Politique

À Marseille, la droite passe l'arme à gauche

[Épisode 8] Il aura fallu plus de neuf heures de conseil municipal pour qu'une femme, Michèle Rubirola, soit pour la première fois élue maire de la cité phocéenne.

Michèle Rubirola célèbre sa victoire à l'élection municipale de Marseille. | Guillaume Origoni
Michèle Rubirola célèbre sa victoire à l'élection municipale de Marseille. | Guillaume Origoni

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La déception est immense. Ce samedi 4 juillet 2020, aucun soldat soviétique n'est venu prendre possession des rues étroites bordant les rives du Vieux-Port. Les Chœurs de l'Armée rouge eux-mêmes, en tournée internationale, n'ont pas daigné réaliser un modeste détour par Marseille. Les nostalgiques de l'Union soviétique en auront pour leur grade. Malgré la victoire du Printemps marseillais et l'élection d'une femme, Michèle Rubirola, dans le fauteuil de maire, le célèbre MuCEM ne sera toujours pas affublé du nom de «Centre culturel Anatoli Lounatcharski».

En dépit de l'absence des frères russes, le triomphe accordé par la foule à Michèle Rubirola restera dans les annales. Après neuf heures d'un conseil municipal digne d'un thriller politique, il flotte sur Marseille comme un air de mai 1981.

«C'est extraordinaire», s'époumone, sans masque, Johnny-Renato. «Je suis un ancien clown. Mais ce jour, ce jour superbe, c'est l'instant citoyen le plus beau et le plus sérieux de toute ma life.» L'homme, assez grand, tente d'interpeller le cortège encerclant Michèle Rubirola. «Vous allez le faire! On va tous le faire.» Les représentants du Printemps marseillais, entourés de caméras et de micros, ignorent bien malgré eux les encouragements du solide Johnny-Renato. Qu'importe, l'individu hurle de plus belle, sort son téléphone portable et manque de le briser. «Michèle, regarde-moi! scande-t-il, j'ai la gauche dans le cœur!»

Une réelle pulsation traverse la chair et l'âme de la foule. Cette dernière, véritable chœur antique, paraît animée d'une vie intime. Les slogans fusent («Nous sommes tous les enfants de Marseille»), les masques s'arrachent, on s'embrasse et se postillonne au visage. Des notions élémentaires, telles que le propre et le sale, semblent ne plus exister. Nous voilà, dès lors, en présence d'une sorte de dimension sacrale. Le contact avec la victoire, aurait, dans ce cas, des vertus purificatrices...

Les partisan·es de Michèle Rubirola célèbrent sa victoire. | Guillaume Origoni

En matière de sacré, Géraldine avoue être une spécialiste. Vêtue de beige et de blanc, elle arbore un minuscule cristal de roche au niveau de la gorge. «Marseille est une cité saturée de magie», lance celle qui se définit comme une «écolo-terrestre». «J'attends cela depuis si longtemps! Vous savez, j'ai commencé à militer sur le plateau du Larzac! Et maintenant, regardez Marseille: ma ville de cœur est enfin dirigée par une femme! Il faut croire en la magie! Toujours, toujours!» Les yeux gris-vert de Géraldine sont nimbés de petites larmes. Sa voix, presque cassée, se perd au milieu des chants de victoire. Au-dessus d'elle, des drapeaux jaunes s'agitent dans le vent. Géraldine, émue, souhaite goûter pleinement ces minutes qu'elle estime être de nature «historique».

À défaut de sortilèges, la victoire de la gauche s'est construite au cours d'une semaine palpitante.

Des airs de drame melvillien

Au soir du premier tour, le Printemps marseillais n'est pas assuré de remporter l'élection. En cause, la défaite du candidat communiste dans les XVe et XVIe arrondissements. Sa concurrente, la sénatrice divers gauche Samia Ghali, rafle les huit sièges, qui au conseil municipal sont censés faire la différence. Les résultats s'imposent comme un douloureux casse-tête. Avec quarante-deux sièges en faveur du Printemps marseillais, trente-neuf pour la droite, trois au dissident LR Bruno Gilles, huit pour Samia Ghali et neuf pour le RN, le spectre d'une ville ingouvernable hante sombrement les consciences.

«Nous sommes passés par toutes les couleurs, relate Samir devant une bière. Aujourd'hui, l'ascenseur émotionnel est à son comble. Quand je regarde un match de foot, je ne tiens jamais devant les prolongations: faut que je sorte ou que je change de chaîne. Mais là, quelle horreur! Même Netflix n'aurait pas imaginé un truc pareil!» Militant associatif, Samir «a voulu venir devant l'hôtel de ville pour assister à la victoire de la gauche». L'homme, les tempes grisâtres, lance des «ola!» dès qu'un responsable politique sort de l'Espace Bargemon où se tient le conseil municipal. «Tu comprends mon soulagement, ajoute-t-il, nous avons cru en une alliance entre une certaine droite et Le RN. Marseille aurait été à feu et à sang.»

La rumeur d'un hold-up démocratique a parcouru l'ensemble de la ville. Le pire des scénarios fut, en effet, alimenté par les déclarations du leader RN, Stéphane Ravier. Dans un communiqué, en date du 2 juillet, le sénateur lepéniste appelait la droite à la formation «d'un pacte marseillais». Fraîchement battu dans son fief du XIII-XIVe arrondissement, le responsable d'extrême droite ne digère pas le retrait du candidat communiste Jérémy Bacchi. Ce dernier, premier secrétaire fédéral du PCF, a préféré s'effacer pour permettre au général Galtier, candidat LR, de remporter le secteur. «Vous avez une médaille communiste», lancera d'ailleurs Stéphane Ravier en rencontrant David Galtier. L'ancien militaire, le front droit, restera de marbre.

«Nous avons cru en une alliance entre une certaine droite et le RN. Marseille aurait été à feu et à sang.»
Samir, militant associatif

En dépit du geste de Jérémy Bacchi, les militant·es du Printemps marseillais n'accordent aucune confiance à la droite. Et si un arc brun-bleu, à la surprise générale, s'emparait du pouvoir? Après avoir redouté le débarquement des chars soviétiques, voici l'ombre des Panzer pointant leurs chenilles à l'entrée de la Canebière... Le psychodrame, intense, agite les derniers jours de campagne! Les chances de la gauche, plus que jamais, reposent sur l'attitude de Samia Ghali.

«Franchement, j'ai failli faire deux crises cardiaques! s'emporte Samir. Je n'imaginais pas Samia Ghali donnant ses voix à la droite. Ce sont ses adversaires. La droite marseillaise qui se soucie des jeunes de banlieue, perso, j'ai jamais vu ça!»

Le seul soutien que Samia Ghali affiche est cependant de taille. Le plus grand des acteurs français, Alain Delon, s'invite personnellement dans la campagne. Celui qui fut Jef Costello, Monsieur Klein ou encore Borsalino met son aura et son talent au service de la sénatrice divers gauche. La bataille pour le Vieux-Port prend ainsi des airs de drame melvillien. Tout est possible. Samia Ghali sera-t-elle aussi imprévisible et solitaire que le héros du Samouraï? L'angoisse monte. Les négociations avec le Printemps marseillais paraissent marquées par le sceau de l'échec.

Voilà pourquoi cette journée du 4 juillet gardera, pour celles et ceux qui l'ont vécue, comme une saveur particulière.

Actes de naissance

Dès 8 heures du matin, l'attroupement des sympathisant·es et militant·es du Printemps marseillais devant la mairie est très largement compact. Un orateur, environné d'une quinzaine de personnes, précise les raisons de ce rassemblement: «Les élus ne sont pas arrivés et les citoyens sont déjà là, clame-t-il sous un ciel très pur. Notre manifestation est pacifique. Nous voulons mettre une pression maximale sur les élus qui voudraient faire des alliances contre-nature: gauche avec droite, droite avec extrême droite. On vole aux Marseillais le résultat de dimanche!» Des murmures d'approbation surgissent de l'assistance.

Un homme en chemise rouge, le front dégarni, ôte et remet compulsivement ses lunettes rondes. Des expressions telles que «suffrage universel» ou «urgence sociale et écologique» parcourent la foule comme une onde. Plus loin, à même le sol, une jeune femme crée à la main une banderole. La nature de ce rassemblement matinal pourrait aisément se confondre avec un mouvement de classe moyenne. Une chorale, improvisée, scande des chansons à tue-tête. On y revisite «Let the sunshine» ou encore les classiques de Claude François.

Le champ lexical, gravitant autour du «soleil», du «printemps», de «l'espoir», de «l'air pur», laisse entrevoir combien le renouvellement idéologique est profond. Il n'est désormais plus question de lutte de classe, d'autogestion et de pouvoir ouvrier. Le terme «république», absent des discours, semble avoir perdu tout son sens. On parle au nom du peuple, de la planète et de son quartier. On veut végétaliser, ouvrir, démocratiser et mutualiser. Si les services publics conservent, aux yeux de tous et de toutes, leur importance, on préfère évoquer le partage ou la municipalisation. Les anciens logiciels sont morts. Et le XXe siècle avec eux.

C'est donc une foule nouvelle qui se dresse et acte sa naissance un 4 juillet. Malgré ses protestations pacifiques, la foule reste égale à elle-même. Animée par des réflexes archaïques, ses pulsions de mort demeurent intactes. Les élus de droite, très vite, en font sérieusement les frais. Ancien maire du IVe secteur de Marseille, Yves Moraine, non accompagné, est reconnu par un militant vêtu d'un tee-shirt noir. «Vilain! C'est toi le virus! rugit-il. Bâtard, il est là le bâtard, dégage, on ne veut plus de toi». À l'intérieur de l'hémicycle, l'élu LR dénoncera ce qu'il appelle «une séance sous tension». «Tout Marseille nous regarde, s'indignera-t-il, et même au-delà. Nous avons tous reçu des textos et des remarques. Nous avons été l'objet d'insultes et d'intimidations de la part de militants surchauffés.»

La violence s'exercera quelques minutes plus tard à l'encontre, cette fois, de l'ancienne maire du Ier secteur Sabine Bernasconi. Le visage crispé, la désormais conseillère municipale avance sous les insultes. Les badauds lui jettent de l'eau, lancent des doigts d'honneur et la traitent de «bourgeoise». Sabine Bernasconi, seule, devant l'entrée de l'Espace Bargemon, se retourne lentement. Elle sourit, nargue la foule et prend quelques photos. La haine est à son comble. La tension palpable. Tout, à présent, doit se jouer dans l'hémicycle.

À l'intérieur du sanctuaire, les rugissements de la foule sont toujours perceptibles. Son gémissement bat en rythme, tel un bruit sourd, formant parfois une sorte de lamentation. Chaque décision, chaque discours et chaque opération de vote est ainsi ponctuée de cris et de complaintes. Le poumon de Marseille respire. Son chœur antique vibre. Les élu·es, électrisé·es, composent alors le dernier acte d'une tragi-comédie.

Dans l'hémicycle. | Guillaume Origoni

Le premier coup de Trafalgar de cette pièce de théâtre est lancé par le RN. En début de séance, son représentant Stéphane Ravier demande bruyamment le micro. Devant le refus de la présidente de séance, l'élu s'obstine, peste et obtient finalement la parole. «Je sais que traditionnellement le vote se déroule sans discours. La loi, c'est la loi, mais la démocratie, c'est la démocratie. Or vous avez confisqué la démocratie! Nous ne présenterons pas de scrutateurs, nous ne présenterons pas de candidat et nous quittons l'hémicycle! Vous avez passé des nuits à vous promettre des postes de premier adjoint! Et bien nous vous laissons entre vous!»

La foule, dehors, en apprenant l'abstention du RN, est partagée entre sidération et soulagement. Non, les voix des ami·es de Stéphane Ravier n'iront pas alimenter la droite. Oui, une victoire, en creux, se dessine pour le Printemps marseillais. Le sort du scrutin reste cependant conditionné à un accord, in extremis, avec Samia Ghali.

«Une femme, une écologiste vient d'être élue maire de Marseille. Il s'agit d'une triple victoire.»
Nouriati Djambae, responsable écologiste

«J'ai eu la boule au ventre plusieurs heures, continue Samir. Tu imagines la droite sortir de la salle, élue, protégée par les flics, bras dessus, bras dessous avec Samia Ghali. C'est de la science-fiction! La famille de gauche devait se réunir. C'est une question, comment dire, de morale, quoi

Si la morale est personnelle, il n'est rien de plus complexe que les affaires de famille. Au terme de négociations aussi longues que tendues, Samia Ghali annonce, au seuil du second tour «retirer sa candidature et soutenir Madame Rubirola». Les dés sont jetés. La foule explose de joie. Les résultats du scrutin sont sans appel: Michèle Rubirola est élue première édile, avec le chiffre, symbolique à Marseille, de cinquante-et-une voix.

Une alliance avec la société civile

La passe d'armes entre responsables politiques n'est pourtant pas terminée. À la suite du discours de Stéphane Ravier dénonçant pêle-mêle «l'insécurité physique, sociale et identitaire, le chaos moral, les irrégularités» et les migrant·es qui selon lui vont submerger la ville, Samia Ghali formalise une demande d'ordre sanitaire: «Madame la présidente de séance, Monsieur Stéphane Ravier vient d'intervenir. Je souhaite que le micro soit désinfecté.» Hilarité générale. Un assistant se déplace et essuie l'appareil à l'aide d'un petit chiffon imbibé de gel hydroalcoolique. Les rires gonflent et montent telle une vague. Stéphane Ravier, énervé, fixe la sénatrice des quartiers nord: «Ainsi a parlé le FLN.» Ambiance.

Il aura donc fallu plus de neuf heures pour qu'une femme soit, pour la première fois, élue maire de la cité phocéenne. Sortie sous les bravos, la responsable écologiste Nouriati Djambae affiche un large sourire: «Je suis heureuse que la famille de gauche, écologiste et citoyenne soit enfin rassemblée, déclare-t-elle. C'est un moment d'espoir. Une femme, une écologiste vient d'être élue maire de Marseille. Il s'agit d'une triple victoire car elle a été épaulée par une autre femme, Samia Ghali, qui elle, représente les quartiers les plus populaires. Cette victoire, c'est aussi la réussite de la Méditerranée, de sa richesse et de sa diversité! Je suis fière du projet!» Le visage de Nouriati Djambae est saisi par l'émotion.

Samia Ghali répond aux journalistes. | Guillaume Origoni

Au sein de la foule, des militant·es l'interpellent et lui demandent des selfies. «Cette campagne a été très dure, poursuit-elle, on ne nous pardonnera pas d'avoir donné les clés de la ville aux Marseillais. Pour nous, Samia Ghali est une partenaire naturelle. Je n'ai jamais douté de ses convictions. Elle a défendu l'idée que Marseille doit se construire avec tout le monde, en particulier avec les oubliés. Nous allons travailler à l'unité de la ville, améliorer et bâtir les infrastructures nécessaires, au nord comme au sud de la cité phocéenne. Nous allons donner les moyens à tous et œuvrer de manière équitable.»

Une gauche inédite a-t-elle surgi, tout armée, du vaste creuset phocéen? L'une des forces du Printemps marseillais fut d'avoir compris le changement que la cité phocéenne, en plein XXIe siècle, était en train de vivre. Contrairement à sa réputation, Marseille voit son capital culturel croître. Une nouvelle catégorie sociale, plus jeune, plus cultivée, plus connectée et plus soucieuse de féminisme et d'écologie transforme peu à peu le corps de la ville. Le Printemps marseillais, dès le début, a su s'adresser à cette nouvelle couche urbaine, celle qui, précisément, habite le centre-ville et revendique un approfondissement des pratiques démocratiques.

Les mouvements politiques de gauche, finalement, ont réussi tant bien que mal à nouer une alliance avec la société civile. Les militant·es du Collectif du 5 novembre et des écoles de Marseille, les travailleurs sociaux, les professeures, les parents d'élèves, les associations, les syndicats ont nourri une dynamique, qui, peut-être, fera date dans l'union de la gauche. Dans cette perspective, la comparaison avec les communes perdues par cette même gauche, dans le département, demeure assez édifiante. Le cas de Gardanne est par exemple emblématique. Après quarante-trois ans de règne communiste, l'ancienne cité minière bascule à droite. La faute, peut-être, à une gauche désunie et peu encline, par idéologie, à s'adresser à la société civile.

La cité phocéenne ne se laisse apprivoiser par personne

Nouvellement élu conseiller municipal d'opposition, Jimmy Bessaih, membre non encarté du Collectif citoyen Gardanne Biver, ne mâche pas ses mots:

«Dans les années à venir, il faut que la gauche gardannaise imite le Printemps marseillais, assène-t-il. On ne peut plus se permettre de présenter deux voire trois candidatures. Cela bénéficiera forcément au maire sortant. Il faut que tout le monde mette de l'eau dans son vin, oublie le passé et soit en mesure de travailler sereinement. Cela passe aussi par un renouveau au niveau des élus. Nous allons continuer dans ce sens, en appelant toutes les forces de gauche à se rassembler pour constituer une opposition fiable. L'objectif est de présenter une liste de gauche unifiée pour les prochaines élections municipales.»

Et d'ajouter, rageur: «À Marseille, ils ont su mettre leurs différends de côté pour se concentrer sur les idées qui les rapprochent: l'écologie, la solidarité, le bien vivre ensemble. Et cela a fonctionné. À nous, à Gardanne, de proposer la même démarche.»

L'avenir dira si la gauche, à Marseille, aura su rompre avec les anciennes méthodes forgées au cours du XXe siècle. La tâche sera longue, ardue; la cité phocéenne, en soi, ne se laisse apprivoiser par personne.

À la fin de cette journée historique, le dénommé «Furax», rencontré il y a un an pour les besoins d'un article, fume devant le parking du MuCEM: «Alors mon prince, c'est qui qu'a gagné?» Le triomphe de la gauche laisse notre témoin perplexe. «De toute façon, il y aura toujours des saletés de chefs. Une autorité, quoi. Moi j'ai tout plaqué dans le nord parce que j'en avais ma claque du pouvoir. Obéir, t'as vu. J'ai dormi longtemps dans des bagnoles. Alors celui qui me donne des ordres, qu'il soit de gauche, du centre, du milieu ou de droite... Je vais te dire un truc mon prince, un seul truc: ma quête c'est de réunir assez de blé pour me barrer de Marseille. Je ne plie le genou devant personne. Sauf devant Dieu. Je veux retourner au Mont-Saint-Michel! J'ai envie de revoir l'Ange! Tu comprends, l'Ange! Il n'y a que ça de vrai. Tout est là. Tu es un Homme libre devant l'Ange! N'oublie jamais! L'Ange, mon Prince. L'Ange...»

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