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La Crimée, «zone grise» et vrai casse-tête pour les cartographes

<a href="http://commons.wikimedia.org/wiki/File:Crimea_map_fr.svg">Carte de la Crimée</a> / Tubezlob via Wikimedia Commons <a href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/3.0/deed.en">License By</a>
Carte de la Crimée / Tubezlob via Wikimedia Commons License By

Temps de lecture: 2 minutes - Repéré sur Washington Post, National Geographic

Depuis le 16 mars dernier et le référendum en Crimée, cette région de l’Est de l’Europe est devenue un véritable casse-tête, notamment pour les cartographes. Comment représenter la Crimée? Le Washington Post a étudié le cas de Google.

Pourquoi tant de difficultés? Car depuis plusieurs semaines maintenant, la Crimée, région autrefois ukrainienne, a été rattachée à la Russie. Le problème: nombre de pays occidentaux, et une majorité des membres de l’ONU, ne reconnaissent pas ce qu’ils dénoncent comme une «annexion».

La Crimée entre donc dans ce que l’on appelle une «zone grise». Des régions qui se caractérisent par l’«incertitude», explique Philippe Moreau Defarges, de l’Institut français des relations internationales (Ifri) dans un rapport intitulé «La gestion des zones grises»:

«Ces zones peuvent être qualifiées de "grises", car elles ne se trouvent ni dans le "blanc" d’une paix établie (frontières reconnues et acceptées, Etats stables, mécanismes de dialogue et/ou de coopération entre ces Etats), ni dans le "noir" de l’anarchie et de la guerre.»

Pour lui, «les cartes “officielles” ne les distinguent pas du reste de la planète», «ces zones sont faites d’Etats, avec des frontières –au moins sur le papier».

Les cartes «non officielles», elles en revanche, prennent en compte ces problématiques.

National Geographic, par exemple, a été très critiqué pour avoir soi-disant annoncé qu’ils retraceraient leurs cartes en incluant la Crimée en Russie. L’entreprise a démenti, et expliquait dans un article qu'elle attendait les résultats du vote parlementaire du 21 mars, qui a finalement finalisé le rattachement. Dans une déclaration officielle, elle justifiait sa démarche:

«La politique cartographique de National Geographic est de représenter du mieux que nous le pouvons la réalité précise […] [Les frontières] qui sont contestées reçoivent un traitement spécial: elles sont grisées, répertoriées comme “zones au statut spécial”, et sont accompagnées d’un texte explicatif»

Cependant, plus de quinze jours après le vote du Parlement russe, leur carte de la Crimée ne comporte pas ces précisions.

Cliquez sur la carte pour l'agrandir - Source: capture d'écran de National Geographic

National Geographic a déjà procédé ainsi pour d’autres zones grises, comme le Cachemire, ou encore la Bande de Gaza. Pour ces cartes, il précise que les «frontières sont revendiquées» par plusieurs pays.

Cliquez sur les cartes pour les agrandir - Source: National Geographic

Pour le moment, en revanche, pour Google Maps, la Crimée se situe toujours en Ukraine.

Capture d'écran Google Maps

Pour ces autres zones grises, Google, qui n’a pas souhaité répondre au Washington Post à ce sujet, a lui choisi de justement, ne pas choisir, comme l’explique le journal:

«Google est fort pour ces choses-là, et je suspecte qu’ils seront capable de contourner toute controverse.»

Le journal américain explique ensuite comment ce géant de l’Internet a par exemple dessiné deux frontières différentes pour la région controversée de l’Arunachal Pradesh, dont l’administration revient à l’inde mais qui est revendiquée par la Chine. Pour éviter toute polémique Google contente les deux pays en ne dessinant pas les mêmes frontières suivant que l’on se connecte sur Google.co.In (en Inde), ou Google.cn en Chine.

Cliquez sur les cartes pour les agrandir - Source: Google Maps via Washington Post

Cette question controversée de la Crimée n’a donc pas fini de faire parler d’elle. Les agences de presse rencontrent également des problèmes: où situer la Crimée? En Ukraine? En Russie? Ou comme l’AFP le 24 mars, ne pas le définir?

Capture d'écran du Courrier Picard

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