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«Internet est un projet de la CIA»: Poutine trolle encore les Etats-Unis

Vladimir Poutine à Saint-Petersbourg le jeudi 24 avril 2014 | REUTERS/Michael Klimentyev/RIA Novosti/Kremlin
Vladimir Poutine à Saint-Petersbourg le jeudi 24 avril 2014 | REUTERS/Michael Klimentyev/RIA Novosti/Kremlin

Temps de lecture: 2 minutes - Repéré sur Associated Press

«Un projet de la CIA»: voilà comment Vladimir Poutine a défini Internet ce jeudi 24 avril, à l'occasion d'un forum des médias à Saint Petersboug, rapporte l'agence Associated Press (AP). Mieux, le réseau «continuerait à être développé comme tel» –comprenez par là, par et pour les espions.

Pour rappel, Internet n'est pas né dans les cuisines secrètes de la CIA. Son histoire est un poil moins excitante: Internet découle d'un effort collectif de scientifiques, notamment réunis au sein d'une agence du ministère de la Défense américain, la Darpa (Defense Advanced Research Projects Agency), aujourd'hui encore active dans le développement de projets aux allures futuristes –comme ces robots, par exemple.

C'est de là qu'est issu le fameux «Arpanet», du nom donné au réseau que l'on identifie souvent comme l'embryon d'Internet. Et si la filiation militaire de ce projet est souvent mise en avant, susceptible d'alimenter tout autant de fantasmes que les assertions de Poutine, elle ne serait en réalité que l'une des spécificités d'Arpanet. L'objectif était avant tout tourné vers des fins universitaires, comme le rappelle le livre sur les origines du réseau, Les Sorciers du Net.

Peu importe: troller les Etats-Unis sur le terrain numérique est l'un des passe-temps favoris de Vladimir Poutine. Il y a quelques jours, le leader russe s'est fait remarquer en répondant au cours d'un show télévisé qui lui était consacré, à une question du célèbre Edward Snowden, ancien consultant de la NSA qui a révélé la surveillance massive opérée par les Etats-Unis sur Internet. Réalisant ainsi un double pied de nez aux Etats-Unis, puisqu'il en a profité pour déclarer:

«Nous n'avons pas un système massif et incontrôlable d'interception.»

Une affirmation qui ne reflète pas la réalité du contrôle resserré qu'exerce la Russie sur son réseau: si oui, aucune surveillance n'est censée sortir du cadre légal, ce dernier n'est pour autant pas franchement une garantie de transparence et de liberté pour les citoyens, rappelions-nous alors.

A noter que Vladimir Poutine a profité de cette sortie pour réaffirmer que la Russie devait «se battre pour préserver ses intérêts en ligne», précise encore AP. Une petite phrase qui n'a rien d'anodin: elle intervient alors qu'un sommet sur la gouvernance de l'Internet, «NetMundial», se tient au Brésil. Une réunion motivée par le coup de gueule, l'an passé, de la présidente du Brésil Dilma Roussef à l'encontre des Etats-Unis et de sa politique de surveillance globale dont elle a elle-même fait les frais, rappelle ZDNet. Cette conférence a notamment pour objectif de reposer les bases d'une gouvernance d'Internet, aujourd'hui dominée par des institutions soumises à l'administration américaine.

S'il bénéficie aujourd'hui d'une résonnance particulière du fait des révélations Snowden, ce débat n'a rien de nouveau. Et est notamment porté de longue date par des pays tels que la Russie, ou la Chine. Des pays qui, loin de servir les intérêts d’une gouvernance réellement multiple et équilibrée, cherchent surtout à profiter d'une éventuelle redistribution des cartes sur Internet pour gagner du pouvoir sur les réseaux face aux Etats-Unis.

A.F.

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