliardaire le plus orange du monde pour maltraiter la presse, Gerry en est déjà à leur demander de s'accréditer auprès de l'État avant une manifestation, à un âge où mon successeur n'en était même pas à jouer les guest-stars dans Maman j'ai encore raté l'avion.
La bonne nouvelle, c'est qu'avec le lancement officiel de la 5G aujourd'hui, il sera beaucoup plus rapide de télécharger son attestation dérogatoire de liberté de travailler. Même Donnie n'aurait pas osé, et pourtant, God only knows à quel point il ose…
Jeudi 19 novembre
Yes we décante.
Même si, soyons honnêtes, avec le Beaujolais nouveau ce n'est pas franchement indispensable. Sauf pour gagner du temps avant de le boire. Si le vin est gustativement assez proche d'une bouteille de Fanta oubliée huit jours sur le tableau de bord d'une voiture en plein soleil, cela fait quand même du bien de retrouver un semblant de repères dans cette drôle d'année 2020. Et tant pis si ce minuscule retour à la normale donne des brûlures d'estomac. Ça ne sera jamais pire qu'une interview de Marlène Schiappa.
Ou qu'une conférence de presse de l'ancien maire de New York et actuel avocat du diable 45e président des États-Unis, Rudolph Giuliani. En découvrant les images de ce pantin désarticulé, la teinture de ses cheveux se faisant la belle à la faveur des nombreuses gouttes de sueur qui dévalaient ses tempes.
Vendredi 20 novembre
Yes we… mais quand?
Quand par exemple, pourra-t-on aller se faire vacciner? Nul ne sait précisément, mais une chose est sûre, on pourra acheter son sapin de Noël largement avant. Et peut-être même les décorations pour l'orner, car Jean Castex a annoncé aujourd'hui qu'une réouverture des commerces non-essentiels pourrait se faire dès le 28 novembre.
Quand ce même gouvernement apportera-t-il des preuves de sa volonté d'action dans la lutte contre les gaz à effet de serre? Grâce au Conseil d'État, la réponse à cette question est moins floue qu'un CRS à Tourcoing: d'ici trois mois, il devra rendre des comptes, c'est décidé.
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Si trois mois peuvent paraître court pour agir, cela peut aussi sembler très, très long, comme par exemple quand on essaye de se débarrasser d'un président battu, qui s'accroche à son fantasme de fraude comme une plaque de cholestérol à une artère cérébrale. Si l'on en croit ses avocats, le résultat de l'élection américaine a été manipulé par Hugo Chávez. Oui, le Hugo Chávez mort en 2013.
«Le réel c'est quand on se cogne», disait Jacques Lacan. Où ai-je mis ma batte de baseball?